A Lausanne, la première Traviata d’Olga Peretyatko                      

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Après avoir remporté de grands succès à l’Opéra de Lausanne avec Desdemona dans l’Otello de Rossini, Alcina et Adina de L’Elisir d’amore, Olga Peretyatko se confronte à Violetta. A trente-quatre ans, la voix a consistance dans le medium et le grave et une facilité évidente dans l’aigu et le suraigu. Sa préparation musicale scrupuleuse lui permet de passager sans ambages  du lirico leggero du premier acte au grand lyrique que requiert tout le reste. Et l’intelligence émotionnelle de son incarnation lui vaut un triomphe parfaitement mérité. Face à elle, le jeune ténor espagnol  Ismael Jordi a en mains toutes les cartes pour dessiner un Alfredo dépassé par les événements ; et le timbre a une qualité de coloris ambré qui rend crédible son personnage. Roberto Frontali possède le grain sombre du véritable baryton verdien ; mais lui fait singulièrement défaut cet art du legato sans lequel Giorgio Germont ne peut s’imposer. Pour une fois, Flora Bervoix ‘existe’ grâce à l’ampleur de moyens de Marie Karall, ce que l’on dira aussi de Gaston par la présence pimpante de Pablo Garcia Lopez. Le Chœur de l’Opéra de Lausanne (préparé par Salvo Sgrò) et l’Orchestre de Chambre de Lausanne  sont remarquables sous la direction de Corrado Rovaris qui est attentif aux nuances de cette délicate partition sans bousculer les tempi. Dans de cossus décors conçus par Rudy Sabounghi et des costumes fin de siècle dus à Jorge Jara, la mise en scène de Jean-Louis Grinda (réalisée par Vanessa d’Ayral de Sérignac) nous plonge dans le demi-monde sordide de Nana, ce que se complaît à souligner la chorégraphie d’Eugénie Andrin, frisant la vulgarité.
Paul-André Demierre
Opéra de Lausanne, le 6 février 2015                  

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