Mots-clé : John Cage

Les improbables du classique : Luciano Berio et les Beatles 

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La musique est parfois le témoin de rencontres improbables entre deux univers à la base complètement différents. On peine ainsi à imaginer Jay Z se rendre à un concert de Mason Bates ou Adèle se passionner pour la musique Pierre Slinckx. Mais dans les années 1960, une avant-garde musicale des plus radicales, portée par Pierre Boulez, Karlheinz Stockhausen, Luciano Berio ou Henri Pousseur, jeunes enragés de la composition qui veulent faire table rase du passé et des stars de la pop en recherche de nouvelles sonorités s'attirent mutuellement.

Nous évoquerons ici la rencontre bien réelle de Luciano Berio avec Paul McCartney et les Beatles qui déboucha sur l’arrangement par le compositeur de trois chansons du célèbre groupe anglais. 

L’œuvre protéiforme de John Cage décryptée en langue française. Une somme 

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Anne de Fornel, John Cage, Fayard, 2019, 695 p.

Ce nouveau volume de la collection des éditions Fayard vouée aux compositeurs se démarque au premier coup d’œil des précédents: habituellement noire, la tranche du livre est ici blanche. Clin d’œil à l’esthétique sinon à la personnalité excentriques de John Cage qui, lorsqu’on lui demandait s’il aimait le public, se fendait d’un « Certainement que nous l’aimons ! Nous le lui montrons en nous écartant de son chemin » ? Subtile allusion à l’illusoire vacuité de l’œuvre-phare du compositeur américain, 4'33" ? Ou à Carré blanc sur fond blanc de Kasimir Malevitch, qui laissa dans l’esprit du musicien des traces indélébiles ? Quand bien même ne serait-ce que le fruit d’une coïncidence, nous y verrions encore un bel hommage à Cage, qui fit précisément du hasard la pierre angulaire de ses processus créatifs.

L’hommage à Basquiat à la Fondation Louis Vuitton

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Présenté en clôture de l’exposition Jean-Michel Basquiat, ce concert de l’Ensemble intercontemporain associait grands maîtres américains (Cage, Crumb), jeunes compositeurs installés à Paris (Robin, Dessner) et la création mondiale d’une pièce pour trois trompettes du directeur musical de l’ensemble, Matthias Pintscher.

Skull de ce dernier se veut un hommage à Basquiat (le « crâne » étant une figure omniprésente chez le peintre américain). On repère bien un tâchisme instrumental, un travail de spatialisation à la manière de la superficie d’une toile, et une volonté d’accumulation expressive, mais Skull s’apparente avant tout à une œuvre de commande au modernisme apaisé, utilisant les sourdines des trompettes (Lucas Lipari-Mayer, Gustav Melander, Clément Saunier) avec beaucoup de goût dans un discours très élégant et architecturé. Oublions rapidement les 7 Haikus de John Cage interprétés par le valeureux pianiste Hideki Nagano. De l’aveu de Basquiat, le groupe de noise auquel il appartenait faisait de la musique inspirée par John Cage, c’est-à-dire « de la musique qui n’[était] pas vraiment de la musique ». On ne saurait donner tort aux propos de l’artiste new-yorkais, tant on ne sait quand commencent ni finissent ces piécettes au bord du néant. Seule reste l’idée de performance artistique, et la probable envie d’épater le bourgeois.