Concertos pour piano français

par

Claude Debussy (1862-1918): Fantaisie pour piano et orchestre
Jean Françaix (1912-1997): Concertino pour piano et orchestre
Francis Poulenc (1899-1963): Concerto pour piano et orchestre FP 146
Maurice Ravel (1875-1935): Concerto en sol pour piano et orchestre

Florian Uhlig : piano
Deutsche Radio Philharmonie : Pablo Gonzalez
2013 - CD93.302 - Notice en Allemand et Anglais-Hänssler Classic

Les concertos pour piano français sont à l'honneur dans ce disque. Le pianiste allemand Florian Uhlig a choisi pour cet enregistrement quatre compositeurs représentants bien l'esprit français au vingtième siècle. Légèreté, clarté et élégance. La Fantaisie pour piano et orchestre de Debussy est une oeuvre peu jouée et peu enregistrée car désavouée par Debussy lui-même et passant aux yeux des puristes comme peu "debussyste". Ceci est bien dommage car même si l'on peut sentir certaines influences (d'Indy) cette oeuvre reste la seule pièce concertante pour piano de Debussy et ne manque pas de charme alors autant en profiter. Jean Françaix a été un des compositeurs les plus joués de son temps mais malheureusement ces dernières années il est rare d'entendre ses oeuvres jouées en concerts ou en disques. Ici son fameux Concertino pour piano et orchestre composé au début de sa carrière. Poulenc présent ici aussi avec son magnifique Concerto pour piano. Le disque se finissant avec le fameux Concerto en sol de Ravel. Autant le dire tout de suite, ce disque est une belle réussite tant pour le répertoire abordé que par l'interprétation des musiciens. Commençons par le moins connu des quatre : Jean Françaix. Constat regrettable car à l'écoute de ce Concertino on est saisi d'une envie irrésistible que cela dure plus longtemps qu'une dizaine de minutes. Mais tout l'art de Françaix est là ; des thèmes simples, enjoués et rieurs traités sans lourdeurs et clichés. Tout cela dans une grande concision. Le jeu de Florian Uhlig est brillant et d'une grande clarté, il joue cette oeuvre avec une joie assez contagieuse, le tout accompagné par un orchestre alerte et aérien. Dans la Fantaisie de Debussy, Uhlig nous montre qu'il a bien saisi l'oeuvre ; c'est à dire que le piano est bien sûr l'instrument soliste mais n'est pas en conflit avec l'orchestre comme il le serait dans tout autre concerto romantique. Le piano est sans cesse en dialogue avec la masse orchestrale, l'un étant là pour soutenir l'autre. A l'écoute de cette oeuvre de jeunesse qui ne fut créée qu'après la mort de Debussy par Alfred Cortot à Londres, on ne peut s'empêcher de remarquer quelques similitudes avec son contemporain russe Alexandre Scriabin. Même s'il est certain que Scriabin n'a jamais pu entendre cette oeuvre on peut remarquer dans l'oeuvre de Debussy certains élans et quelques atmosphères ainsi qu'une manière de traiter le piano au milieu de l'orchestre qui ne sont pas sans rappeler le Concerto pour piano de Scriabin, oeuvre de jeunesse également. Dans le charmant concerto pour piano de Poulenc (trop peu joué aussi) Florian Uhlig conserve son jeu élégant et fin mais on peut regretter qu'à certains moments il n'aille pas plus loin dans ce côté mélancolique qu'a parfois Poulenc dans ses oeuvres ; Uhlig semble passer dessus comme si tout ce qui était dit n'était qu'une simple posture. L'orchestre est quand à lui d'une grande qualité avec de très belles couleurs. Pour finir, le Concerto en sol de Ravel. Belle interprétation pour ce concerto tant de fois enregistré, le jeu de Florian Uhlig est tout à fait adapté à cette oeuvre qui demande de l'énergie, de la précision et un jeu limpide. Le premier mouvement est très réussi, stable et sans trop d'emphase. Dans le deuxième mouvement, l'ambiance qu'installe le pianiste est superbe mais au retour du thème tenu par l'orchestre on se serait attendu à un peu plus de détente et de chaleur de la part du pianiste. Le dernier mouvement est pris à un tempo très rapide très bien tenu et avec une belle vitalité. Beau disque intéressant pour ceux qui doutaient qu'à part ceux de Ravel, les compositeurs français n'avaient pas su composer de concertos pour piano.
François Mardirossian
Son 9 - Livret 6 - Répertoire 10 - Interprétation 9

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