De nouveaux titres de noblesse pour Zelenka !

par

Jan Dismas Zelenka (1679-1745) : Missa Sancti Josephi ZWV 14 ; De profundis ZWV 50 ; In exitu Israel ZWV 84. Julia Lezhneva, soprano ; Daniel Taylor, alto ; Tilman Lichdi, tenor ; Jonathan Sells, basse ; Kammerchor Stuttgart ; Barockorchester Stuttgart ; Frieder Bernius, direction. DDD-2018-Notice en allemand et traduction anglaise abrégée. 57'51". Carus 83.279.

Né en 1679 à Louňovice à une petite centaine de kilomètres de Prague où il sera éduqué au Collegium Clementinum jésuite, c'est à 31 ans que Zelenka arrive à la cour de Dresde, cette Florence de l'Elbe que Frédéric-Auguste 1er (1670-1733), le Prince électeur de Saxe (et roi de Pologne sous le nom d'Auguste II) va transformer en métropole de l'art à la fin du XVIIe siècle et au début du XVIIIe.

La musique de Zelenka résonne avec toute la somptuosité de l'orchestre exceptionnel de cette cour. C'est ainsi que la Missa Sancto Josephi de 1732 est écrite pour l'ensemble imposant de quatre solistes : soprano, contralto, ténor et basse, du choeur, de deux flûtes, deux hautbois, un basson, deux cors, deux trompettes, timbales, premiers et seconds violons, altos, violoncelles, contrebasse et basse continue (orgue). Elle comporte le Kyrie, le Gloria, le Sanctus et l'Agnus Dei ; comme c'est le cas généralement pour les messes composées en l'honneur d'un saint, le credo en est absent. On notera deux arias, le Quoniam tu solus sanctus et le Benedictus qui venit qui mettent en valeur la superbe voix de la soprano Julia Lezhneva. Les deux psaumes qui complètent l'enregistrement sont plus précoces ; l'In exitu Israel date probablement de 1724 tandis que le De profundis a été composé en 1725 à la mémoire de son père, Jiří Zelenka, mentionné sur le manuscrit comme cantor et organista de Louňovice.

De nombreux manuscrits de Zelenka ont été perdus ou partiellement détériorés pendant les intenses bombardements de la fin de la seconde guerre mondiale. Le manuscrit de cette messe de Saint Joseph (dont le fac-simile est disponible sur IMSLP) a été particulièrement endommagé. Wolfgang Horn, le spécialiste de l'oeuvre de Zelenka, en a soigneusement reconstruit et édité les différentes parties.

Bernius et ses choeurs et orchestre de Stuttgart nous avaient déjà comblés avec leurs interprétations de la Missa Dei Filii en 1990 chez DHM, de la Missa Dei Patris en 2000 déjà chez Carus, de la Missa Ultimatum Sexta Omnium Sanctuorum chez Sony en 2002 et de la Missa motiva également chez Carus en 2010. Cette Missa Sancto Josephi est à nouveau une heureuse découverte portée par un quatuor de solistes du plus haut niveau dont la jeune trentenaire Julia Lezhneva déjà mentionnée et le fidèle alto Daniel Taylor. Ajoutons que la prise de son est excellente et regrettons que l'éditeur ne prête pas plus d'attention au livret ; mais quelle belle musique qui a failli être perdue et oubliée !

Jean-Marie André

Son 10 – Livret 7 – Répertoire 9 – Interprétation 10

Vos commentaires

Vous devriez utiliser le HTML:
<a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.