Voyage au cœur des fantaisies, passions, et danses espagnoles

par

Enrique GRANADOS (1867-1916) : Intermezzo, Danzas Españolas, op. 37 no°5 ‘Andaluza’ – Manuel DE FALLA (1876-1946) : Primera Danza Española, Siete Canciones Populares Españolas, Danza Ritual del Fuego - Isaac ALBÉNIZ (1860-1909) : España, op. 165 no°3 ‘Malagueña’ – Joaquín TURINA (1882-1949) : Danzas Fantásticas, op.22 no°1 ‘Exaltación’ – Gaspar CASSADÓ (1897-1966) : Suite pour violoncelle seul, Requiebros – Pablo DE SARASATE (1844-1908) : Zigeunerweisen
Cheng² Duo - Bryan Cheng (violoncelle), Silvie Cheng (piano) – DDD - 71’16 – Textes de présentation en anglais– Audite 97.736

Pour leur deuxième enregistrement, Brian et Silvie Cheng, jeunes frère et sœur canadiens, s’attaquent aux plus emblématiques des chefs-d ’œuvre des compositeurs espagnols du début du XXème siècle. Ainsi, on retrouve plusieurs adaptations opératiques signées par les plus grands noms du violoncelle – l’Intermezzo issu de Goyescas d’Enrique Granados (transcrit par Gaspar Cassadó), des extraits de La Vida Breve et El Amor Brujo de Manuel de Falla (Maurice Gendron et Piatigorski, respectivement, y signent des superbes adaptations qui s’écoutent avec grand plaisir).
On est impressionné par l’aisance et la propreté des interprétations des œuvres du compositeur-interprète Gaspar Cassadó, sommets de cette parution discographique. Synthèse formidable entre les avancées harmoniques impressionnistes, la technique avancée du violoncelle et le mouvement de Nationalisme Ibérique, sa formidable Suite est sans doute un des plus beaux fleurons du répertoire pour violoncelle seul. Après le majestueux Preludio, le deuxième mouvement évoque clairement la Sardana, danse populaire catalane par excellence, introduite par le flaviol, flute à bec catalane, (imitée au violoncelle avec harmoniques). Le tour de force final nous transporte en Andalousie – le violoncelle prend des apparences de guitare flamenco et joue une Jota redoutable !
Le CD s’achève toutefois avec une interprétation légèrement décevante du fameux Zigeunerweisen pour violon et piano Pablo de Sarasate. En prenant un peu trop son temps, Cheng se perd dans les méandres redoutables d’une musique où la virtuosité règne. Quoi qu’il en soit, comme l’on pourrait s’attendre de tels jeunes musiciens, tous deux lauréats de multiples prix internationaux, le travail d’ensemble est irréprochable et la justesse, impeccable. On pourrait seulement reprocher au violoncelle de trop forcer le son dans les passages plus intenses.
Violonchelo del fuego Si le titre de l’album reflète clairement le jeu viril et tonique du Duo Cheng², il révèle également le cliché facile du répertoire abordé. Sur les 8 œuvres pour violoncelle, (j’exclus la 1ère des Danzas fantásticas, Op. 22, ‘Exaltación’ pour piano seul de Joaquin Turina, exécutée avec finesse par Silvie Cheng), seules deux sont des œuvres originales. Bien sûr, le problème n’est pas dans l’acte d’arranger – loin de là ! – mais plutôt dans le respect d’un équilibre entre les œuvres originales et des transcriptions. Tout comme l’Espagne ne se réduit pas qu’aux toréadors, le répertoire violoncelliste espagnol ne mérite pas d’être constamment confiner aux Canciones Populares de Manuel de Falla, à la base écrites pour la voix. Voici une occasion manquée de découvrir les œuvres méconnus de compositeurs oubliés tel que Xavier Montsalvatge ou Federico Mompou...
Pierre Fontenelle, Reporter de l’IMEP

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