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Si beau et donc si poignant :  Eugène Onéguine de Tchaïkovski à La Monnaie

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A La Monnaie ces jours-ci, avec l’Eugène Onéguine de Tchaïkovski mis en scène par Laurent Pelly, l’on peut encore vérifier le merveilleux paradoxe des grandes œuvres tragiques bien traitées : le malheur des uns -les personnages- fait le bonheur des autres -les spectateurs. 

Oui, elle est douloureuse la destinée de ces personnages-là : la jeune et naïve Tatyana tombe éperdument amoureuse du fascinant Onéguine. Il éconduit la « petite provinciale romantique ». Plus tard, il tue en duel Lenski, celui qui était son meilleur ami, et dont la femme Olga est la sœur de Tatyana. Plus tard encore, il retrouve Tatyana, devenue princesse Grémine. Il lui déclare son amour, mais elle, toujours éprise de lui cependant -« je vous aime »-, choisit la fidélité conjugale : « Adieu pour toujours ! » Il reste seul et désespéré.

Si cette œuvre éminemment romantique dans ses personnages et ses développements nous touche tant, c’est incontestablement grâce à la mise en scène de Laurent Pelly. Si elle est aussi poignante, c’est parce qu’elle est si belle dans ses déploiements scéniques.

Aucune couleur locale, aucune intention réaliste, rien de « russe », dans cette mise en scène. Non, une immense plateforme surélevée, « l’espace vide » si cher à Peter Brook, où rien ne vient nous distraire de ce qui se joue (un décor réalisé par Massimo Troncanetti). Tout va se réaliser dans la géométrie des mises en place, des déplacements et de l’intensité du jeu des personnages, chaque fois mis dans les meilleures conditions pour se faire entendre, pour se faire comprendre. Ainsi lorsque les deux couples (Olga-Lenski, Tatyana-Onéguine) s’expriment tour à tour, ils sont à l’opposé l’un de l’autre, mais la rotation du plateau les amène successivement au premier plan, face à nous. Lors de la célèbre scène de la lettre que Tatyana écrit pour Onéguine, l’arrière du plateau se relève et se referme peu à peu autour d’elle, comme un livre, ces livres qu’elle affectionne tant et qui racontent de si émouvantes histoires d’amour. Quand Lenski monologue avant le duel (son air fameux : « Où donc avez-vous fui, jours radieux de ma jeunesse ? »), le plateau cette fois s’est relevé en une sorte de pointe au bord de laquelle, dans l’obscurité, il est saisi par le faisceau d’un projecteur. Multiples encore sont ces moments où ce que l’on voit annonce ce qui va advenir (les surgissements d’Onéguine, l’apparition somptueuse de la Princesse Grémine-Tatyana à l’acte III). Subtils aussi sont les mouvements des chœurs, si explicites des réactions du « commun des mortels » face à l’inexorable.

Alain Altinoglu, à propos de César Franck 

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C’est sans aucun doute, la parution symphonique majeure des célébrations du bicentenaire de la naissance de César Franck : un album intégralement symphonique par l’Orchestre de la Radio de Francfort (Hr-Sinfonieorchester)  sous la direction de son directeur musical Alain Altinoglu. Ce disque propose la Symphonie en ré mineur, le poème symphonique Le Chasseur Maudit et la symphonie de Rédemption (1ère version de 1872) dit Ancien Morceau symphonique, partition redécouverte par le musicologue Joël-Marie Fauquet.  A  l'occasion de la sortie de ce disque, Alain Altinoglu répond aux questions de Crescendo-Magazine. 

Qu’est ce que représente César Franck pour vous ? 

J’ai rencontré la musique de César Franck alors que j’étais très jeune. Ce premier contact s’est fait par sa musique d’orgue. Comme je suis d’origine arménienne, j’allais à la messe à l’Eglise arménienne catholique dans le Marais qui s’appelle désormais Saint-Jean-Sainte-Croix et où j'ai joué l’orgue. Il se trouve qu’au XIXe siècle, cette église nommée Saint-Jean-Saint-François et dont l’orgue est l’un des premiers Cavaillé Coll construits à Paris, est liée à Franck car le compositeur en fut titulaire ! J’ai joué sur cet instrument dont l’un des tuyaux, au-dessus la console, est gravé d’une phrase qui signale que l’instrument fut joué par Franck !  Quelques années plus tard, j’ai pratiqué ses Variations symphoniques à l’occasion de l'examen pour l'obtention de mon prix au CRR de Saint Maur. Ma professeur m’avait suggéré de jouer ces Variations symphoniques comme pièce de concerto. Depuis que je suis en Belgique, je me suis de plus en plus intéressé à Franck et j'ai approfondi ma connaissance de sa musique et de sa biographie.  

César Franck est né à Liège, ville frontière des mondes latins et germaniques. Sa musique, et sa symphonie en particulier, a été jouée et enregistrée tant par des chefs de l’école franco-belge (Cluytens, Munch, Monteux, Paray,...), que par des chefs issus de la tradition germanique (Furtwangler, Karajan, Masur)... César Franck, et sa symphonie, sont-ils latins ou germaniques ? 

