À la découverte du Sibelius pianiste
Jean SIBELIUS
(1865 - 1957)
Impromptus en si mineur et mi majeur, op. 5 n° 5& n°6 - Kyllikki, 3 pièces lyriques op. 41 - Romance en ré bémol majeur op. 24 n°9 - Barcarola, op. 24 n°10 - The Shepherd op. 58 n°4 - Valse triste op. 44 n°1 - Sonatine n°1 en fa dièse mineur op. 67 n°1 - Björken, op. 75 n°4 - Granen op. 75 n°5 - Rondino op. 68 n°2 - Elegiacvo op. 76 n°10 - Bagatelles op. 97 n°2 - Lied, n°4, marche humoristique & n°5 - Impromptu - 5 esquisses op. 114
Leif Ove Andsnes, piano
2017- DDD-66'33"-Textes de présentation en anglais, allemand et français - Sony Classical 88985408502
Il habite un monde privé ; il n'est presque pas pour le public, mais quelque chose à jouer pour un ami ou même seul. "Il" c'est le corpus pianistique de Sibelius et la citation est du pianiste norvégien Leif Ove Andsnes, imprimé en grands caractères en exergue de l'excellent livret qu'il consacre au compositeur finnois. Car si les sept symphonies ont attiré les plus grands, des frères ennemis Karajan ou Bernstein l'anti-Karajan à Simon Rattle ou Paavo Berglund, les opus pianistiques ont été injustement boudés. Tout au plus se rappellera t-on la superbe interprétation des trois sonatines et des trois pièces lyriques de Kyllikki par Glenn Gould, fin 1976 et début 1977. Pourtant, sur les 119 opus du catalogue de Sibelius, 19 le sont pour le piano solo. Ils forment trois volumes dans l'édition récente de Breitkopf et Härtel.
Andsnes nous offre un florilège de ces pièces pour piano allant de la grande épopée finnoise - Kylliki est l'amante de Lemminkäinen dans le Kalevala - à l'admiration devant les grandes forêts nordiques - Björken et Granen désignent les bouleaux et les épicéas en suédois, l'autre langue nationale de la Finlande. Sibelius regarde parfois du côté d'autres compositeurs, Tchaïkovski dans l'opus 24, Prokofiev dans la marche humoristique de l'opus 97 ou Grieg dans le lied du même opus. Les cinq esquisses op. 114 de 1929 sont parmi les dernières œuvres du compositeur avant son silence total de près de trente ans. Sa pensée y est complètement décantée et épurée ! Certains pensent qu'il s'agit d'esquisses de son hypothétique huitième symphonie jamais publiée et probablement détruite par Sibelius lui-même. On connaît le raffinement de Leif Ove Andsnes et l'aisance naturelle de son toucher. Il entrouvre la porte de ce monde mystérieux et fascinant. Il n'hésite pas à dire que sa mission est de sortir cette musique de l'ombre. Mission réussie brillamment !
Jean-Marie André
Son 10 – Livret 10 – Répertoire 9 – Interprétation 10