Retour en 1986 à Moscou avec la dream team russe

par

Œuvres de Mozart, Saint-Saëns, Chostakovitch, Debussy, Ernst, Bazzini, Ysaÿe, Chausson, Brahms, Sarasate, Prokofiev, Rachmaninov, ScriabineMaxim Vengerov, violon – Irina Vinogradova, piano – Vadim Repin, violon – Evgeny Kissin, piano. 2019-DDD-CD1 45’37 CD2 77’37-Textes de présentation en russe et anglais-Melodia-MELCD1002611

Avec ce double disque, nous retournons en 1986, le 11 juin, dans la Grande salle du Conservatoire de Moscou. Véritable moment de fête, une ouverture de concours particulièrement inhabituelle. Trois jeunes artistes apparaissent l’un après l’autre sur scène : Vadim Repin, Maxim Vengerov et Evgeny Kissin. Les trois, d’une quinzaine d’années chacun, impressionnent l’audience à tel point qu’ils marqueront, par leur talent et leur génie, l’entièreté des épreuves en faisant de cette soirée l’évènement de la huitième édition. Un premier CD est entièrement consacré à Maxim Vengerov, accompagné attentivement par Irina Vinogradova. Le violon est déjà chantant, saisissant de maturité et de clarté, avec un jeu certes encore juvénile mais déjà tellement abouti et audacieux. La virtuosité écrasante du violoniste n’éclipse à aucun moment l’instinct musical. Dans un arrangement de Dmitri Tsyganov, les Dix Préludes de l’opus 34 de Chostakovitch sont pris à bras le corps par les deux artistes qui appuient volontairement les provocations musicales du compositeur, à l’inverse de la douceur du Prélude à l’après-midi d’un faune de Debussy. Un beau programme également pour Vadim Repin qui offre une « Ballade » (Sonate op. 27 n°3) d’Ysaÿe bouleversante de conduite. Avec le Poème de Chausson, c’est la rondeur qui prime et la juste expression. Le jeu de Repin saisit déjà par sa maturité et sa grandeur esthétique. Trois compositeurs russes pour Kissin qui démarre en force avec la Sonate n°6 de Prokofiev. C’est percutant est clair. Juste ce qu’il faut de pédale est une atmosphère résolument symphonique par une recherche constante de plans polyphoniques et de timbres. Les dynamiques sont saisissantes, l’exécution spontanée. Avec Rachmaninov, on oscille entre poésie et virtuosité alors que chez Scriabine, différents parfums permettent à la ligne de respirer délicatement, particulièrement pour l’étude qui n’est pas sans rappeler la fougue d’un Horowitz. Bien sûr, s’agissant d’un enregistrement live de 1986, quelques bruits parasites sont à déplorer ci-et-là, n’entachant aucunement le plaisir de l’écoute. 

Ayrton Desimpelaere

Son 8 – Livret 10 – Répertoire 10 – Interprétation 9 

 

 

Vos commentaires

Vous devriez utiliser le HTML:
<a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.