L'ouvrage posthume de Serge Gut
Serge Gut nous quittait en avril dernier âgé de 86 ans (voir notre Journal du 5 avril). Il nous laissait son dernier ouvrage : "Tristan et Isolde, l'amour, la mort et le nirvâna" suivi d'une étude sur le traitement orchestral dans Tristan et Isolde réalisée par Jean-Jacques Velly, maître de conférences HDR à l'université Paris-Sorbonne, auteur de nombreux textes sur la musique des 19e et 20e siècles, notamment sur l'orchestre et l'orchestration. Chaque ouvrage de Serge Gut est un régal -on se souvient de ceux sur Liszt et d'autres sur Wagner- tant la passion les anime, argumentée par des analyses fouillées et à portée de qui connaît les bases de l'écriture musicale, sans jamais adopter un ton "professoral" et le côté ennuyeux qu'il implique. Car ses analyses ne sont jamais abstraites mais passent par le vécu, la sensibilité et l'intelligence du compositeur dont il cherche à éclairer les oeuvres. Avant d'aborder l'analyse de Tristan et Isolde, oeuvre majeure de la musique, Serge Gut la situe dans sa chronologie, face à Siegfried, aux Maîtres Chanteurs et à Parsifal, dans le contexte de vie qui l'a fait naître. Après une ouverture sur le fameux "accord de Tristan" qui y va de multiples interprétations et dont il donne la sienne, nous voilà embarqués dans ce corpus de trois ou quatre heures pour nous dire, plus que jamais, pourquoi sa thématique à connotation universelle nous impressionne toujours autant, pourquoi elle est et reste une oeuvre majeure la musique occidentale. Une riche bibliographie, un index des leitmotive et des exemples musicaux complètent utilement l'ouvrage.
Bernadette Beyne
2014, Editions Fayard, 274 pages, 17 €