Don Pasquale, réussite totale à La Monnaie

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Venant après une Flûte enchantée très problématique et une De la maison des morts peu festive par nature, cette nouvelle production de Don Pasquale de Donizetti faisait office de bulles de champagnes bien en accord avec l’ambiance des fêtes de fin d’année. Il faut dire que l’affiche pouvait rassurer les plus sceptiques : Laurent Pelly à la mise en scène et Alain Altinoglu en fosse ! Un tandem qui a fait ses preuves à La Monnaie !

Co-production avec les opéras de Santa Fe et du Liceu de Barcelone, ce Don Pasquale est d’abord une réussite scénique qui ne prête pas au débat contradictoire ! Laurent Pelly est à son affaire dans cet opéra qu’il mène au rythme endiablé d’un vaudeville cinématographique. On se plait à admirer chaque petit détail d’une scénographie réglée au millimètre et qui creuse finement les caractères des personnages de l’oeuvre avec dérision, humour mais aussi tendresse. Le décor de Chantal Thomas est simple et astucieux et, utilisé avec grande compétence, il participe au bonheur dramaturgique de cette production.

Côté distribution, deux casts se succèdent sur scène bruxelloise. Attendue dans le rôle Norina, la star Danielle de Niese fut annoncée malade et remplacée par Anne-Catherine Gillet, son alter-égo de l’autre distribution. La soprano belge est merveilleuse dans ce rôle qu’elle assure avec une grande présence scénique et un style vocal parfait. Son amoureux Ernesto, chanté par Joel Prieto n’est hélas pas du même gabarit vocal, on regrette des aigus plutôt difficiles et un timbre peu caractérisé, même si physiquement le ténor est à l’aise dans cette mise en scène. Michele Pertusi est, comme toujours, un modèle dans un rôle dont il connaît toutes les facettes et qui lui permet de faire valoir son brio et son intelligence du chant. Lionel Lhote est également exemplaire en Dottor Malatesta, et il se meut à merveille dans ce personnage. N’oublions pas de citer Alessandro Abis, fort amusant dans le petit rôle du notaire. Les choeurs sont peu sollicités par cet opéra, mais on apprécie leur présence et leur homogénéité, bien préparés par Martino Faggiani.     

Passant des redoutables difficultés de Janáček où il était apparu en difficultés, l’orchestre symphonique de La Monnaie fait belle figure sous la baguette galvanisante d’Alain Altinoglu. Cette oeuvre n’est certainement pas la plus difficile à diriger pour une baguette d’une telle envergure, mais le chef français sait mener ses troupes avec charisme et fine musicalité.

Bruxelles, Théâtre royal de La Monnaie, 14 décembre 2018

Pierre-Jean Tribot

Crédits photographiques : © Baus

 

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