Tchaikovski... mais pas tout à fait

par

Piotr Ilitch TCHAIKOVSKI (1840-1893)
Les Saisons opus 37a (orchestration Gauk)-Sérénade pour cordes opus 48

Orchestre Symphonique Académique d'Etat de l'URSS, dir.: Evgeny SVETLANOV
1970-1975-ADD-79'15-Textes de présentation en anglais et russe-Melodiya MEL CD 10 02096
A l'instar de si nombreux compositeurs, Tchaikovski fut tenté par le thème des saisons. Son ambition fut cependant assez modeste car, loin des grandes fresques que furent Casse-Noisettes, Le Lac des Cygnes, La belle au bois dormant ou encore les six vibrantes symphonies, le compositeur d'Eugène Onéguine ne consacra cette fois à son sujet que douze pièces, une par mois de l'année, modestes de taille et dédiées au seul piano. Des pages agréables où ne passe guère, loin s'en faut, le souffle de ses oeuvres les plus justement célèbres mais qui plongent leurs racines dans le terroir populaire. Ce cadre fut sans doute jugé trop étroit sous le régime soviétique qui ne pouvait probablement trouver trop grandiose l'art du champion de la musique russe. Et c'est à l'un des plus talentueux chefs d'orchestre du régime qu'il revint de revêtir ces miniatures de leur parure orchestrale. A vrai dire, on pourrait aisément être trompé sur l'origine de cette instrumentation, tant Gauk se moule avec une aisance confondante dans le schéma compositionnel tchaikovskien, lui qui grava également, en 1953, la version la plus aboutie de cet arrangement (Vista Vera). Plus de vingt ans plus tard, Evgeny Svetlanov en propose une vision solide, brillante de sonorités, sans guère de poésie ni de finesse, et l'émotion n'y affleure que rarement. L'éditeur a judicieusement choisi de coupler cette curiosité musicale avec l'un des « tubes » incontournables de Tchaikovski, la fameuse Sérénade pour cordes. On l'attend souriante, charmeuse, sans problème; on la reçoit sombre, inquiète et inquiétante, tendue. Une double curiosité.
Bernard Postiau
Son 8 - Livret 5 - Répertoire 8 - Interprétation 7

Les commentaires sont clos.