Étant en Belgique, j’ai mieux compris César Franck. Il a quelque chose de très belge, dans ce pays situé géographiquement entre la France et l'Allemagne. C’est certes très schématique d'énoncer cette évidence, mais il y a quelque chose dans le son, que j’essaie de cultiver à La Monnaie : un son qui n’est ni français, ni allemand. C’est pareil dans la musique de César Franck, il y a quelque chose dans la ligne mélodique et dans le rubato, qui est proche musique française, mais si on regarde dans l’architecture, l’harmonie, dans la manière d'orchestrer, nous sommes plus proches des grands compositeurs allemands.  Il faut être attentif à cet équilibre car je pense que cela ne marche pas si on va soit trop dans un sens, soit trop dans un autre.  C’est ce que j’ai tenté de faire dans notre approche pour cet enregistrement. Il ne faut par ailleurs pas perdre de vue que Franck a pas mal changé au cours de sa vie. Il est intéressant de noter qu’il a écrit ses œuvres les plus lyriques et les plus romantiques à un âge avancé, quand il tombait amoureux de ses élèves.  Ce mélange de maturité et d’élan amoureux romantique tardif,  est intéressant à faire ressortir.   

L’Orchestre Symphonique de la Monnaie en démonstration symphonique

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Ce vendredi 30 décembre a lieu le dernier concert de l’Orchestre Symphonique de la Monnaie à Bozar. Ce dernier clôture le 250e anniversaire de la phalange bruxelloise placée sous la direction de son Directeur Musical Alain Altinoglu. Le chef français est accompagné pour l’occasion de la brillante pianiste roumaine Alexandra Dariescu. Au programme de cette soirée, Sigurd Overture d’Ernest Reyer, les Variations Symphoniques de César Franck et la célèbre Symphonie Fantastique d’Hector Berlioz. 

L’opéra Sigurd d’Ernest Reyer a été créé à la Monnaie en 1884 et fait partie de l’un des moments les plus glorieux de la maison d’opéra bruxelloise. Cette ouverture très peu jouée est choisie pour ouvrir le bal de cette dernière soirée musicale. Le début est intense mais il y a aussi une certaine solennité. La suite est bien plus tranquille. Alors que les cordes jouent avec délicatesse, de magnifiques solos de la part de la clarinette, du cor et du hautbois émergent de l’orchestre. Tout s’anime, laissant place à un grand tutti dégageant une belle énergie tout en gardant de beaux contrastes. Une nouvelle période calme se profile avec de nouveaux solos exécutés avec brio par l’harmonie. La fin de l’ouverture avec la sonnerie de trompette est triomphale. Un public déjà conquis applaudit plus que vivement cette première interprétation de la soirée.

Place aux Variations Symphoniques pour piano et orchestre de César Franck. Avec la Symphonie en ré mineur, cette pièce fait partie du répertoire le plus connu et le plus joué du compositeur belge. La soliste du soir est la pianiste roumaine Alexandra Dariescu. Cette artiste à la renommée internationale collabore régulièrement avec de grands orchestres et de prestigieuses salles. 

La sélection du mois de décembre 2022 

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On commence cette sélection à Bruxelles au CPE Festival, avec 2 beaux concerts au Musée des instruments : le duo piano à 4 mains Zora et Nora Novotna interprétera un programme coloré et bigarré le dimanche 11 décembre.  Le 18 décembre, le violoncelliste Marcel Johannes Kits sera en compagnie de la pianiste Naoko Sonada pour un récital Schnittke, Brahms et Britten. 

L’un des évènements du mois sera la création posthume de On Purge bébé de Philippe Boesmans à La Monnaie du 13 au 29 décembre. Le théâtre belge nous gâte avec le retour d’Antonio Pappano pour un Winterreise de Schubert revu par Hans Zender en compagnie de Ian Bostridge (19/12). Alain Altinoglu sera à l’affiche d’un concert de fête avec la Symphonie Fantastique (30/12). 

A Bozar, le London Philharmonic traversera La Manche pour une Symphonie n°9 de Gustav Mahler sous la baguette de Vladimir Jurowski (6/12) avant que Philippe Herreweghe ne fasse trembler les murs avec la Missa Solemnis de Beethoven (17/12). 

Au Flagey, l’Ensemble Musiques Nouvelles célèbre ses 60 ans avec une soirée anniversaire (5/12). La pianiste Işıl Bengi présentera son nouvel album avec des œuvres de Granados, Tajcevic, Balakirev  (16/12).

Le Belgian National Orchestra sera à Bruxelles (9/11) et à Namur (10/11) pour des concerts sous la direction de Kazuki Yamada. 

Toujours à Namur, l’excellent Ensemble Clematis proposera un oratorio de Noël imaginaire constitué au départ d’œuvres de compositeurs allemands du XVIIe siècle (9/12). 

Du côté de Liège, les fêtes seront joyeuses avec une production de La Vie Parisienne de Jacques Offenbach (23 au 31/12).  L'Orchestre philharmonique royal de Liège clôt son année César Franck avec une interprétation de l'oratorio Les Béatitudes (Bruxelles le 08/12 et Liège le 10/12).  

A Lille, avec l’Orchestre National de Lille, il ne faudra pas manquer les concerts avec la rare Petite Sirène de Zemlinsky (1er et 2 décembre)  et celui avec le Chant de la terre de Gustav Mahler ( 8 décembre). 

Avec le temps va tout s’en va « Der Rosenkavalier » de Richard Strauss  

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« Avec le temps va tout s’en va » : ces mots d’une chanson de Léo Ferré disent si bien la réalité du Rosenkavalier de Richard Strauss, à condition qu’on les conjugue avec une réplique d’une des personnages : « C’est une mascarade viennoise » ! Cet opéra est une merveille de conception, une merveille de partition. La direction d’Alain Altinoglu, la mise en scène de Damiano Michieletto et ses interprètes le servent au mieux.

