Un Orchestre Philhamonique de Liège en pleine forme !

par

Ottorino RESPIGHI (1879-1936) Impressioni brasiliane - La Boutique fantasque
Orchestre Philharmonique Royal de Liège, dir.: John NESCHLING
2014-DSD-68' 55''-Notice en anglais, allemand et français-Bis - 2050

Respighi est un maître orchestrateur, on le sait. I Fontane di Roma, ou Belkis, regina di Saba le démontrent à l'envi. Il n'a pas suivi des cours chez Rimsky-Korsakov pour rien. Ces Impressioni brasiliane, moins connues, sont tout aussi brillantes à cet égard. Le compositeur voyagea au Brésil en 1927 et y créa l'oeuvre l'année suivante. C'est un triptyque d'une vingtaine de minutes, extrêmement évocateur. A part un zeste dans la "Canzone e Danza" finale, peu d'influences de musique brésilienne pourtant. Respighi recrée plutôt ses impressions recueillies dans cet immense pays fascinant. Le premier mouvement, "Notte Tropicale" est un "nocturne parfumé et impressionniste' (Malcolm MacDonald), décrivant impact des mystères de la forêt amazonienne sur un esprit classique européen. Le compositeur y déploie ses talents d'orchestrateur au maximum, et fait la joie des amateurs de raffinement instrumental. Attirons surtout l'attention sur la pièce centrale, écrite suite à la visite par l'auteur de l'Intituto Butantan, à Sao Paulo, célèbre centre de recherches sur les vaccins. Fasciné par la collection de milliers de serpents et d'araignées, il traduira son trouble dans ce mouvement étonnant et très descriptif : les ophidiens y ondulent à souhait et on voit/entend leur langues darder : une vraie horreur, qui culmine par une allusion au Dies irae ! Sinistre, je vous dis. On se détendra avec la joyeuse et plus célèbre Boutique fantasque, ballet d'après des pièces de vieillesse de Rossini, composée en 1918 pour les Ballets russes de Diaghilev. Il y rejoint le néo-classicisme de Pulcinella de Stravinsky ou des Femmes de bonne humeur de Tommasini. Musique fort agréable, thèmes connus, orchestre brillant. Charmante sans doute mais, un peu à l'instar des Matinées/Soirées musicales de Britten, bâties sur le même principe, tout cela ne va pas bien loin. Reste une belle leçon instrumentale, et le plaisir d'écouter des thèmes entraînants, comme la tarentelle, la mazurka, la danse cosaque ou le galop final. Un CD de l'orchestre symphonique de Montréal, dirigé par Charles Dutoit, proposait exactement le même couplage. Si le second était peut-être plus brillant dans La Boutique fantasque, prise de son Decca aidant, John Neschling exhale les parfums les plus entêtants du Philharmonique de Liège dans le triptyque brésilien, et les serpents wallons sont bien plus inquiétants que leurs congénères québécois!
Bruno Peeters
Son 9 - Livret 9 - Répertoire 8 - Interprétation 10

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