Mots-clé : Yo-Yo Ma

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Pour quatre concerts donnés au Théâtre de Beaulieu à Lausanne, au Victoria Hall de Genève, au Rosey Concert Hall de Rolle et aux Sommets Musicaux de Gstaad entre le 28 et le 31 janvier, l’Orchestre de Chambre de Lausanne invite le grand violoncelliste Yo-Yo Ma que l’on entend rarement en Suisse. Sous la direction de Renaud Capuçon, il se fait l’interprète du Concerto en la mineur op. 129 de Robert Schumann. Dès les premières mesures, il attire l’auditeur dans son monde intérieur tout en nuances délicates, tirant expression de chaque trait virtuose, suggérant l’accentuation à un canevas orchestral quelque peu brouillon que la baguette du chef tente d’assouplir pour accompagner décemment le soliste. Dans un phrasé d’une rare intelligence, Yo-Yo Ma ose le coup d’archet agressif qu’il atténue ensuite par d’imperceptibles pianissimi, produisant dans le Langsam médian, un oasis de sérénité qui lui permet d’élaborer un éloquent duo avec le premier violoncelle de l’orchestre. Une transition impérieuse amène le Sehr lebhaft conclusif pris à un tempo di marcia qui concède au soliste de radieuses envolées sur d’épineux passaggi débouchant sur une cadenza corsée suivie d’une éclatante coda conclusive. Devant l’enthousiasme du public, Yo-Yo Ma rejoint le quatuor des violoncelles pour présenter une transcription de la mélodie de Gabriel Fauré, Après un rêve, dont il distille le charme mélodique. Puis il finit par emprunter au deuxième violoncelliste son instrument pour tirer un dernier coup de chapeau avec le Prélude de la Première Suite de Bach au phrasé si original. Quel grand artiste !

Un dernier éclat de complicité : Yo-Yo Ma et Kathryn Stott en concert d’adieu à La Philharmonie de Paris 

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Lorsqu’un duo de musiciens, uni depuis des décennies, voit l’un de ses membres prendre congé, l’émotion est inévitable. C’est ce qui se passe pour le violoncelliste Yo-Yo Ma et la pianiste Kathryn Stott. Cette dernière s’apprête à prendre sa retraite à la fin de l’année, laissant son compagnon de scène poursuivre seul son chemin musical. Pour marquer cette étape importante, Kathryn Stott a conçu un programme avec des bijoux du répertoire. Tant des pièces isolées que des sonates, elles sont essentiellement de la fin du XIXe siècle et du XXe, avec une prédominance de compositeurs franco-belges. Yo-Yo Ma écrit dans le programme de concert que c’est « probablement le dernier » qu’ils interpréteront ensemble. « J’espère que vous écouterez ce concert en gardant cela à l’esprit, et que vous y trouverez […] une célébration des moments que nous avons partagés, ainsi que, dans chaque pièce, un aperçu des explorations musicales vécues ensemble », poursuit-il.

Dans une salle où les lumières restent allumées, le duo enchaîne d’un seul tenant cinq courtes pièces : Berceuse de Fauré, Les Chansons que ma mère m’a apprises de Dvořák, Menino d’Assad, Cantique de Nadia Boulanger, et Papillon de Fauré. Les quatre premières pièces sont interprétées comme les mouvements successifs d’une seule œuvre. Dans le Cantique de Boulanger, le violoncelle de Yo-Yo Ma résonne avec une profondeur et une ampleur inattendues, presque comme s’il était amplifié. Quant à Papillon, le violoncelliste ne mise pas sur l’éclat virtuose souvent associé à cette pièce, mais privilégie son caractère, à la fois charmant et léger. Avec un tempo modérément retenu, cette œuvre, fréquemment utilisée comme démonstration d’agilité, révèle soudain une élégance et une noblesse insoupçonnées, dévoilant la magie subtile d’une musique qui change d’âme avec de simples nuances.