Le temps s’en va et nous emporte, irrémédiablement. Tel est le constat que fait la Maréchale. Une femme d’élégance, de joie, de bonheurs multiples, de soif de vivre, mais qui, un matin, prend soudain conscience de cette irréversibilité-là et de tout ce qui, désormais, ne lui appartiendra plus. Elle a compris que son jeune amant, Octavian, finira par la quitter pour une autre « plus jeune et plus belle » : la jeune et belle Sophie. Cette prise de conscience nous vaut des moments musicaux et vocaux admirables. Quelle tristesse, quelle nostalgie déjà dans la voix de celle qui chante, et comme l’orchestre et quelques instruments solistes en multiplient les échos. Personnellement, c’est pour moi, loin des grandes détresses exacerbées du répertoire lyrique, une page qui m’émeut chaque fois.

Mais mascarade il y a aussi ! Et c’est d’ailleurs la force de cette œuvre que de rester légère dans l’émotion grâce à ses complications vaudevillesques. Elle ne s’appesantit pas. Si elle nous émeut, elle nous fait rire. Et cela grâce à un personnage « énooorme », une sorte de Falstaff viennois, le Baron Ochs. Il a le projet d’un mariage qui le renflouera avec une jeune fille, Sophie, aux parents en quête de respectabilité mondaine. Mais, jouisseur ridicule, il va se heurter aux réjouissants stratagèmes de la Maréchale et d’Octavian. Tohu-bohu, déguisements, quiproquos, imbroglio : oui, c’est une farce alors.

Damien Michieletto installe tout cela dans un univers scénique de grande élégance, qui n’a rien de réaliste, mais qui suggère. Il réussit à donner à voir le douloureux constat de la Maréchale : sa chambre est répétée en arrière-plan, on y découvre un sosie désenchanté de cette Maréchale, ou encore des femmes de générations successives. De la neige recouvre cet espace. Comme un écho à ce « Tombe la neige, tu ne viendras pas (plus) ce soir », que chantait Adamo. Quand elle commence son air merveilleux de tristesse face au temps qui passe, on vient déposer à l’avant du plateau des dizaines de (magnifiques) horloges, en résonnance avec ses mots : « Parfois je me lève la nuit et je fais arrêter toutes les pendules, toutes ». Quelle belle image finale aussi que celle du jeune couple s’en allant au loin dans un paysage montagneux, là-bas, alors que la Maréchale rejoint le triste lit conjugal dorénavant à l’avant-plan du plateau, ici. Les bonnes idées ne manquent pas pour les scènes de farce, surlignées comme il convient (ah ! Octavian déguisé en soubrette hollywoodienne séductrice ; ah ! les deux sbires Dupont-Dupond du Baron ; ah ! les Autrichiens en shorts de cuir). Avec quelques surgissements davantage surréalistes comme les corbeaux apparaissant aux seuls yeux du Baron dans la scène de l’auberge ou de gros ballons de baudruche blancs. 

La sélection d’Octobre 2022 par Crescendo Magazine 

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Ce mois d’octobre nous permet de saluer les concerts du CPE Festival. Du nom du  Crédit Populaire Européen, cette structure organise, en étroite collaboration avec l'asbl MGConcerts,  une série de 20 concerts par an au Musée des Instruments de Musique de Bruxelles (MIM).  L’affiche propose des artistes internationaux reconnus mais des musiciens belges et de jeunes talents passionnants. En octobre, on note des concerts du Mona Quartet dans Haydn et Debussy (dimanche 9 octobre à 12h) et un récital de la pianiste Elodie Vignon et de la contralto Sarah Laulan pour un voyage musical à travers le temps et les continents (25 octobre à 12). 

A Bruxelles, La Monnaie va régaler avec une nouvelle production de Rosenkavalier sous la direction d’Alain Altinoglu alors que Flagey se consacrera à Schubert avec un festival de 3 jours. 

Du côté des orchestres, le Belgian National Orchestra accueille Stanislav Kochanovsky à la baguette et l’exubérant Nemanja Radulovic au violon pour deux concerts à Bozar (7 et 9 octobre). Bozar sera également l'hôte d’un concert de prestige de la Philharmonie Tchèque de Prague sous la direction de Semyon Bychkov, avec Gautier Capuçon en soliste (21 octobre)   

Du côté de l’Orgue, Franck sera à la fête avec un concert à l'église des Dominicains de Bruxelles en compagnie des organistes Cindy Castillo et Bart Verheyen ainsi que de Joris Verdin à l’harmonium et de François Masset, soprano : le 15 octobre à 19h. Du côté de Liège et de la Salle philharmonique, Jean-Luc Thellin propose une journée de concerts dans le cadre du lancement de son intégrale discographique de l'œuvre pour orgue (23 octobre). 

De son côté, le festival Voix en Ville organise sa première édition en présentiel, un programme contrasté entre voix et littérature : Bruxelles du 6 au 9 octobre.  

A Gand, l’Opéra des Flandres se surpasse avec les représentations gantoises de Grandeur et Décadence de la ville de Mahagony de Kurt Weill, les reprises de Mozart Concert Arias dans la chorégraphie d’Anne Teresa De Keersmaeker et des Scènes de Faust de Schumann mises en images par Julian Rosefeldt et sous la direction de Philippe Herreweghe. 

Passons les frontières avec l’Ensemble Variances de Thierry Pécou qui sera à Paris pour un concert de lancement de son projet Le monde étincelant pour son label numérique Ohaya Records. Rendez-vous le 8 octobre au Conservatoire du XVIIe arrondissement de Paris. 

