Oui, la musicologie peut s'avérer souriante

par
Opera comique

Rire et sourire dans l'opéra-comique en France aux XVIIIème et XIXème siècles
Ouvrage dirigé par Charlotte Loriot
"La désignation "opéra-comique" contient le mot "comique". Ainsi s'ouvre ce livre consacré à la signification du comique dans l'opéra-comique. L'humour est en effet très présent dès les origines du genre, qui évoluera petit à petit vers un "registre sentimental, moins gai et burlesque".Le caractère mixte se centrera moins dans le pur comique, pour se changer en simple légèreté, éloigné de la pompe de l'opéra, telle que produite par la salle Le Peletier voisine, mais toujours fidèle à cette alternance du parlé et du chanté, essence même de l'opéra-comique. L'ouvrage est copieux, pointu et passionnant. Comme tous actes de colloque, il est hétéroclite, et certains articles intéresseront plus que d'autres. Au début, il cite les noms fondateurs de Favart et de Duni, sans oublier Philidor ou Grétry. Le texte de Benjamin Pintiaux sur L'Amant jaloux de Grétry, approche de manière précise et pertinente les effets comiques de l'oeuvre, comparant livret et partition pour relier la musique au théâtre. Des articles sont consacrés à Beaumarchais ou au recyclage du Viaggio a Reims dans Le Comte Ory par Rossini.  Autre critique serrant bien le sujet du livre, celui que Matthieu Cailliez consacre au Fra Diavolo d'Auber : livret léger et spirituel, musique gaie, vive et dansante, ironie et parodie musicale, tels sont, pour l'auteur, les ingrédients du succès d'une oeuvre qui se monte encore de nos jours. A propos d'Auber, il faut citer l'intéressante communication de Denise Scandarolli sur la diffusion de ses opéras-comiques... au Brésil. Traduit en portugais, Le Domino noir y fit un tabac, tout comme L'Ambassadrice et Les Diamants de la couronne : pour ce pays colonisé, le genre symbolisait l'essence de la France, une France idéalisée sans doute. Citons encore une communication sur Le Docteur Miracle de Bizet et de Lecocq, ou sur un compositeur totalement inconnu, Ildephonse Luce. Une petite biographie du ténor de caractère Antoine Trial (qui donna son nom à sa tessiture) nous rappelle que, durant la Révolution, le chanteur officia à l'état-civil et enregistra le décès de Robespierre. Le tout dernier article se penche sur Jean de Nivelle et sur Lakmé de Delibes, en tant que dernier héritier de l'opéra-comique (?). Assorti d'un important corpus de notes de bas de pages, l'ouvrage a tout pour plaire aux chercheurs, et aux passionnés du genre opéra-comique, et bénéficie du sérieux que les Editions Symétrie apportent à leurs publications musicologiques.
Bruno Peeters
Rire et sourire dans l'opéra-comique en France aux XVIIIème et XIXème siècles, ouvrage dirigé par Charlotte Loriot, Editions Symétrie, Lyon, 2015, 331 p., 45 euros.

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