Rêver, Oser, Partager

par

Ronald Zollman

Les derniers mots du propos d’introduction du Directeur résonnent encore quand l’orchestre attaque les premières mesures de l’Ouverture La Consécration de la Maison de Beethoven, une œuvre trop peu jouée qui célèbre les miracles de l’art. "Pour rêver, il suffit d’un seul homme. Pour oser, il faut être plusieurs et enfin pour partager il faut être ensemble."

Ce soir, l’Orchestre Symphonique de l’IMEP et son public, venu en nombre, sont à nouveau réunis. Les effectifs sont au complet et portent à son meilleur niveau cette formation qui arrive à maturité. Au fil des années et des projets, elle a développé une identité véritable et singulière, une volonté de jouer, toujours, quels que soient le style ou la difficulté, alliés à l’enthousiasme et à la forte personnalité des étudiants qui la composent.
L’ambitieux programme de ce soir en est le meilleur témoin. Après l’Ouverture viendront le Concerto pour piano n°1 op.23 de Tchaïkovski et, en seconde partie, la Symphonie n°7 en la majeur op. 92 de Beethoven.
Aux côtés des jeunes musiciens, deux figures charismatiques : le chef Ronald Zollman, puits de science musicale, qui partage avec les étudiants ses compétences et son expérience avec une infinie générosité, et le pianiste Roberto Giordano, professeur à l’IMEP, 4e Prix au Concours Reine Elisabeth 2003 et virtuose de renommée internationale. Ensemble, de la manière la plus noble qui soit, ces deux maîtres mènent l’orchestre vers leurs hauteurs vertigineuses, considérant les étudiants non comme leurs élèves mais, véritablement, comme leurs collègues musiciens.
L’Ouverture, déjà, a fait crépiter l’énergie de la salle. Et quand arrive le pianiste, la concentration se fait encore plus dense.
Le concerto est majestueux. Roberto Giordano conquiert et séduit d’emblée tant l’assemblée que les musiciens. A la fois guerrier et poète, soliste et chambriste, souvent chanteur, toujours orateur, il s’adresse au public et à l’orchestre dans cette langue pianistique dont il connaît toutes les subtilités.
Ronald Zollman dévoile toute sa maîtrise et transcende chaque pupitre, modelant et ajustant les masses sonores avec une précision d’orfèvre. L’assistance est suspendue à ses gestes dans des instants de beauté si pure qu’au dernier accord, tout le monde est déjà debout.
Après la pause, la Septième débute comme un lever de soleil et l’orchestre s’éclaire de nouvelles couleurs, oscillant entre la sérénité la plus profonde et la joie la plus fervente. Les vents et les cordes rivalisent d’ardeur et de virtuosité et s’enfoncent dans l’œuvre au rythme des timbales en un cortège dionysiaque. L’allegretto, quasiment enchaîné, est d’une beauté déchirante mais sa gravité ne freine pas la fougue des jeunes artistes qui s’élancent dans le Scherzo à bride abattue. Le final est triomphant et la communion réelle entre l’orchestre et le public qui prolonge son ovation pendant de longues minutes, célébrant ceux qui donnent chaque jour un peu plus le meilleur d’eux-mêmes et qui ont partagé ce soir leur passion comme ils le feront à nouveau ce dimanche.
Ces étudiants qui demain, déjà, se remettront inlassablement au travail pour parvenir à l’excellence.
Marin Morest, reporter de l'IMEP
Namur, IMEP, le 7 mai 2016

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