Christophe Rousset fait ses débuts au Royal Opéra

par
Mitridate

Michael Spyres (Mitridate) (c) ROH / Bill Cooper

Pour seulement quatre spectacles, le Royal Opera a mis à l'affiche « Mitridate, re di Ponte », l’opera seria que Mozart écrivit à l'âge de quatorze ans. Il s’agit d’une reprise du spectacle conçu en 1991 par Graham Vick (décors et costumes Paul Brown, lumières Nick Chelton, chorégraphie Ron Howell). A cette occasion Christophe Rousset dirigeait pour la première fois l’orchestre du Royal Opera qui avait rassemblé une belle distribution commandée par le Mitridate du ténor Michael Spyres (qui a aussi déjà interprété ce rôle à la Monnaie). Malheureusement des indispositions de dernière minute non seulement retardèrent le début du spectacle mais engendrèrent également un changement de distribution. Heureusement, de jeunes chanteurs du « Jette Parker Young Artists programme » (l’opéra studio du Royal Opera) étaient prévus comme possible remplaçants en cas de besoin (Mitridate n’est pas un opéra du répertoire courant). Ainsi Vlada Borovko chantait Aspasia à la place de Albina Shagimuratova et Francesca Chiejina chantait Arbate à la place de Jennifer Davis. Il faut dire que le spectacle se déroulait sans problèmes et que les remplaçantes s’intégraient aisément dans la mise en scène assez spéciale de Graham Vick. En effet, il présente l’action dans une esthétique baroque mêlée à du théâtre oriental. Il y a peu de réelle émotion ou de vraie interaction mais beaucoup de grands gestes et des chanteurs affublés de costumes avec des énormes paniers rarement très seyants et rendant les mouvements difficiles. Le spectacle est plein de couleurs, de changements de costumes et de perruques, de moments inattendus (la princesse Ismene comme danseuse indienne) et offre des guerriers et des masques orientaux. Mais je dois avouer que tout cela ne m’accrochait pas et que le sort de Mitridate, ses fils et leurs amours se noyaient dans le spectacle visuel. Heureusement, il y avait Christophe Rousset pour accompagner les récitatifs au clavecin et inspirer l’orchestre du Royal Opera dans une exécution pleine d’élan, de couleurs subtiles et de force dramatique. Michael Spyres attaquait le rôle exigeant de Mitridate avec sa voix expressive et son chant virtuose. Son fils ennemi avait l’allure vocale et scénique de l’excellent Bejun Mehta. Salome Jicia avait plus de problèmes à convaincre en fils loyal Sifare mais se tirait quand même bien d’affaires. Le rôle d’Aspasia était clairement une tâche ardue pour Vlada Borovko qui se défendait honorablement. Lucy Crowe (Ismene) enchantait le public par ses mouvements raffinés, sa voix claire et souple et son chant charmant. Francesca Chiejina donnait de l’allure à Arbate mais Rupert Charlesworth était un Marzio sans grande présence. Le public appréciait clairement les efforts de l’ensemble et réservait une ovation à Lucy Crowe.
Erna Metdepenninghen
Londres, Royal Opera House, Covent Garden le 1er juillet 2017

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