Quatre personnalités en osmose totale

par

Le Quatuor Arcanto à Bruxelles
Quatre personnalités, quatre parcours individuels riches et variés, quatre artistes qui mènent en parallèle une carrière de soliste et une activité de quartettiste, mais au final une osmose totale digne des ensembles les plus remarquables: voilà le premier constat que l'on peut faire à l'écoute du quatuor Arcanto. L'excellente altiste Tabea Zimmermann est bien connue déjà, notamment par ses réalisations discographiques nombreuses et remarquées. Il en est de même pour le violoncelliste Jean-Guihen Queyras qui a  enregistré un répertoire impressionnant, de Bach à Ligeti. Le quatuor existe depuis 2002 et a donné son premier concert en 2004. Depuis lors, chaque année le voit s'implanter un peu plus dans le paysage musical, au grand bénéfice des mélomanes. A la fois énergique, souple et pleine de délicatesse, la vision puissante et forte des musiciens dans le quatuor K. 464 de Mozart n'offrait rien de révolutionnaire mais séduisait par une immédiateté mêlée à un soin extrême apporté aux détails. Leur volonté de varier le discours en changeant les climats et les couleurs les conduisit plus d'une fois d'un classicisme de bon aloi à un expressionnisme un peu insolite mais convaincant. Mention spéciale pour le finale à l'allure martiale et quasi symphonique, pré-beethovénienne. L'ultime quatuor du maître de Bonn, l'opus 135, si remarquable par son écriture resserrée, si innovant et prémonitoire, nous déçut un peu par un léger manque d'intensité. On ressentit une sorte de timidité, ou tout au moins un trop grand souci de « propreté » quand on attendait davantage d'audace, de passion, de lyrisme, voire de folie. La Suite lyrique de Berg fut de loin le moment le plus fort du concert. Cette lecture presque didactique à force de se vouloir d'une absolue clarté aborda chacun des six mouvements avec une perception particulièrement juste et bienvenue. Très à l'aise cette fois, jusqu'aux moindres nuances de cette partition si riche tant en contenu qu'en émotion, les quatre artistes finirent ainsi sur une note des plus heureuses une fort belle soirée.
Bernard Postiau
Bruxelles, Conservatoire de Bruxelles, le 20 septembre 2012

 

 

 

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