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Un Ariodante roboratif au Palau de la Mùsica catalana

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À propos de l’Astarto de Bononcini présenté juste en deux soirées au dernier Festival d’Innsbruck, j’écrivais ici sur les difficultés que rencontre actuellement l’opéra baroque pour trouver une vie sinon paisible, du moins normalisée dans la pratique musicale courante. Généralement conçues pour des ensembles musicaux de moyenne envergure, sans chœurs ou grands orchestres, les maisons d’opéra les programment peu car ils doivent tirer parti de l'ampleur de tous leurs corps stables, mieux adaptés aux ouvrages du XIXe ou XXe siècles. Dans ce sens, on comprend parfaitement l’initiative barcelonaise d’accueillir cette production, actuellement en tournée, en version concert. Ces problèmes sont, hélas, aussi vieux que l’opéra car Händel lui-même transforma quelquefois ses projets d’opéra en différents oratorios par manque de financement scénique… Disons aussi que l’enjeu dramatique n’est pas le principal attrait de cette pièce, remarquable par la beauté et l’émotion prégnante de certains airs. Et la beauté architecturale de cette célèbre salle de concerts peut aider le spectateur curieux de rêves à imaginer des scènes voluptueuses… 

A Genève, Britten et Chostakovitch avec orchestre de chambre

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Dans le cadre du cycle Britten-Chostakovitch présenté durant cette saison par l’Orchestre de la Suisse Romande, a été proposé, le 29 janvier, un programme fascinant car les trois oeuvres choisies requéraient une formation de chambre. Pour le diriger, l’on a fait appel au chef anglais Alexander Shelley, directeur musical de l’Orchestre National des Arts à Ottawa et premier chef associé du Royal Philharmonic Orchestra à Londres.

En première partie, sont donc inscrits deux ouvrages de Benjamin Britten. Le premier, Lachrymae, a été élaboré pour alto et piano et a été créé au Festival d’Aldeburgh en juin 1950 par son dédicataire, William Primrose, accompagné par le compositeur lui-même ; puis, à la demande d’un autre célèbre altiste, Cecil Aronowitz, la partie de clavier a été remaniée pour orchestre à cordes en 1976 sous cote op.48 a. Et c’est donc à cette seconde version que nous confronte Alexander Shelley avec le concours de l’altiste soliste de l’OSR, Elcim Özdemir qui, dès le Lento introductif, bénéficie d’un canevas tamisé pour exposer avec une douloureuse noblesse la mélodie de John Dowland, If my complaints could passion move servant de base à dix variations ; la ponctuation véhémente des contrebasses entraîne le discours vers un allegro pathétique que la soliste rend expressif par la virulence des pizzicati et doubles cordes ; et la reprise du motif initial rassérène la coda. En bis, la jeune femme réunit sous forme de quatuor les chefs de pupitre afin de révéler la page originale de John Dowland.