A Paris, le Théâtre des Champs Elysées nous régale de lyrique avec Iphigénie en Aulide de Christoph Willibald Gluck (7 octobre) mais surtout le  Zoroastre de Rameau (16 octobre) avec une équipe artistique en partie nationale : Jodie Devos, Reinoud Van Mechelen, Gwendoline Blondeel et  le Chœur de Chambre de Namur, sous la direction d’Alexis Kossenko. A Radio-France, l'Orchestre national accueille le géant du violon Frank Peter Zimmermann pour le concerto de Brahms avec rien moins que Philippe Jordan (6 octobre). L'ONF fera l'évènement tout au long du mois avec un concert de Cristian Măcelaru avec la soprano Fatma Saïd (13 octobre) et le retour de Riccardo Muti, l'un des chefs invités vénérés des Parisiens (20 0ctobre). 

N’oublions pas nos amis hollandais qui à Maastricht, pas très loin des frontières belges, pourront se régaler des concerts de l’International Classical Music Festival. Ces concert se dérouleront à la Sint Janskerk du 13 au 16 octobre. 

Concert de rentrée de l'Orchestre Symphonique de la Monnaie de La Monnaie sous la direction d'Alain Altinoglu

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Ce dimanche 25 septembre a lieu à Bozar un concert donné par l’Orchestre Symphonique de la Monnaie dans le cadre du 250e anniversaire de sa création. Au programme de cette soirée festive, la Symphonie de Rédemption de César Franck, les Vier letze Lieder de Richard Strauss, Beyond de Harold Noben (création mondiale commandée par la Monnaie) et, pour finir, Till Eulenspiegels lustige Streiche, op.28 lui aussi de Richard Strauss. Nous retrouvons au pupitre de la phalange bruxelloise son directeur musical Alain Altinoglu accompagné pour l’occasion par la soprano britannique Sally Matthews.

Pour commencer, César Franck, dont on fête le bicentenaire de la naissance, est mis à l’honneur avec la première bruxelloise de la  Symphonie de Rédemption (1ère version de 1872 dit « Ancien morceau symphonique »), une partition redécouverte par le musicologue Joël-Marie Fauquet. Les premières notes sont jouées avec une certaine franchise nous plongeant immédiatement dans le concert. De beaux solos de clarinette, flûte et cor se distinguent dans cet Allegro Molto transmettant une belle énergie gérée avec brio par Alain Altinoglu. L’équilibre entre les cordes et l’harmonie est parfaitement ajusté. Dans le tumulte de cette œuvre se trouvent des moments d'accalmies avant que la musique ne reparte de plus belle. De belles intentions musicales sont données par le chef, ce qui rehausse l'interprétation déjà d’une excellente qualité. De plus, il sait conduire avec beaucoup de naturel les différentes progressions et nuances de cette œuvre. La pièce se termine avec un decrescendo général tout en gardant une certaine énergie.

La première partie du concert se clôture avec les Vier letze Lieder de Richard Strauss. Après un rapide changement de plateau voyant l’effectif imposant se réduire quelque peu, la soliste britannique Sally Matthews fait son entrée pour interpréter cette œuvre faisant partie des pièces les plus célèbres pour orchestre et soprano. Cette pièce datant de 1948 est la dernière composition de Richard Strauss. Ce dernier s’est inspiré de poèmes de Joseph von Eichendorff, en particulier par Im Abendrot (Dans le rouge couchant), pour composer ces quatre Lieder. Le premier Lied, Frühling (Printemps), commence dans un climat mystérieux. La soliste atteint avec aisance le registre aigu exigé par la partition. L’orchestre soutient Sally Matthews sans pour autant empiéter sur sa voix. Il sait néanmoins prendre le relais lorsque qu’elle ne chante pas. Le deuxième Lied, September (Septembre), commence tel un frémissement qui parcourt un jardin d’été. Le chef transmet avec grande délicatesse ses intentions musicales pour soutenir d’une belle façon la soprano. Ce deuxième Lied se termine en douceur, comme si l’on fermait paisiblement les yeux. Le troisième Lied, Beim Schlafengehen (En s’endormant), débute avec une certaine gravité. Sally Matthews aspire à l’oubli que procure le sommeil. La Konzertmeister nous offre par ailleurs un magnifique solo. Les contrastes sont saisissants. Le dernier Lied, Im Abendrot, permet à la soprano de montrer une dernière fois l’étendue de son talent et de sa maitrise vocale. Alain Altinoglu conduit subtilement un orchestre attentif pour sublimer la belle voix de la soliste. Le dernier vers, mystérieux, nous renvoie au thème principal du poème symphonique Tod und Verklärung composé 60 ans plus tôt. Cette excellente prestation est acclamée par un public conquis par la maîtrise de l’orchestre, la voix enchanteresse de la soliste et la direction bienveillante du chef.

Au Festival de Salzbourg 2022

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Cette année, les Salzburger Festspiele ont à nouveau pu présenter un riche programme de concerts, récitals, opéra et théâtre, un soulagement après les problèmes et restrictions de l’année précédente. Six productions scéniques et deux versions de concert étaient à l’affiche. Dans les distributions, à côté de noms illustres, de jeunes chanteurs participant au «Young Singers Project», qui suivent des Masterclasses et ont été choisis pour faire partie de l’ensemble. C’était le cas de la soprano belge Flore Van Meerssche qui a été distribuée en « sacerdotessa » dans la production d’Aida (Verdi) dirigée d’ailleurs par Alain Altinoglu, le directeur musical de la Monnaie.

