Hélène Grimaud en récital à Monte-Carlo
Hélène Grimaud revient à Monte-Carlo pour un récital réunissant Beethoven, Brahms et Bach dans un arrangement de Busoni.
Son attirance particulière pour le répertoire allemand reflète à merveille le choix des œuvres. La densité de son jeu s'accorde à merveille à ce programme germanique, à la fois monumental et fiévreux.
Le récital commence avec la Sonate n°30 op.109 de Beethoven. Grimaud joue ce chef-d'œuvre avec énergie, perfection et tendresse. Elle alterne les émotions qui passent de la sérénité au tumulte. Mais son interprétation n'a pas le feu auquel elle nous avait habitués dans le passé.
Brahms est un de ses compositeurs favoris. Sa version des Trois Intermezzi op.117 est de toute beauté. Un mélange de lyrisme doux-amer et de turbulences fulgurantes. Elle exécute les deux premiers mouvements avec une fluidité limpide, tandis que le final mystérieux se déroule avec une touche mélancolique, pleine de retenue et de grâce. Les voix sont époustouflantes dans l'ampleur de leur narration. C'est une interprétation profonde et émouvante.Après l'entracte elle donne une performance fascinante des Sept fantaisies op.116.
Un ton superbe, romantique, imaginatif et de bon goût. La dernière fantaisie "Capriccio" est en ré mineur… Hélène Grimaud enchaîne donc sans interruption avec la Chaconne de la Partita n°2 en ré mineur pour violon de Bach, dans l'arrangement de Busoni. C'est un morceau monumental, et le point culminant du récital.
"Sei solo – Je suis seul". Tel est le sous-titre de cette pièce. C'est ce que Bach a dû accepter à son retour de voyage et à l'annonce du décès de sa femme. Cette Chaconne reflète tous les sentiments qu'un être humain peut éprouver dans une telle situation : désespoir total, tristesse et rage. L'adaptation pour piano de cette pièce par Busoni est une œuvre d'art incroyable à part entière. L'interprétation d'Hélène Grimaud est magistrale. C'est l'événement rare de la rencontre de trois génies, créant un signe d'humanité éternelle.
Le récital se termine par le bis "signature" d'Hélène Grimaud, la douce et mélodieuse Bagatelle n° II du compositeur ukrainien Valentin Silvestrov.
Monte-Carlo, Auditorium Rainier III, 5 juin 2025
Crédits photographiques : Photos © Mat Hennek / DG