Une belle version, très ressentie

par
Janowski

Ludwig van BEETHOVEN
(1770 - 1827)
Missa solemnis
Regina Hangler (soprano), Elisabeth Kulman (alto), Christian Elsner (ténor), Franz-Josef Selig (basse), Rainer Wolters (premier violon), MDR Rundfunkchor Leipzig, dir.: Michael Gläser, Rundfunk-Sinfonieorchester Berlin, dir.: Marek JANOWSKI
2017-Live-73' 04''-Textes de présentation en anglais et allemand-chanté en latin-SACD Pentatone PTC 5186 565

Contemporaine des dernières sonates pour piano, la seconde messe de Beethoven, dite Missa solemnis, a été créée en 1824. Si elle s'inscrit dans la tradition de la grande messe symphonique illustrée par Haydn, Cherubini ou Schubert, elle en éclate le cadre encore classique : elle est à la musique sacrée ce que la Neuvième symphonie est à la musique orchestrale : une absolue nouveauté. Par la durée (plus d'une heure), par l'ampleur des développements, la tension dramatique de certains morceaux (Credo), la suprématie du choeur sur les solistes, l'alternance de passages grandioses avec d'autres d'intense poésie (Benedictus), et, finalement, la hauteur de vue du génie beethovénien, elle fait franchir à la musique un pas gigantesque, qui l'amène aux confins de l'univers de la Huitième symphonie de Mahler. Chef-d'oeuvre unanimement admiré, la Missa solemnis a un magnifique panorama discographique : plus de 82 enregistrements sont recensés ! Parmi les grands anciens, il faut citer Toscanini, Klemperer, Giulini, Karajan, Jochum ou Bernstein. Parmi les plus récents : Gardiner, Herreweghe, Eschenbach, Blomstedt ou Harnoncourt. Et certains l'ont même enregistrée deux fois ! Marek Janowski est un chef excellent, rompu à tous les répertoires, en particulier germanique (Wagner) et français (Roussel, Dutilleux, Messiaen). Il s'inscrit un peu dans cette tradition du kapellmeister, tels Wand, Sawallisch ou Masur : un très grand professionnel. Et c'est ce qui apparaît dans cette interprétation. Cette ampleur, tant recherchée par Beethoven, se dégage dès le Kyrie initial, où l'on admirera aussi le lumineux soprano de Regine Hangler. Les choeurs se déploieront dans le Gloria et dans le Credo, tous deux contenant par ailleurs de superbes fugues ("Et vitam venturi saeculi", par exemple). S'y illustre aussi la belle basse de Franz-Josef Selig. Peut-être le passage le plus émouvant de l'oeuvre, le Benedictus bénéficie du très pur violon solo du konzertmeister Rainer Wolters, enregistré un peu loin hélas. Janowski semble se surpasser dans l'Agnus Dei final,  : il dirige droit devant, sans aucun temps mort. Son orchestre enveloppe d'une douce chaleur les supplications des solistes, le choeur est conduit avec une intensité maximale (le fugato à 7' est sublime) vers le climax qui amènera la messe vers une coda simple et recueillie. Une très belle version.
Bruno Peeters

Son 9 - Livret 7 - Répertoire 10 - Interptrétation 10

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