Vie et passion chez Mahler

par

Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie n°4 – Das irdische Leben, Verlorne Müh’ !, Lob des hohen Verstands
Het Gelders Orkest, Antonello Manacorda, direction – Lisa Larsson, soprano
2014-SACD-69’04-Textes de présentation en anglais- Challenge Classics-CC72659

Avec cet enregistrement, Antonello Manacorda rend hommage à Gustav Mahler avec deux grandes œuvres symphoniques et lyriques. La Symphonie n°4 connaît une période de gestation complexe en raison du peu de temps libre que laissait le poste de directeur de l’opéra de Vienne à Mahler. Les premiers desseins s’effectuent pourtant en 1892 lorsque Mahler écrit Des Knaben Wunderhorn. Le cinquième lied, « Wir geniessen die himmlischen Freuden », était initialement prévu pour la Troisième symphonie. Jugée trop longue, Mahler n’en garde que quelques motifs pour le cinquième mouvement et décide de l’utiliser comme mouvement final de la Symphonie n°4. Dans les premiers plans, Mahler imaginait une symphonie en six mouvements où s’alterneraient épisodes instrumentaux et vocaux. C’est la forme plus classique limitée à quatre mouvements qui fut privilégiée. Le chant final, dont le caractère intimiste amène couleurs et ambiance aux autres mouvements, présente à travers les yeux d’un enfant les louanges à l’éternité céleste. Très logiquement, le CD propose trois lieder issus des Knaben Wunderhorn. Mahler est, comme Brahms, Schumann ou encore Mendelssohn, très inspiré par ces textes et compose plus de 20 lieder entre 1887 et 1901. « Das irdische Leben » représente un enfant mourant de faim. Sous la forme d’une valse, « Verlorne Müh’ ! » est une querelle amicale entre deux amants. « Lob des hohen Verstands » est un récit amusant d’un concours de chant entre un coucou et un rossignol dont le juge n’est autre qu’un âne.
Pour notre plus grand plaisir, les différents artistes de CD proposent une lecture juste et particulièrement éclairée. Tant dans le développement des dynamiques que dans la précision des différents timbres, Antonello Manacorda mène d’une main de maître les grandes lignes de chaque œuvre. Tempi justes, transitions compréhensibles, amenées avec aisance, le tout grâce à une palette de contrastes et couleurs remarquable. A l’image de la voix chantée, le discours respire, vit et foisonne d’idées. Notons l’homogénéité des cordes, grâce notamment à une prise de son professionnelle et le dialogue idéal entre vents/percussions et cordes. Il suffit d’écouter le mouvement lent de la symphonie pour saisir la maturité des artistes. Lisa Larsson maîtrise ce répertoire avec beaucoup de facilité et offre plus qu’une simple lecture. Grâce à son tempérament énergique, elle permet à l’auditeur de se créer son propre environnement, son propre monde imaginaire. N’est-ce pas cela le but de la musique ?
Ayrton Desimpelaere

Son 10 – Livret 8 – Répertoire 9 – Interprétation 9

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