Un Richard Strauss moins connu à la recherche de Lully et de Mozart ?

par

Richard STRAUSS
(1864-1949)

Double concertino pour clarinette, basson, orchestre à cordes et harpe (1947)
Der Bürger als Edelmann (le bourgeois gentilhomme), op. 60
Orchestra della Svizzera italiana, dir.: Markus Poschner
Robert Kowalski, violon solo, Johann Sebastian Paetsch, violoncelle solo et Alfonso Alberti, piano
2015-DDD-71'45''-Texte de présentation en allemand, anglais et italien, 1 CD CPO 777 990-2

La suite du Bourgeois gentilhomme est l'épilogue d'une aventure complexe mais tellement originale entre Richard Strauss et Hugo von Hoffmansthal. Leur première idée était de combiner la Commedia dell'Arte, le théâtre (en l'occurrence Molière et son Bourgeois gentilhomme) et la mythologie grecque. Cela donna la première version d'Ariane à Naxos. Dans cette version, Ariane remplace la cérémonie turque qui conclut la comédie de Molière. Cette Ariane à Naxos, première mouture, fut créée à Stuttgart en octobre 1912 et dura plus de six heures ! Cette idée bâtarde de combiner théâtre et opéra était ainsi mort-née. La version originale fut divisée en deux parties : Ariane à Naxos dans sa version définitive est créée à Vienne quatre ans plus tard et le Bourgeois gentilhomme adapté par von Hoffmansthal avec une musique de scène "à la Lully" de Richard Strauss à Berlin en avril 1918. C'est la suite en neuf mouvements que Strauss a tiré de sa musique de scène qui est enregistrée ici. Du beau Lully néoclassique !
Le double concertino pour clarinette et basson de 1947 est moins connu que les deux autres concertos de la fin de vie du compositeur, le second concerto pour cor de 1942 et celui pour hautbois de 1945. Pleine de bonne humeur, l'œuvre commence par un prélude pour cordes qui n'est pas sans évoquer le sextuor de Capriccio. Strauss mentionnait qu'il avait été inspiré par Svinedrengen - la princesse et le porcher - le conte d'Andersen ou une jeune princesse est courtisée par un prince déguisé en ours. On voit directement les rôles attribués aux deux instruments solistes si chers à Mozart.
Le disque veut rappeler les relations qui ont lié Richard Strauss et l'OSI, l'Orchestra della Swizzera italiana qui créa son double concertino en avril 1948. Strauss l'avait dirigé l'année précédente dans quatre de ses lieder de la fin du XIXe siècle (Allerseelen op. 10,8, Morgen op. 27,4, Ich trage meine Minne op. 32,1 et Das Rosenband, op. 36,1) avec la soprano Annette Brun en soliste. Les treize minutes de cette exécution sont données en bonus avec le court commentaire que Bernhard Paumgartner a donné à la radio de Lugano avant ce concert. C'est un bel hommage qui est rendu ici tant à Richard Strauss qu'à l'OSI.
Jean-Marie André

Son 9 – Livret 9 –  Répertoire 9 – Interprétation 9

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