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Ce jeudi 13 février, le Luxembourg Philharmonic, dirigé par Sir John Eliot Gardiner, nous a proposé un programme envoûtant. Des chaudes nuits arabes aux froides aurores boréales finlandaises, ils nous ont emmenés dans un voyage palpitant et hors du temps. 

Pour débuter ce programme, nous avons pu entendre Le Corsaire, ouverture op.21 H 101B d’Hector Berlioz. Dans la lignée de l’ouverture du Carnaval Romain ou celle du Roi Lear, Le Corsaire est un chef-d’œuvre basé sur une des nombreuses inspirations littéraires du compositeur français. Œuvre bouillonnante d’activité, elle fut l’occasion d’observer l’unité présente dans les cordes de l’orchestre. Les nombreux traits virtuoses tutti furent interprétés avec une précision et une clarté sans faille. Dans le fond de l’orchestre, les cuivres ont également joué leur rôle à merveille, insufflant une puissance et une amplitude majestueuse à l’orchestre entier. C’est un public d’ores et déjà conquis qui a accueilli chaleureusement cette débauche d’énergie à couper le souffle. 

D’un compositeur français à un autre, changement radical d’atmosphère pour la deuxième pièce de la soirée, Shéhérazade de Maurice Ravel. Cette pièce est d’une douceur extrême et en complète opposition avec l’ouverture du concert, ce qui installe une atmosphère tout à fait particulière, le calme plat après la tempête. Pour interpréter cette œuvre, l’orchestre luxembourgeois fut rejoint par la soprane égyptienne Fatma Said. Dans une tenue brillante aux reflets d’or et d’argent, Fatma Said nous a envoûtés dès sa première intervention. Avec une diction très claire et un jeu théâtral très à propos, elle a rendu l’œuvre très lisible. Cette lisibilité fut également apportée par Sir John Eliot Gardiner qui maintint une balance parfaite entre l’orchestre et la chanteuse, mais aussi dans l’orchestre en lui-même. Chaque minuscule intervention perlée des harpes, chaque effet délicat à la percussion, chaque apparition timide d’un bois enchanteur fut parfaitement audible et dans une nuance réfléchie et maîtrisée. 

Pour le grand bonheur du public présent en nombre, la soprane nous a offert en bis l’œuvre Aatini Al Naya Wa Ghanni, en français Donne moi la flûte et chante. Composée par Najib Hankash, l’œuvre fut interprétée dans un arrangement orchestral très épuré, dans la lignée de Shéhérazade. Les passages les plus calmes, dans lesquels Fatma Said n’était plus accompagnée que par la harpe, furent d’une beauté à couper le souffle et des applaudissements nourris du public ponctuèrent ce bis très émouvant. 

En deuxième partie, nous avons pu entendre la Symphonie No. 5 en mi bémol majeur de Jean Sibelius. Fruit d’un long labeur et de plusieurs révisions parfois drastiques, c’est l’une des œuvres les plus abouties du maître finlandais, reconnaissable par ses 6 accords finaux tout aussi stupéfiants qu’énigmatiques. Naviguant avec aisance d’une atmosphère à l’autre, d’un paysage ouvert à un recoin plus reculé du pays, l’orchestre luxembourgeois nous a emmené en voyage à travers la Finlande grandiose et attirante que dépeint Sibelius. Les passages nous ayant procuré des frissons sont innombrables tant les musiciens furent brillamment guidés par Sir John Eliot Gardiner et ce sont de très longs applaudissements fournis qui ont ponctué cette belle soirée de voyage au pays des contes et légendes.

Philharmonie du Luxembourg, 13 février 2025.

Alex Quitin, Reporter de l’IMEP

Crédits photographiques :  Inês Rebelo de Andrade.

Pour Orfeo e Euridice de Gluck à Varsovie, un trio vocal touché par la grâce

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Christoph Wiilbald Gluck (1714-1787) : Orfeo e Euridice, action théâtrale en trois actes, version de Vienne de 1762. Jakub Józef Orlinski (Orfeo), Elsa Dreisig (Euridice), Fatma Said (Amore) ; Il Giardino d’Amore, direction Stefan Plewniak. 2023. Notice en anglais, en français et en allemand. Livret complet en Italien, sans traduction. 84’ 45’’. Erato 5054197897535. 

Fatma Said enchante à Bozar

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Y a-t-il trop de concerts à Bruxelles ? C’est la question qu’on pouvait se poser en voyant une salle correctement remplie, mais qui aurait dû être bondée pour accueillir l’une des plus séduisantes vocalistes de l’heure, Fatma Said. Qui plus est, la jeune soprano égyptienne avait amené dans ses bagages le pianiste attendu (en l’occurrence l’excellent Christoph Egger) mais celui-ci s’insérait dans l’excellent ensemble à géométrie variable Plattform K+K, fondé par le violoniste et membre de l’Orchestre philharmonique de Vienne Kirill Kobantschenko, avec à ses côtés un violoniste resté malheureusement anonyme (et remplaçant Petra Kovačič, autre membre de l’illustre orchestre et annoncée dans le programme), l’altiste Michael Strasser, le violoncelliste Florian Eggner ainsi que le contrebassiste Bartek Sikorski (lui aussi membre des Wiener Philharmoniker).

Après que ces six musiciens d’élite aient ouvert la soirée par une interprétation de grande classe et pleine d’esprit d’une Suite tirée du Chevalier à la Rose de Richard Strauss, ils allaient être rejoints par Fatma Said pour les rares Fünf Ophelia-Lieder, écrits par Brahms comme musique de scène pour une représentation en allemand de « Hamlet » à Prague.

Originalement écrit pour soprano et piano, il était proposé ici dans un bel arrangement pour voix et quatuor à cordes dû au compositeur Aribert Reimann. On sait à quel point Brahms s’intéressait à la musique du passé et ce bref cycle (il doit faire trois minutes) est délicieusement archaïsant et plus élisabéthain que nature. Quant à la voix de Fatma Said, elle est simplement superbe. Présentée comme soprano, elle offre un grave ferme ainsi qu’un medium fruité et charnu d’une couleur qui rappelle davantage une mezzo. Quant son aigu cristallin, il sonne avec une totale liberté, comme on allait pouvoir le constater dans la beau Violons dans le soir de Saint-Saëns où elle rivalisait avec les volutes dessinées au violon par Kirill Kobantschenko, le tout accompagné par le piano attentif de Christoph Eggner.