Concours international de piano d’Epinal, victoire du Belge Valère Burnon
Le 27e édition du Concours international de piano d’Epinal s’est tenue du 22 au 31 mars à Epinal dans les Vosges, en France. Parmi les 85 candidats qui se sont inscrits pour se présenter à la première épreuve (23-25 mars), le principe étant de ne pas procéder à une présélection sur dossier et enregistrement, 21 candidats ont été retenus pour la deuxième épreuve (26 et 27 mars). Le programme, dont chaque candidat répartit à son gré les œuvres entre les deux premières étapes (respectivement 20 et 35 minutes maximum), doit être composé par : un Prélude et Fugue de J.S. Bach, une Etude de Chopin, une Etude d’un autre compositeur, un opus (isolé ou en série) d’une période romantique et une sonate de Beethoven.
A l’issue de ces éliminatoires, la demi-finale (29 mars) impose à chacun des 10 candidats sélectionnés un récital de 40 minutes minimum et 50 minutes maximum, un programme libre incluant le Poème pour piano op. 5 (commande du concours) d’Elise Bertrand, jeune compositrice de 18 ans, et une œuvre d'un compositeur français écrite entre les 17e et 21e siècles d’une vingtaine de minutes. Cette épreuve était retransmise en streaming direct sur la page FaceBook du Concours (les vidéos y sont toujours visibles).
Le 31 mars, les quatre finalistes ont joué un concerto parmi les 6 proposés sur la liste, avec l’Orchestre National de Metz dirigé par Jacques Mercier.
C’est le Tchèque Piotr Naryskin, 29 ans, qui ouvrait le bal avec le 3e Concerto de Beethoven. Comme c'est souvent le cas pour le premier candidat, le démarrage n’est pas immédiat. L’orchestre est assez disparate et Naryskin cherche le bon équilibre tout au long du premier mouvement d’où certaines maladresses. Même s’il montre de beaux sons dans le deuxième mouvement et se révèle beaucoup plus à l’aise dans le troisième, sa relation avec l’orchestre donne l’impression que quelque chose l’empêche de déployer son plein potentiel.
Le benjamin de cette édition, Hao-Wei Lin vient de Taïwan. Qualifié pour le prochain concours Van Cliburn Junior qui se tiendra cette année, cet adolescent de 14 ans est déjà un musicien accompli, d'une maturité surprenante. Dans son interprétation du Concerto en sol de Ravel, la vivacité joviale des mouvements rapides et la sérénité du mouvement lent créent un contraste saisissant ; dans le deuxième mouvement, il fait preuve d’une sensibilité rare et d'une musicalité innée exprimées notamment à travers un son cristallin.
Le troisième candidat, Valère Burnon (Belgique, 20 ans) interprète le Premier Concerto de Rachmaninov. Il dispose d’une technique parfaitement maîtrisée qui lui permet une grande liberté d’expression. Sa virtuosité, naturelle, n’est jamais du tape-à-oreille ; ses attitudes montrent qu’il est déjà bien à l’aise sur scène. Son choix de l’œuvre reflète ainsi sa personnalité musicale et réussit à convaincre l’auditoire.
La Japonaise Takeshi Shimozato, 25 ans, a conquis avec le Concerto n° 1 de Liszt. Son interprétation est la manifestation de sa vision globale de l’œuvre, qui confère largeur et profondeur à de nombreux passages quand certains artistes ne peuvent qu'y suivre les notes imprimées dans la partition. L’alliance de la virtuosité et d'une sensibilité raffinée fascine, d’autant que son jeu fait transparaître sa joie et sa fierté de faire résonner le piano. Nous sommes en présence d’une musicienne authentique.
Le jury a rendu son verdict en décernant le Grand Prix à Valère Burnon, suivi de Hao-wei Lin, de Takeshi Shimozato et de Piotr Naryskin. Takeshi Shimozato a également reçu le Prix du Public. Avec cette 27e édition, le Concours international de piano d’Epinal a encore davantage affirmé sa place de lieu de passage important, voire décisif pour les jeunes talents désireux de se lancer pleinement dans leur carrière.
Victoria Okada
Crédits photographiques : Valère Burnon