Récitals sur le Rocher : Frank Peter Zimmermann, Martin Helmchen et Boris Berezovsky

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L'Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo a prévu cette saison un plus grand nombre de récitals prestigieux afin de renouer avec une riche tradition qui s'étaient trop perdue. Le violoniste Frank Peter Zimmermann et le pianiste Martin Helmchen viennent ainsi proposer l’intégrale des sonates pour violon de Beethoven dont ils gravent actuellement, pour le label Bis, une version qui s'impose déjà  comme une nouvelle référence.
Au concert, ils nous offrent pour cette première soirée les sonates n°1, n°2, n°4, la célèbre sonate n°5 "Le Printemps", ainsi que la sonate n°9 "A Kreutzer".

Les deux premières sonates sont encore très classiques et imprégnées du style Mozartien. Elles sont jouées avec la légèreté et la joliesse requises. La sonate n°4 offre un rôle équivalent au violon et au piano. D’une riche diversité de climats, elle affirme aussi avec éclat un style et une personnalité qui sont ceux d’un Beethoven parvenu à la maturité. Notre duo de virtuoses y est à son aise et il en fait ressortir toute la force de la structure.  La Sonate n°5 "Le Printemps" est remplie d’allégresse printanière et de joie de vivre. Zimmermann et Helmchen y prennent un immense plaisir et le transmettent au public.

Le concert se termine par la sonate n°9 "A Kreutzer". Dans ce monument du répertoire, les deux musiciens atteignent les sommets de la musique de chambre par l’équilibre entre le dialogue et la musicalité.
Après plusieurs rappels, Zimmermann et Helmchen offrent en bis un mouvement de la sonate n°3,  une invitation pour le prochain concert de cette intégrale. 

Quelques jours plus tard, on retrouve le pianiste Boris Berezovsky qui aura convaincu un public nombreux.  Ses récitals sont d'habitude des feux d'artifice mêlant virtuosité, force, douceur et poésie. Mais on navigue ici vers des couleurs plus sombres et un choc des contrastes. La soirée débute avec Scriabine : Préludes op.16, Fantaisie op.28, 2 Poèmes op.51 et la superbe sonate n°5, qu'il joue d'un trait. Ce sont des chefs d'oeuvre dont Berezovsky fait ressortir les teintes noires. On poursuit les climats interrogatifs avec les ténébreux 3 Préludes d’Olivier Messiaen.
Mais l’ambiance du récital change avec les magnétiques
Miroirs de Ravel et la Rhapsody in Blue de Gershwin. L'oeuvre de Ravel accompagne depuis longtemps le parcours de Boris Berezovsky et c'est le point culminant du concert par le brio technique et le sens de la narration des couleurs. Le public est aux anges avec la Rhapsody in Blue dans la version originale pour piano solo de Gershwin. Berezovsky en donne une version brillante, pétaradante et charismatique.
Après l'ovation, il donne en bis deux pièces de Scriabine. Il explique que la seconde s'appelle "Fragilité", l'état dans lequel il se trouve en ce moment.

Monte-Carlo, Auditorium Rainier III, les 14 et 23 octobre 2020

Carlo Schreiber

Crédits photographiques : DR

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