Un duo pianistique à suivre

par

Darius MILHAUD
(1892 - 1974) :
Scaramouche Op. 165B
Claude DEBUSSY
(1862 - 1918)
En blanc et noir
Marcel COMINOTTO
(°1956) 
Arborescences
Sergueï RACHMANINOV
(1873 - 1943)
Suite n°2
Luc BAIWIR
(°1958) 
Rhapsodie
Johan Schmidt et Gabriel Teclu, pianos
2017-DDD-69’12-Aucun texte de présentation-Azur Classical-AZC152Tous deux professeurs au Conservatoire Royal de Bruxelles, Johan Schmidt et Gabriel Teclu forment depuis quelques mois un duo pianistique dont le mariage réussi de deux personnalités naturellement différentes offre aujourd’hui un enregistrement d’œuvres à deux pianos révélateur de belles sensibilités musicales. Dès les premières notes, l’alchimie opère. Si deux personnalités, et à fortiori des perceptions et types de jeu différents, se démarquent clairement ici, le jeu franc de l’un se voit complémentaire de la rondeur du son de l’autre. En ce sens, aucun des deux pianistes ne prend le dessus préférant au contraire une exécution dont la direction choisie transpire de communion. Ce dialogue réussi traverse l’intégralité du présent CD édité chez Azur Classical dont on saluera l’évolution positive de la qualité d’enregistrement. Sur deux pianos différents (Steinway D/Yamaha CFIIIS), cinq compositeurs se succèdent, de la très célèbre Suite n°2 de Rachmaninov au Scaramouche de Milhaud. L’occasion aussi de découvrir et de faire la part belle à la richesse des langages de Marcel Cominotto et Luc Baiwir, compositeurs belges à soutenir. Tantôt virevoltant, tantôt noyé dans la douceur du propos et son matériau musical, Scaramouche est pris à bras-le-corps et demeure sans doute le coup de cœur de cet enregistrement. En blanc et noir offre une très large palette de couleurs et dynamiques dont les effets sonores, la fluidité et la limpidité du propos, toujours sensibles et justes, apportent une nette plus-value à ce répertoire. Chez Rachmaninov, l’exécution est rudement bien menée : choix de tempi judicieux, jeu commun net et résolument énergique et un discours expressif éloigné de tout sentimentalisme exacerbé. En attestent notamment l’« Introduction » particulièrement envolée, le souffle de la « Valse », l’architecture intelligente de la « Romance » ou encore la folie qui enveloppe la « Tarentelle » finale. Derrière cet ensemble organique séduisant se cache une Rhapsodie de Luc Baiwir particulièrement démentielle qui n’a rien à envier au reste du programme : matériau thématique intéressant, dialogue incessant entre les deux pianos et des couleurs et ambiances qui se juxtaposent de la meilleure des manières. Même constat avec Arborescenses de Cominotto : langage résolument plus moderne et cru ponctué de surprises tant harmoniques que mélodiques pour un tout enivrant.
Il ne manque qu’un texte de présentation, notamment pour les pièces de Cominotto et Baiwir, pour compléter la générosité, l’écoute permanente et la lucidité de ces deux artistes.
Ayrton Desimpelaere

Son 9 – Répertoire 10 – Livret / - Interprétation 9

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