Un disque qui fera date dans la discographie haendélienne !

par
Fagioli

George Frederic HAENDEL
(1685 - 1759)
Airs d’Opéra (Oreste, Serse, Rinaldo, Imeneo, Il pastor fido, Rodelinda, Giulio Cesare in Egitto, Ariodante, Partenope)
Franco FAGIOLI, conterténor, IL POMO D'ORO, dir.: Zefira VALOVA
2018-79'43- livret en anglais, allemand, français-textes en anglais, allemand, français, italien-chanté en italien- Deutsche Grammophon DG 479 7541

« Ce disque est mon hommage à Haendel » : telle est la dernière phrase du livret de présentation. Bien davantage : élan de ferveur et d'amour, émerveillement au sens baroque du terme. En effet, nous sommes instantanément saisis par l'excellence, l'étrangeté, la vérité humaine, artistique de cette voix. Surgie de l'invisible, de l'inaudible, de l'indicible. Oui, d'où vient-elle ? De si loin dans l'espace et le temps. Et de si près, murmurant - ici et maintenant - au cœur de la conscience, de l'imagination, de la sensibilité de chacun. Survolant un substratum orchestral d'exquise finesse, fluidité, délicatesse, au timbre rare : souligné par un superbe violon des frères Lorenzo et Tomaso Carcassi (1760), donc contemporain du compositeur et que joue comme un ange Zefira Valova, violon I et « concertmeister », la ligne vocale plane, scintille, virevolte dans un monde sonore engendré d'une même respiration. Caressante jusque dans l'extrême douceur, jusque dans l'effroi d'une douleur sans mot (Scherza infida). Ainsi du fameux « Largo de Haendel » (en fait de Bononcini !) revu, amélioré par le maître d' « Hanovre sur Tamise » qui nous est confié ici comme on ne l'avait encore jamais entendu. Avec une justesse d'expression, une délicatesse, des accents veloutés jusqu'alors inconnus. Cet admirable « Serse » qui, à l'époque ne connut que cinq représentations et qui restera des plus neufs et des plus réussis de Haendel, prend ici une revanche éclatante avec trois airs aussi éblouissants par leur structure que par leurs harmonies insolites donnant à la mélodie une sorte de puissance mystérieuse, une couleur vibrante bien dans l'esprit de la partition. Car jamais sollicitée ou « surchauffée ». Au contraire, dépouillées d' effort démonstratif, la beauté simple, la vérité des sentiments sont ici ressuscitées dans toute leur force. Franco Fagioli qui a déjà incarné à la scène plusieurs des héros, multiplie les réussites : ainsi des deux extraits de « Rinaldo », tout comme Se potessero i sospir miei d' « Imeneo » ou les vocalises acrobatiques d' « Il pastor fido » dont la virtuosité est toute entière au service de l'expressivité. Et que dire des confidences de « Rodelinda » révélées sans leur pure simplicité jusqu'à cet « Ariodante » composé à cinquante ans, opéra-ballet, proche de la conception française dont il intègre le style dès l'ouverture, avec ses valeurs pointées, ses gavottes, musettes et rondeau final, opéra où Haendel se révèle à la fois « novateur et révolutionnaire ». C'est tout cela qu'exprime avec autant de saveur, de couleur que d'humilité, l'extraordinaire musicien Franco Fagioli, subtilement accompagné par l'ensemble Il Pomo d'Oro aussi frémissant qu'attentif, dirigé à merveille par Zefira Valova. Un disque qui fera date dans la discographie haendélienne…
Bénédicte Palaux Simonnet

Son 10 - Livret 10 - Répertoire 10 - Interprétation 10

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