Magie du Lied allemand avec Sarah Connolly et Hanno Müller-Brachmann
Johannes Brahms (1833-1897) : Songbook, vol. 2. Sarah Connolly, soprano ; Hanno Müller-Brachmann, baryton basse ; Malcolm Martineau, piano.2024. Livret en allemand et anglais 70’02’’. Linn CKD749
Le répertoire vocal de Brahms bénéficie déjà d’une abondante discographie. A juste titre car elle reflète l’importance d’un genre qui tient une place tout à fait singulière dans la vie du compositeur, l’accompagne, la commente -plus de 200 Lieder au long de quarante années ! Ce qu’illustre parfaitement l’admirable portrait photographique choisi pour la couverture. Datant du soir de sa vie, il résume à lui seul le florilège présenté dans le programme de ce récital.
Entremêlant l’opus 43 daté de 1868, année du Requiem allemand, avec plusieurs recueils jusqu’à l’opus 105 de la maturité, l’articulation des pièces offre un paysage intime aussi varié que contrasté. Du Lied allemand de la Renaissance aux chansons bohémiennes, passant par les ballades populaires ou le recueillement mystique (Auf dem Kirchhofe), l’obscurité y côtoie la lumière comme le sarcasme (Verrat) la caresse (Von ewiger Liebe).
La soprano Sarah Connolly, le baryton basse Hanno Müller-Brachmann et le pianiste Malcolm Martineau se rejoignent ici en une interprétation aussi belle et simple qu’émouvante.
Au fil d’un phrasé souverainement conduit et d’une diction ciselée, intense, le timbre solaire de Sarah Connolly fait vibrer des nuances d’une infinie délicatesse. Wie Melodien, Die Schnur, die Perl’an Perle jusqu’au Unbewegte laue Luft conclusif sont littéralement portés, transportés et enveloppés par le piano de Malcolm Martineau.
Aussi agile, versatile, qu’éloquent son jeu se fait âpre voire tumultueux avec le baryton basse Hanno Müller-Brachmann, excellente surprise de cet enregistrement. L’ampleur de sa tessiture ouvre des abîmes (Ach, werde diesen Blick) pour se faire murmure (Herstgefühl) ou sonner la chasse Ich schell mein Horn insJammertal dans les profondeurs des forêts germaniques. Un art accompli qui, sans oublier l’apport de Dietrich Fischer-Dieskau, s’affirme d’une manière profondément personnelle.
Tout est juste, vrai, touchant. Une réussite.
Son 10 - Livret 9 - Répertoire 10 - Interprétation 10
Bénédicte Simonnet