Strauss, Mozart et Moussorgski avec l'ONL au « Sébasto »
Le vaste « Nouveau Siècle », résidence habituelle de l’Orchestre national de Lille étant en travaux pour une quinzaine de mois, la formation s’est mise en mode nomade le temps qu’il faudra. Pour son dernier concert de la saison l’orchestre a trouvé un chaleureux accueil au Théâtre Sébastopol autre lieu Lillois emblématique, construit dans l’urgence en 1903 suite à l’incendie du Théâtre Lequeux (précurseur de l’actuel opéra).
Considéré à l’époque comme provisoire le « Sébasto » très populaire dans le cœur des lillois et des nordistes a fait les beaux jours et les dimanches après-midi de l’opérette et continue vaillamment à offrir ses 1350 places aux mélomanes et amateurs de théâtre.
Pour ce concert d’un soir de juin 2025 c’est Richard Strauss qui ouvre le bal avec la Suite de valses n°1 de son opéra le Chevalier à la Rose, une belle façon en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire de s’immerger dans cette atmosphère Viennoise du 18eme siècle, fiévreuse, enivrante où le ridicule pompeux le dispute à la malice sensuelle et passionnée le tout sous la baguette singulièrement alerte et avisée du chef Belge invité David Reiland.
S’ensuivra le Double concerto pour flûte et harpe composé par Mozart lors d’un séjour Parisien en 1778 ; un délicat dialogue, ciselé, habilement mis en valeur par la maîtrise virtuose du flûtiste Clément Dufour et de la harpiste Anne Le Roy Petit, tous deux instrumentistes solos au sein de l’Orchestre national de Lille. Cerise sur le gâteau nos deux solistes ont interprété en bis une petite pépite de Jacques Ibert « entr’acte » aux pétillants accents hispaniques.
La seconde partie nous a conduits sur le chemin pittoresque des Tableaux d’une exposition de Modeste Moussorgski. Ces dix pièces pour piano du compositeur Russe en hommage et à partir de dessins et aquarelles de son compatriote et ami Viktor Hartmann sont mondialement connues et principalement jouées dans l’orchestration de Maurice Ravel.
En guide expérimenté, sachant prendre son temps, David Reiland a sublimé toute la richesse des pupitres de l’orchestre pour enrichir l’espace de cette surprenante palette sonore emmenant tout le public dans une déambulation rocambolesque ponctuée d’étranges stations, du cocasse ballet de poussins dans leur coque à la monumentale grande porte de Kiev en passant les catacombes de Paris, le marché de Limoges ou encore la maison de Baba Yaga, singulière cabane sur des pattes de poules. On en reste des images plein la tête.
Deux autres rendez-vous d’importance à partager avant les vacances, le Lille piano Festival des 13, 14 et 15 juin et « les nuits d’été » (les 8 et 9 juillet au Casino Barrière) avec les Sept péchés capitaux de Kurt Weill.
Lille, Théâtre Sébastopol, 5 juin 2025
Paul K’ros
Crédits photographiques : Crédit Déroute - Camille Graule