Cette Aida était une reprise de la production de 2017 dans une mise en scène de Shirin Neshat, une artiste iranienne (photographe, vidéaste), avec des décors abstraits de Christian Schmidt. Pas d’évocation de l’Egypte des pharaons, mais un monde oriental plutôt islamique, sévère et fermé, avec des femmes voilées, des hommes insolents et effrontés qui terrorisent même la Cour de la Princesse Amneris,(sur la musique des petits esclaves maures !) et des blocs de prêtres immobiles avec de longues barbes blanches. Des projections réalisées par la photographe Neshat illustrent le contexte d’Aida, qui ne correspond pas au livret de l’opéra, et la mise en scène et la caractérisation des personnages restent trop sommaires. Pas étonnant qu’Erwin Schrott fasse régulièrement sortir le grand prêtre Ramfis des rangs ! Vocalement un peu plus de discipline aurait été préférable. Rien à reprocher à Roberto Tagliavini qui donnait au Roi noblesse vocale et autorité. Piotr Beczala débutait en Radames et donnait une belle allure au jeune guerrier. Vocalement, le rôle était brillamment interprété et il terminait « Celeste Aida » tout en nuances comme Verdi l’avait souhaité ! Elena Stikhina offrait à Aida une voix souple et expressive, de belles nuances et de l’émotion. Belle prestation d’Eve-Maud Hubeaux dans le rôle d’Amneris : allure royale, voix ample et expressive et interprétation captivante. Luca Salsi campait un Amonasro vaillant. Dans sa brève intervention de la sacerdotessa du temple, Flore Van Meerssche donnait à entendre une voix limpide et pure. C’est Alain Altinoglu, le directeur musical de la Monnaie, qui dirigeait le Wiener Philharmoniker dans une exécution subtile et dynamique, pleine de nuances et de couleurs, avec un soin remarquable pour les chanteurs et un grand souffle dramatique.    

Il Trittico de Puccini avait droit à sa toute première présentation au Festival de Salzburg, sous la direction musicale de Franz Welser-Möst et dans une mise en scène de Christof Loy. Il se présentait d’emblée comme la production la plus populaire du festival. Certainement aussi grâce à la présence dans les trois operas d’Asmik Grigorian, la soprano lituanienne qui est la nouvelle star du Festival. Loy choisit de ne pas présenter les trois opéras Il Tabarro, Suor Angelica et Gianni Schicchi dans l’ordre habituel. La soirée débutait avec Gianni Schicchi sous forme d’une farce burlesque pour finir avec Suor Angelica, prisonnière dans un cloitre strict, enfermée entre des murs gris qui bannissent le soleil et la verdure, quasiment sans chaleur humaine.

Il Trittico de Puccini à la Monnaie : une éclatante réussite 

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Monter le Trittico de Puccini en une seule soirée est une gageure, car c’est prendre le risque de représenter l’un après l’autre trois courts opéras tout à fait dissemblables : un drame de la jalousie dans Il Tabarro, une triste histoire de fille-mère reléguée depuis de longues années au couvent dans Suor Angelica, une farce madrée et subtile dans Gianni Schicchi.

Saluant le public venu nombreux et très largement sans masque à la Monnaie pour enfin revivre une soirée d’opéra à l’ancienne, Peter de Caluwe tempéra sans doute l’enthousiasme de certains en annonçant que ce que le public de cette première représentation verrait était certes la première mais aussi la générale du spectacle. En effet, la générale avait dû être annulée en raison de la maladie -covid en l’occurrence- de la chanteuse Corinne Winters, remplacée par Lianna Haroutounian initialement prévue dans la deuxième distribution et qui faisait ses débuts sur la scène bruxelloise.

Rarement représenté et enregistré, Il Tabarro est à coup sûr le plus noir et vériste des opéras de Puccini. Pour représenter la péniche amarrée sur la Seine où se déroule l’action, Rainer Sellmaier a conçu un ingénieux décor à deux étages et quatre compartiments. Au niveau supérieur on trouve le pont de la péniche ainsi que la chambre à coucher du couple de bateliers, alors qu’au niveau de la scène sont représentés la cale du bateau et le bord de Seine. Puccini joue résolument la carte du vérisme dans ce bref drame qui verra le batelier Michele tuer son rival Luigi dans la cale. Très attentif à la différence de nature entre chaque volet du triptyque, le metteur en scène Tobias Kratzer opte ici pour une approche puissamment expressionniste, mettant aussi bien en évidence l’irrésistible attirance physique entre Giorgetta -la femme du batelier -et le marin Luigi que les affres de la jalousie qui dévore Michele. 

Lulu à la Monnaie : beauté de la laideur ou laideur de la beauté?

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La Lulu de Berg représentée à la Monnaie en 2012 avec Barbara Hannigan dans le rôle-titre avait été unanimement saluée par la critique, tant pour la prestation de la protagoniste que pour la mise en scène de Krzysztof Warlikowski. La reprise de cette production ayant acquis entretemps une réputation légendaire était donc attendue avec impatience.

Située dans un décor unique rappelant une station de métro, avec un imposant escalator (en panne, semble-t-il) et des carrelages blancs placés sous des éclairages glauques à quoi s’ajoute une espèce de grand aquarium (parfois placé en retrait, parfois sur le devant de la scène), l’approche du metteur en scène polonais exacerbe à l’extrême le rôle de Lulu qui n’est pas ici une femme fatale ou une mangeuse d’hommes, mais une femme qui s’élève dans la société par un usage ambigu et désespéré de la sexualité où elle se montrera tout à tour dominatrice et dominée.

