Varier les Variations

par
Gorini

Ludwig van BEETHOVEN
(1770 - 1827)
Variations Diabelli en do majeur op. 120
Filippo GORINI (piano)
DDD–57’ 29’’–Texte de présentation en anglais, français et allemand–Alpha Classics 290

Lauréat du Concours international de piano Beethoven Telekom de Bonn en 2015 et Prix du public, à l’âge de vingt et un ans, l’Italien Filippo Gorini vient d’enregistrer les Variations Diabelli. Les plus grands interprètes l’ont fait avant lui, et si la terre continue de tourner et de marcher sur ses deux jambes, d’innombrables autres prendront la relève un jour ou l’autre. C’est le sort des chefs-d’œuvre – leur fabuleux destin. On sait qu’en 1819, le compositeur, éditeur et copiste autrichien Anton Diabelli (1751-1858) avait souhaité publier un recueil de partitions réunissant des variations à partir d’un thème qu’il avait lui-même écrit. Il l’avait proposé à une bonne cinquantaine de compositeurs parmi lesquels figurent les nom de Franz Schubert, de Franz Liszt, de Carl Czerny, de Franz Xaver Mozart (le pauvre fils de Wolfgang Amadeus totalement oublié de nos jours) et, bien entendu, de Beethoven en personne.
Beethoven, raconte-t-on, lui si ombrageux, se serait beaucoup diverti en acceptant la commande de son confrère… Encore qu’il ne l’ait jamais véritablement honorée car, au lieu de remettre à Anton Diabelli une petite pièce de circonstance, il aura composé un cycle monumental de trente-trois variations d’une ampleur jamais égalée et d’une richesse pianistique inouïe, tant elles brocardent l’argument de base et le transcendent : elles commentent le thème, elles s’en moquent, elles le respectent, elles le remettent en question, elles le biaisent, elles l’embellissent, elles le dénaturent et, comme l’a si justement noté Alfred Brendel dans son Abécédaire d’un pianiste (2014), elles le poussent même « à l’absurde ».
Mais comment varier ces Variations ? En d’autres mots : comment les jouer de manière personnelle, tout en ne trahissant pas les diverses humeurs de leur génial créateur ? Pour ce qui le concerne, Filippo Garoni a choisi de les exécuter avec une certaine liberté d’allure, estimant qu’il y va là de « l’ultime comédie » de Beethoven et que les Variations Diabelli peuvent être considérées « comme l’exemple suprême de comédie en musique ». Ce point de vue n’est pas… absurde. Et sans friser les sommets, le résultat en est plutôt convaincant.
Jean-Baptiste Baronian

Son 7 – Livret 7 – Répertoire 10 – Interprétation 9

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