Des contes monotonement gris

par

Jacques Offenbach (1819 - 1880)
Les Contes d'Hoffmann - Opéra en un prologue, trois actes et un épilogue Michael Spyres (Hoffmann), Kathleen Kim (Olympia), Natalie Dessay (Antonia), Tatiana Pavlovskaya (Giuletta), Laurent Naouri (Lindorf, Coppélius, Docteur Miracle, Dapertutto), Michèle Losier (Nicklausse, La Muse), Francisco Vas (Andrès, Cochenille, Frantz, Pitichinaccio), Salomé Haller (La voix de la mère), Susana Cordon (Stella), Manel Esteve Madrid (Spalanzani), Isaac Galan (Schlémil, Hermann), Alex Sammarti (Luther), Carlos Chausson (Crespel), Airam Hernandez (Nathanaël)
Symphony Orchestra and Chorus of the Gran Teatre del Liceu, dir.: Stephane Denève. Mise en scène : Laurent Pelly. Nouvelle coproduction Gran Teatre del Liceu, San Francisco Opera, Opéra National de Lyon.
2013 - 2DVD : 78' et 105' - sous-titres en anglais, français, allemand, espagnol, catalan et italien.    Cette nouvelle production captée au Liceu de Barcelone en 2013, dirigée par Stephane Denève et mise en scène par Laurent Pelly, est basée sur l'édition Michael Kaye-Jean-Christophe Keck avec quelques nouveaux longs dialogues mêlés à des récitatifs, ce qui l'amène à une durée d'un peu plus de trois heures que l'on écoute avec très grand plaisir. Car la distribution est superbe: autant d'acteurs que de chanteurs, tous aussi à l'aise dans leurs registres, et les nombreux gros plans des prises de vue confirment l'intimité de chacun avec son personnage (l'exploit de Laurent Naouri dans ses quatre rôles démoniaques; Natalie Dessay fracassée à l'écoute de la voix de sa mère,....) De plus, et fait fort rare, la diction est parfaite, même celle des plus petits rôles. Stephane Denève opte pour des tempi assez lents et mesurés, jouant des milles couleurs de l'orchestre dont est truffée la partition d'Offenbach qui tire doucement vers le "grand opéra". Ajoutons encore l'exceptionnelle qualité des choeurs. Alors pourquoi pas un Joker ? Laurent Pelly propose une mise en scène monotonement grise (même pour la scène vénitienne), dans laquelle l'arrivée subite d'Olympia dans les airs crée un moment de fantaisie. Point de conte, de fantastique, de merveilleux, point de taverne, de boisson, d'étudiants... mais des hommes, en costumes 19e, gris, dans un univers sombre, des décors mobiles et discrets. Les prises de vue, si elles détaillent judicieusement l'expression, pêchent par un manque de vue globale de la scène. L'oeuvre inachevée d'Offenbach n'a pas fini de poser des questions : des coupures (l'enregistrement de Bonynge avait caviardé quarante minutes et il reste la référence)? Des récitatifs? Des dialogues? Une fantaisie colorée? Un sombre drame? Cette fois, on jouira pleinement du chant et de la musique, à écouter les yeux fermés.
Bernadette Beyne

 

 

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