Mots-clé : Joel Prieto

Incandescence et délicatesse Salome de Richard Strauss 

par

Incandescence et délicatesse, c’est bien ainsi que l’on pourrait qualifier la Salome de Richard Strauss que nous venons de découvrir au Festival d’Aix.

Inspiré d’une pièce d’Oscar Wilde, le livret de Strauss nous emporte : Salomé, fille d’Hérodiade, est irrésistiblement attirée par Jokanaan (Jean-Baptiste), le prophète proférant prisonnier de son beau-père Hérode. Elle s’offre à lui, il la repousse encore et encore. Lors d’un banquet, Hérode, qui ne peut dissimuler son désir concupiscent, la supplie de danser, lui promettant en échange « tout ce qu’elle voudra ». Elle danse… et exige que la tête de Jokanaan lui soit livrée sur un plateau d’argent. Elle peut enfin l’embrasser sur la bouche. Horrifié, Hérode la fait exécuter.

Terrible histoire incandescente, n’est-ce pas, avec ses personnages aux sentiments exacerbés, qui nous fascine et nous horrifie. Et pourtant, comme elles sont si délicatement bouleversées, et bouleversantes, les dernières paroles de Salomé.

La partition de Strauss, elle aussi, réussit cette conjugaison d’un irrésistible déferlement -éruption volcanique- et de longues séquences chantées ou orchestrales d’un incroyable raffinement ciselé. Le tout en une extrême fluidité, en une nécessaire pertinence. Quelle tendresse apitoyée dans les notes - instrumentales et vocales- pour la si terrible et si malheureuse Salomé. 

Cet univers-là, Andrea Breth nous en offre une lecture qui mérite, elle aussi, les termes d’incandescence et de délicatesse. Sa mise en scène s’inscrit dans un ingénieux dispositif scénique qui permet de passer d’une séquence à une autre  -par un coup de projecteur, par le glissement d’une structure de décor-, qui géométrise les relations qui s’installent entre les personnages, qui dit solitude ou désir et fureur. Quelle maîtrise de l’ombre et des lumières aussi, qui isolent, unissent, écrasent ou effacent. Quels beaux tableaux, comme ceux du débat des prêtres juifs ou du banquet, magnifiques « peintures ». Ce qui se voit dit ce qui se joue. La direction d’acteurs est parfaite. Ainsi, par exemple, la scène des déclarations d’amour de Salomé à Jokanaan : un mouvement du bras, une tête qui se tourne, un corps qui glisse dans la citerne du prisonnier. Désir érotique, refus austère sans appel. De plus, la lecture d’Andrea Breth est aussi affirmée que sans affectation. Ainsi, la fameuse danse de Salomé. Personnage démultiplié, elle apparaît non pas comme la séductrice conventionnelle, la « strip-teaseuse aguichante », mais comme la femme objet des désirs, des instincts, bafouée, niée. Rien d’ostentatoire ni de comminatoire. Le message passe.

Street Scene de Kurt Weill, un superbe opéra américain

par

Kurt WEILL (1900-1950) : Street Scene. Paulo Szot (Franck Maurrant), Patricia Racette (Anna Maurrant), Mary Bevan (Rose Maurrant), Joel Prieto (Sam Kaplan) et de nombreux interprètes. Chœurs et Orchestre du Teatro Real de Madrid, direction Tim Murray. 2019. Livret en anglais, français et espagnol. Sous-titres en anglais, français, allemand, espagnol, coréen et japonais. 160 minutes. Un DVD BelAir BAC162.

A Lausanne, un COSÌ FAN TUTTE désopilant  

par

Au milieu de la scène trône un écran de cinéma où défile le générique d’un film, La Scuola degli Amanti, réalisé par Alfonso Produzione, coût de l’opération : 100.000 euros. Voilà ce que découvre, durant l’Ouverture, le spectateur ébahi par cette relecture de Così fan tutte qui est due à Jean Liermier, l’actuel directeur du Théâtre de Carouge, concepteur d’une époustouflante My Fair Lady en décembre 2015. D’emblée, il avoue avoir trouvé son inspiration dans la téléréalité de Mon incroyable fiancé et surtout dans celle de L’île de la tentation.