Semiramis et Don Juan de Gluck à l’Opéra Comique  : musique et danse à l’unisson 

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En octobre 2024 le théâtre du Capitole (Toulouse) proposait une nouvelle production d’Iphigénie en Aulide, Semiramis et Don Juan de Gluck. Repris à l’Opéra Comique en mai, ce spectacle est un enchantement. Un article à quatre mains par Claire de Castellane et Maïa Koubi.

Iphigénie en Aulide

La première partie de ce spectacle a en quelque sorte posé le décor, musicalement du moins. Constituée de la suite d’orchestre tirée de l’opéra Iphigénie en Aulide, de Christoph Willibald Gluck, créé en 1774 à Vienne, elle a permis à Jordi Savall de réaffirmer, si besoin en était, toute la puissance de son talent. A croire que l’âge, sur certaines personnes, n’a pas de prise, puisque, du haut de ses 84 ans, c’est passablement voûté et ralenti que le chef catalan est venu s'asseoir à son pupitre. Mais sitôt les bras levés, un conduit musical enchanteur s’est dégagé de son orchestre, le Concert des Nations, uni comme un seul homme, à la fois précis et souple, comme traversé par un même courant électrique, joyeux et continu. Pourtant, on peine à trouver, dans l’économie des gestes du chef, la raison d’un tel résultat sonore et musical. Force est alors de constater que la transmission entre un chef et son orchestre se fait aussi par un travail de répétitions approfondi en amont et par une compréhension et une explication éclairée de la partition.

Ce courant musical précis et souple, joyeux et continu a servi de rampe de lancement à un déploiement chorégraphique de grande ampleur sur scène.

Sémiramis

Ce ballet pantomime créé en 1765 est désormais chorégraphié par Ángel Rodríguez. Dès le début, on comprend qu’il va jouer sur le son. En effet, les danseurs apparaissent dans le silence, qu’il brise de leur respiration à l’unisson. 

C’est ensuite une chorégraphie néoclassique bien pensée qui se dévoile avec de belles images comme celle des femmes debout sur le dos des hommes et qui avancent au ralenti. La danse joue sur l’espace (tantôt les danseurs se placent en deux colonnes,en cercle, en ligne ou en pointe) et les niveaux (parfois très près du sol, parfois en pleine élévation) pour suivre le rythme sostenuto de la musique. 

La coordination et la musicalité du groupe de danseur est sans faille, que ce soit lors des mouvements d’ensemble ou de canon. Les interprètes s’illustrent dans les duos, trio ou groupe, mais c’est Philippe Solano dont on retiendra le solo, énergique jusqu’au bout des doigts. 

La toile qui fait office de décor ou de couverture est très élégamment mise en scène par la lumière qui nous plonge dans certains détails et change notre regard. 

Don Juan 

Don Juan est chorégraphié par Edward Clug  qui montre de belles idées comme ces danseurs en arc de cercle jouant avec leurs poids pour incliner leurs corps, ou comme ces passages avec la jupe mise autour des bras, mais le décor vient rapidement obstruer la danse. 

En effet, 4 panneaux gris, composé d’un banc et de grillage, sont incessamment déplacés. Parfois cela crée de belles images comme celle du harem mais cela brouille aussi la vision de la danse pourtant prometteuse. La sculpture de cheval qui fait son entrée finit de transformer la danse en prétexte à la mise en valeur du décor.  

27 mai, Opéra Comique

Claire de Castellane et Maïa Koubi

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