Contes, légende et cantate de Russie avec Dimitri Kitaenko
Modest MOUSSORGSKY
(1839 - 1881)
Nuit de la Saint Jean sur le Mont chauve - Chants et danses de la mort (orchestration d’Edison Denisov)
Serge PROKOFIEV
(1891 - 1953)
Alexandre Nevski, cantate pour chœur et orchestre
Vladislav Sulimsky (baryton-basse), Agendu Kulaeva (mezzo-soprano), Chœur Philharmonique Tchèque de Brno, Petre Fiala, Gürzenich-Orchester Köln, dir.: Dimitri Kitaenko
2015-DDD-74’56’’-Notice en allemand et anglais. Pas de texte chanté. Oehms. OC 459
Le chef russe Dimitri Kitaenko poursuit ses explorations russes au pupitre de l’orchestre du Gürzenich de Cologne. Venant après un cycle Tchaïkovski modérément apprécié, il nous offre un album hybride centré sur l’Alexandre Nevski de Serge Prokofiev. L’un des défauts des chefs est souvent de ralentir les tempi et d’appuyer sur les effets massifs. Sa lecture de la cantate de Prokofiev n’échappe pas à cette règle ! Le résultat est mitigé car si la lenteur des tempi permet au Chœur Philharmonique de Brno de briller de mille couleurs, la narration de cette musique cinématographique s’en ressent, prisonnière d’un carcan étroit, rectiligne et très bruyant. Au final, la massivité de cette direction unilatérale lasse et peine à tenir la longueur. C’est assez regrettable car toutes les forces chorales et instrumentales sont parfaites ! Sur le créneau des interprètes russes, Valery Gergiev (Philips) est absolument insurpassable !
En compléments, le chef nous présente deux plantureuses partitions : la version originale de la Nuit sur le Mont Chauve et la rare d’orchestration d’Edison Denisov des Chants et Danses de la Mort de Moussorgski.
La version première de la Nuit sur le Mont chauve (nommée Nuit de la Saint-Jean sur le Mont Chauve) présente une orchestration plus abrupte que la réorchestration de Rimski-Korsakov plus usuelle au concert. Malheureusement, Kitaenko préfère jouer les masses orchestrales au lieu de mettre en avant la radicale modernité de cet essai orchestral. La classe naturelle et la force de la vision d’un Claudio Abbado (Sony) ou la rage fauviste d’un Esa-Pekka Salonen (DG) sont ici les références. L’orchestration des Chants et Danses de la Mort de Moussorgski par le Russe Edison Denisov est un contrepoint assez original dans ce programme. Fuyant les effets plutôt romantiques des orchestrations de Glazounov, Rimski-Korsakov ou Chostakovitch, elle rend justice au caractère visionnaire du compositeur et son modernisme granitique et abrupt. Dimitri Kitaenko est ici parfait, attentif au soliste (grandiose Vladislav Sulimsky) et faisant ressortir les détails de l’orchestration.
En dépit d’une prise de son phénoménale et d’un fini technique exemplaire, on reste assez réservé sur un disque très inégal.
Pierre-Jean Tribot
Son 10 - Livret 7 - Répertoire 10 - Interprétation 7