La mise en scène excelle à montrer les ambiguïtés des rapports humains que le texte de Wedekind montre trop souvent réduits à de perverses transactions entre sexualité, argent et pouvoir, tous les sentiments d’effaçant d’ailleurs devant les manipulations et dépendances réciproques des personnages, jusqu’à la triste fin d’une Lulu, déchue et pathétique prostituée, sous les coups de Jack l’Eventreur.

La sélection des concerts de novembre 2021

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On commence ce parcours avec le dernier concert du festival Voce & Organo qui se déroulera à l'église Saint-Jacques de Liège, le 20 novembre 2021. Au programme Michael Praetorius et Jan Pieterszoon Sweelinck par l’Ensemble Polyharmonique sous la direction de Alexander Schneider avec, en soliste, l’organiste Arnaud van de Cauter. 

A Bruxelles, La Monnaie propose la reprise de la production iconique de Lulu d’Alban Berg avec dans la rôle-titre Barbara Hannigan sous la direction d’Alain Altinoglu. Le directeur musical de la maison lyrique bruxelloise sera également au pupitre de son orchestre pour un concert symphonique avec le Concerto à la mémoire d’un ange d’Alban Berg (soliste Renaud Capuçon) et la Symphonie n°1 de Gustav Mahler (28 novembre à Bozar). 

Le Belgian National Orchestra proposera deux belles affiches : le pianiste Jean-Yves Thibaudet et le chef d’orchestre Lionel Bringuier (5 et 6 novembre à Bozar) et un concert Mozart avec la Grande messe en ut placée sous la direction de Riccardo Minasi avec le Choeur de Chambre de Namur et une belle distribution avec, en tête d’affiche, la soprano Jodie Devos (13 novembre à Namur et 14 novembre à Bozar).   

Novembre, c’est également le mois du festival Ars Musica qui prend ses quartiers à Bruxelles. On note deux beaux événements : Une dyptique “Voix Humaine” avec des oeuvres de Lukas Ligeti et Françis Poulenc avec la soprano Clara Inglese au Théâtre des Martyr (15 septembre) et "Madrigali", liens entre le passé et le présent avec des œuvres de Gualtiero Dazzi et Claudio Monteverdi par l’Ensemble Variances de Thierry Pécou (16 novembre aux Halles de Schaerbeek).  

De Kinderen der Zee: une remarquable redécouverte

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On n’apprendra rien à personne en faisant observer que les organisateurs de concerts en Belgique ne se signalent que rarement par leur souci de mettre en valeur le patrimoine musical du Plat pays, ce qui est franchement regrettable d’autant plus que ce ne sont pas les (re)découvertes à faire qui manquent.

On n’en félicitera que davantage Alain Altinoglu d’avoir mis à l’affiche cette saison deux représentations en concert de De Kinderen der Zee (Les enfants de la mer), unique opéra du compositeur Lodewijk Mortelmans (1868-1952). Mortelmans travailla 15 ans à cette oeuvre pour laquelle il choisit de mettre en musique la pièce éponyme de Rafaël Verhulst, et qu’il mena à bien en août 1915 alors que la Première Guerre mondiale faisait rage. L’Opéra Royal flamand d’Anvers avait d’abord envisagé de créer cet opéra en 1918 en vue de marquer le vingt-cinquième anniversaire de l’institution. Mais les séquelles du conflit firent cependant que ces plans prirent du retard, de sorte que la première dut attendre jusque mars 1920. Si la critique musicale salua unanimement la musique, la mise en scène et les décors, elle se montra plus réservée sur certains interprètes mais surtout sur le livret, jugé assez faible et insuffisamment théâtral (nous y reviendrons). Il faut ajouter que la personnalité de l’auteur de la pièce n’était sans doute pas étrangère à certains jugements. (Rafaël Verhulst était en effet un personnage contesté. Fervent partisan de la cause flamande, il fut condamné à mort en 1920 pour collaboration avec l’ennemi : rédacteur en chef du journal Het Vlaamsche Nieuws, organe de l’activisme flamand, il siégea également au Raad van Vlaanderen -Conseil de Flandre-, parlement officieux constitué sous l’oeil bienveillant de l’occupant et qui proclama l’indépendance de la Flandre en 1917. L’intéressé s’étant réfugié aux Pays-Bas, la peine ne put être exécutée.) Très peiné par l’accueil de la critique et le fait que De Kinderen der Zee ne connut que sept représentations, Mortelmans décida d’interdire toute représentation scénique de l’oeuvre. Il en fit cependant entendre le troisième et dernier acte en concert à Anvers en 1924 et tira de l’opéra une suite orchestrale et vocale de 90 minutes exécutée à Anvers également en 1942.

C’est donc un public à l’affût de la découverte qui se pressait au Palais des Beaux-Arts pour entendre une oeuvre dont la partition avait pris la poussière pendant plus d’un siècle.

Alain Altinoglu et l’Orchestre symphonique de la Monnaie brillent dans le répertoire français (et belge)

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C’est à l’Orchestre Symphonique de la Monnaie et à son directeur musical Alain Altinoglu que revenait l’honneur (on est tenté de dire : le bonheur, l’orchestre et son chef -comme le rappela ce dernier en début de seconde partie- s’étant produits pour la dernière fois au Palais des Beaux-Arts il y a un an déjà) d’ouvrir la saison musicale de Bozar.

