Casse-Noisette, un délice à l’Opéra National de Bordeaux 

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Ce 20 décembre, le public se presse au Grand Théâtre de Bordeaux pour découvrir le nouveau Casse-Noisette de Kaloyan Boyadjiev commandé par Éric Quilleré, directeur de la danse qui veut “continuer à enrichir le répertoire classique de la compagnie”. 

Pari réussi avec ce petit bonbon à déguster sans modération pour les fêtes ! 

Casse-Noisette est le ballet de Noël par excellence 

Kaloyan Boyadjiev prend appui sur Casse-Noisette et le Roi des Souris écrit en 1816 par Hoffmann. L’histoire est simple : l’horloger offre à Clara un casse-noisette qui se transforme en homme et qui invite la jeune fille au voyage. Le chorégraphe, ancien danseur du Ballet National de Norvège, avait déjà proposé en 2016 à Oslo ce ballet qui avait été nommé “Meilleure Création” à Dance Europe. Il reprend donc cette chorégraphie qu’il inscrit pleinement dans la ville de Bordeaux notamment par les décors (le lustre de la scène reprend celui de la salle et la mise en abyme du spectacle de marionnette de Drosselmeyer se joue dans un Grand Théâtre miniature…). 

Alliance entre tradition et modernité 

Ce qui fait aussi la célébrité de cette œuvre est la partition de Tchaïkovski, parfaitement interprétée ce soir par l’orchestre National de Bordeaux Aquitaine dirigé par Robertas Šervenikas. On ne peut s'empêcher de chantonner la danse des enfants, la valse des flocons ou celle des fleurs… 

Kaloyan Boyadjiev propose un Casse-Noisette “classique mais ancré dans les valeurs du XXIe siècle”. Moins de pantomime, ce qui rend l'œuvre bien plus accessible, et surtout la transformation des danses aux représentations stéréotypées de certaines cultures en éléments gustatifs de Noël (pain d’épice, bonbon et chocolat) qui parlent à tous en apportant une féérie supplémentaire. La chorégraphie est pensée en parfaite osmose avec ce concept. Pour la danse du pain d’épice, par exemple, on retrouve à la fois la rondeur du miel dans les ronds de jambe, mais aussi la surprise du gingembre avec des sauts. 

Mais ne vous inquiétez pas, les classiques sont bien là ! La danse des flocons est parfaitement en place malgré des chaussons de pointe un peu bruyants. Là encore, Kaloyan Boyadjiev ajoute sa dose de modernité. En effet la danse des flocons est généralement interprétée par des femmes mais ici se glissent quelques hommes pour un tableau très réussi. 

Jon Bausor et Bregje van Balen : de vrais magiciens 

Le scénographe Jon Bausor (déjà connu du Royal Ballet et du Nederlands Dans Theater) s’allie à la costumière Bregje van Balen (création pour Alexander Ekman, le Bolchoï…) pour créer un monde féérique. Décor et costumes ont été conçus par les ateliers de l’Opéra National de Bordeaux, le tout en revendiquant une démarche économe du point de vue économique mais aussi écologique. D’anciens costumes ou accessoires sont ainsi réutilisés de façon ingénieuse, on retient notamment les superbes bonbons en plastique ou les trois cadeaux ! La vidéo devient également un élément de décor, notamment pour faire apparaître la neige. 

Tous unis pour la féérie 

Les danseurs de ballet de l’Opéra National de Bordeaux semblent ravis de redanser Casse-Noisette après 10 ans d'absence à la programmation. Diane Le Floc’h est une Clara mature qui réussit les passages les plus techniques haut la main. Son prince, Neven Ritmanic est au même niveau, ses sauts et tours déclenchant les applaudissements de la salle à chaque fois. Une telle propreté est en effet remarquable. Ensemble, ils ne peuvent donc faire que des étincelles. Une parfaite confiance les lient ce qui amène des portés impressionnants (elle la tête en bas, tenue à bout de bras par son prince). 

Le corps de ballet n’est pas en reste avec de très belles qualités : un ballon admirable chez les hommes et un souci du détail chez les femmes. Les parties d’enfants sont confiées au Conservatoire à Rayonnement Régional Jacques Thibaud de Bordeaux ce qui apporte une tendresse supplémentaire. 

Comme dirait l’enfant derrière moi (ou en moi ?) : waouh, c'était merveilleux ! 

Une production qui allie chorégraphie classique et modernité du propos, qu’on a hâte de retrouver rapidement à Bordeaux ou à Leipzig, opéra co-producteur de cette version. Une parfaite douceur pour les fêtes de fin d’année, pour les petits, comme pour les grands !  

Bordeaux, Opéra, 20 décembre 2024

Maïa Koubi

Crédits photographiques : Erik Berg

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