L'éblouissant Debussy de Sir Simon Rattle

par

© Hennek / EMI Classics

Berliner Philharmoniker, dir.: Simon Rattle
Johannes Brahms (1833-1897) : Symphonie n.3 en en fa majeur, op. 90
Georg Friedrich Haas (1953) : Dark dreams
Claude Debussy (1862-1918) : La mer, trois esquisses symphoniques : De l'aube à midi sur la mer - Jeux de vagues - Dialogue du vent et de la mer
Le Palais des Beaux-Arts de Bruxelles proposait un concert événement ce mardi 4 mars avec la programmation de l'Orchestre Philharmonique de Berlin sous la direction de Rattle. La salle était comble et on n'a pas été déçu. Il est des artistes qui imposent le respect et qui dès leur entrée sur scène donnent le sentiment que quelque chose va se passer. Sir Simon Rattle est de cette race ! Le programme interprété par le Berliner était de très haute facture. On ne peut que saluer une fois de plus l'équilibre, la maîtrise et la sonorité globale d'une institution fondée en 1882 qui n'a pas failli à sa réputation. Rattle a dirigé Brahms et Debussy de mémoire. Sa direction est précise, sans en faire trop. A certains moments il laisse jouer les formidables musiciens qu'il a devant lui et qui sont rodés à ce programme et à d'autres moments il impose sa personnalité par des impulsions énergiques et une gestique précise fédérant l'orchestre dans la création d'une oeuvre d'art. Tout est précis et le moindre détail est soigné. Le public apprécie chaque intervention des solistes qui seront récompensés lors des applaudissements. L'intervention du cor solo dans l'intermezzo de la symphonie de Brahms fut de toute beauté et impressionnant de maîtrise technique ! Entre les deux monuments que sont Brahms et Debussy, le Berliner a exécuté une oeuvre contemporaine composée par Georg Friedrich Haas. Le texte du programme nous apprend que ce compositeur est adepte d'une musique innovante, synonyme d'expérimentation et de recherche. Il use de la microtonalité mais il ne renie pas la tradition avec des références à Schubert, Mozart ou Mendelssohn. Son oeuvre en général est marquée par la pénombre, la désillusion. Cela se ressent très fort dans Dark Dreams. Le titre est déjà explicite et l'ambiance générale pleine de tension le confirme. Cette oeuvre s'inscrit dans la 'Klangfarben Musik' où la ligne mélodique se divise entre différents instruments aux timbres différents. Avouons tout de même que cette oeuvre souffre de quelques longueurs et de procédés répétitifs un peu lassants. La salle Henry Le Boeuf a réservé une ovation à Sir Simon Rattle et à tous les musiciens sur scène. Espérons que ce concert à Bruxelles en appellera d'autres !
Michel Lambert
Bozar, le 4 mars 2014

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