Après les annulations en cascade que nous a values le covid, il y a largement de quoi se réjouir de pouvoir assister à un concert symphonique dans des conditions à peu près normales, même si quatre parcours distincts -en fonction des places occupées- étaient prévus pour les spectateurs depuis l’entrée du Palais jusqu’à la grande salle Henry Le Boeuf qui présente encore à certains endroits les stigmates des dégâts des eaux consécutifs à l’incendie du 18 janvier. Le port du masque est bien sûr imposé au public durant toute la durée du concert (les cordes de l’orchestre faisant d’ailleurs de même) et des sièges vides séparent les différentes « bulles » familiales ou amicales.

Néanmoins, il est impossible de nier que même s’il est encore trop tôt pour parler d’un retour à la normale, quelque chose comme un vent de liberté mêlé d’un profond soulagement souffle sur la salle bruxelloise après ces si longs mois de restrictions.

Et c’est un programme de ce répertoire français (et même un petit peu belge) qui leur convient si bien que le chef français avait choisi pour débuter cette nouvelle saison dans la bonne humeur avec un répertoire aussi accessible que de qualité.

La sélection de septembre de Crescendo-Magazine 

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Avec ce mois de septembre, les publics remettent le cap sur les salles de concerts, en espérant que cette nouvelle saison puisse se dérouler normalement ! Tant les artistes que le public en ont besoin !  

Le grand événement de cette rentrée est l’inauguration du  Grand Manège, la nouvelle salle de concert de Namur. L’évènement est de taille en Belgique francophone car c’est la première fois qu’une nouvelle salle de concert conçue pour la musique classique est inaugurée depuis l’ouverture de la Salle philharmonique de Liège en 1887 ! Ce week-end inaugural sera complété d’une saison qui prendra ses quartiers au printemps 2022. www.grandmanege.be

Un week-end de célébrations est planifié du 3 au 5 septembre avec évidemment la présence sur scène du chœur de Chambre de Namur et du Millenium Orchestra sous la direction de Leonardo Garcia-Alarcon. 

On revient à Bruxelles avec le festival Voce et Organo dont nous avons publié une présentation des différents évènements.

Saténik Khourdoïan, violoniste 

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Super-soliste de l’Orchestre Symphonique de La Monnaie, la violoniste Saténik Khourdoïan fait l'événement avec un enregistrement de l’oeuvre pour violon et orchestre de Tchaïkovski. La musicienne est accompagnée par ses collègues de l’Orchestre de La Monnaie sous la direction d’Alain Altinoglu. 

Tout d’abord, pour quelles raisons avez-vous choisi le Concerto pour violon de Tchaïkovski pour cet enregistrement ? 

Je trouvais important de faire mon premier disque avec orchestre autour d'une pièce maîtresse du grand répertoire. C'est une œuvre d'un romantisme exacerbé et d'un grand lyrisme russe mais à la fois très occidental, (la mère de Tchaïkovski  était d'origine française), et enregistrer cette pièce était mon rêve depuis longtemps. Par rapport à d'autres enregistrements, le contexte est ici différent, mêlant le répertoire concertiste avec celui de violon solo intégré à l'orchestre, ce qui se prête parfaitement à mes deux casquettes de violoniste !

Est-ce un avantage d’enregistrer un tel concerto avec votre orchestre et votre directeur musical Alain Altinoglu ?

Oui, absolument. Lorsque l'on connaît ses partenaires musicaux, on gagne du temps, l'orchestre étant très à l'écoute et il a pour habitude de me suivre ; aussi, notre vision avec Alain Altinoglu était commune, cela s'est fait assez naturellement du fait qu'on travaille régulièrement ensemble. Il n'y avait pas besoin de tergiverser et l'atmosphère de l'enregistrement était à la fois exigeante et conviviale, ce qui a été une grande chance.

L’album se complète par la Valse sentimentale et des extraits de Lac des Cygnes. Nous avons un panorama complet de l'œuvre du compositeur pour le violon. Dès lors, quel est l’apport de Tchaïkovski à l’écriture pour violon ?

L'écriture du concerto,très solistique, diffère de l'écriture du Lac des cygnes qui est une musique d'accompagnement à la chorégraphie, plus rythmée et descriptive ; la Valse sentimentale n'est d'ailleurs pas écrite pour le violon à l'origine, mais pour le piano ; elle a par la suite été arrangée pour violon et piano. C'est une pièce intimiste que l'on joue en "encore" . Tchaïkovski apporte au style violonistique une grande virtuosité et une plus grande difficulté technique, où le violoniste peut vraiment briller et prendre le rôle de "Prima Donna", particulièrement dans le concerto où une grande liberté est laissée au soliste par le grand nombre de cadences -ce qui n'est pas étonnant lorsque l'on sait que c'est la Symphonie espagnole de Lalo qui a inspiré l'écriture du concerto à Tchaïkovsky. De plus, les élans évoquant les pas de danse et le grand romantisme russe apportent une couleur et un lyrisme propres à ce concerto. 

Streamings de la semaine : Tourcoing, Liège et Bruxelles

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Pour commencer cette sélection, nous vous donnons rendez-vous en ligne. Le samedi 5 juin à 20h sur la page Facebook de l’Atelier lyrique de Tourcoing,vous pourrez retrouver l'Orchestre les Ambassadeurs sous la direction d’Alexis Kossenko pour un concert qui fera revivre l’orchestre de Dresde au temps de Bach, à travers une sélection de chefs-d’œuvre de Zelenka, Heinichen, Pisendel, Fasch. Ce concert sera également en crosspostage sur la page Facebook sur Crescendo Magazine.

