Cécile McLorin Salvant : où liberté rime avec intégrité 

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La chanteuse franco-américaine Cécile McLorin Salvant donnait un concert lundi 11 novembre dans la salle Henri Le Bœuf à BOZAR. D’abord formée au chant lyrique et baroque au Conservatoire Darius Milhaud à Aix-en-Provence, elle approfondit ensuite le jazz pour finalement s’y consacrer. Elle s’impose alors rapidement sur la scène internationale comme une vocaliste incontournable, enregistrant une série d’albums et remportant de nombreux prix prestigieux. Accompagnée par le pianiste néo-orléanais Sullivan Fortner, la chanteuse campe d’emblée, de sa présence inouïe, un décor simple, naturel et authentique.

Derrière cette sobriété, qui se distingue également sur le plateau par une régie lumière intimiste, se révèle toute une immense culture portée par une vocalité et une musicalité sans pareilles. Cécile McLorin Salvant exprime chacune de ses narrations à travers une multitude d’inflexions vocales et de timbres, dévoilant une agilité extraordinaire non pas tant dans la démonstration virtuose que dans l’infinie palette sonore de son instrument.

Passant tantôt d’un grave intense vers un aigu aérien, tantôt d’une voix pure et expressive vers une voix profonde et vibrante, l’artiste évolue dans un répertoire varié, allant des standards de jazz à la comédie musicale au rythme de ses propres envies ou des propositions spontanées du pianiste. Cette ambiance décontractée, caractéristique des jam sessions, donne l’occasion d’entrer dans l’espace confidentiel des artistes où liberté rime avec intégrité. Habité par une surprenante énergie créatrice et un talent exceptionnel d’improvisateur, Sullivan Fortner a littéralement enflammé la salle. L’intelligence de son jeu, tantôt accompagnateur, tantôt soliste, traverse son propre instrument et sublime aussitôt le chant de Cécile McLorin Salvant. C’est avec une rare puissance d’évocation que ces deux musiciens ont ouvert une voie d’accès vers des émotions qui trouvent une vérité aussi bien dans leur force que dans leur subtilité. C’est d’ailleurs sur le mode de la conversation familière que la chanteuse introduisait les chansons, conférant ainsi une place privilégiée au spectateur, celle de se sentir acteur de ce qui se joue en lui et devant lui.

Clara Inglese

Bruxelles, Bozar, le 11 novembre 2019

Crédits photographiques : Mark Fitton

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