Les Ambassadeurs n’ont pas lésiné sur les moyens pour en rendre toute la saveur, l’intensité et la fougue – orchestre somptueux et solistes d’exception (Coline Dutilleul et Stephan MacLeod). Un projet filmé dans le cadre de l'abbaye de Royaumont. 

A l'Opéra de Liège, ce sera la fête à Mozart avec un superbe Cosi fan Tutte sous la direction de Christophe Rousset. Au pupitre de cette version concertante, le chef français dirigera une distribution qui s’annonce excellente : Cyrille Dubois, Leon Košavić, Maria Rey-Joly, Lucia Cirillo, Sophie Karthäuser et Lionel Lhote. Rendez-vous du 5 juin au 15 juin. 

Du côté de La Monnaie de Bruxelles, qui reprend des représentations publiques avec Tosca de Puccini et un récital particulièrement attendu de Simon Keenlyside, vous pouvez visionner jusqu’au 8 juin un concert nordique avec Sibelius (Concerto pour violon) et Grieg (Extraits de Peer Gynt) avec le violoniste Emmanuel Tjeknavorian, en compagnie de l’Orchestre symphonique de La Monnaie sous la direction d’Alain Altinoglu. 

Une semaine de streaming : Schmitt, Satie, Wagner, Brahms, Jongen, Mozart et Brahms à Francfort, Lille, Bruxelles, Bari et Cologne

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Pour commencer cette semaine, rendez-vous à Francfort avec l'orchestre radiosymphonique de la Hesse ( Hr-Sinfonieorchester) sous la direction d'Alain Altinoglu avec la Tragédie de Salomé  de Florent Schmitt dans sa superbe (mais si rare) version originale ! Un grand moment de musique.

Dans ce même programme, Alain Altinoglu dirige les Gymnopédies n°1 et n°3 d'Erik Satie dans l'orchestration de Claude Debussy.

Symphonie pour un cerveau, un documentaire avec Michel Cymès et Alain Altinoglu 

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Les nouveaux documentaires sur des artistes musicaux de notre temps sont rares et les documentaires musicaux avec des thématiques transversales à partir de la musique classique sont encore plus rares. C’est dans ce contexte qu’il faut saluer Symphonie pour un cerveau, un documentaire de Michel Cymes, François Dru et Jean-Pierre Devillers, réalisé par Jean-Pierre Devillers, réalisateur multi-primé pour ses nombreux documentaires culturels. 

Pour ce film, le célèbre Docteur Michel Cymes et le chef d’orchestre Alain Altinoglu dissèquent le cerveau de cette profession souvent fantasmée mais si méconnue, et la totalité des compétences qu’elle requiert. L’opération musicale explore : neurologie, ORL, physiologie, imageries médicales, leadership,... pour répondre à cette question : que se passe-t-il dans le cerveau d’un chef quand il dirige ?  

Les tops du mois de septembre 

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En mars dernier, quand Crescendo Magazine a mis en ligne sa sélection des concerts du mois, on ne se doutait pas qu’il faudrait attendre 5 mois pour mettre en ligne la suivante. Dès lors, nous sommes heureux de vous proposer une sélection d’événements à ne pas rater. Nous rappelons qu’il s’agit ici d’une sélection éditoriale et non d’un panorama exhaustif de l’offre de concert. 

Crescendo Magazine est par ailleurs heureux de vous annoncer qu’il sera, tout au long de la saison, partenaire média du CAV&MA (Centre d’Art Vocal & de Musique Ancienne) de Namur et de l’Atelier Lyrique de Tourcoing

Cette rentrée musicale commence fort, à Lille, avec un concert de l’Orchestre Français des Jeunes, sous la direction de Fabien Gabel (relisez ici l'interview qu’il nous a accordée). Ce sera au Nouveau Siècle le 3 septembre prochain. 

A quelques encablures, l’Atelier Lyrique de Tourcoing vous attend pour une journée portes ouvertes, le samedi 19 septembre, avec une affiche de classe mondiale : Bertrand Chamayou et Jean-François Heisser au piano ; Jean-Guihen Queyras au violoncelle ; le quatuor Manfred ; les mezzo-sopranos Salomé Haller et Isabelle Druet ; la Grande Ecurie et la Chambre du Roy sous la baguette d’Alexis Kossenko et Les Siècles sous la direction de François-Xavier Roth. 

Ce même François-Xavier Roth sera en concert en Belgique au Singel d’Anvers avec son autre orchestre : le Gürzenich Orchester Köln dans des oeuvres de Stravinsky et R. Strauss avec Bertrand Chamayou en soliste (7 septembre). On le retrouve ensuite à la Philharmonie de Paris pour un concert qui rendra hommage à la chorégraphie originale du Bolero de Maurice Ravel (26 et 27 septembre). 

Le Chœur de Chambre de Namur – Team Liège et la Cappella Mediterranea sous la direction de notre cher Leonardo García Alarcón seront en l’église de Falmignoul dans le cadre du festival Orferidis pour un programme de Maîtres Wallons de la Renaissance (19 septembre à 17h et 20h). CALeonardo

Les Contes d’Hoffmann à La Monnaie : les comptes sont-ils bons ? 

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Le retour des Contes d’Hoffmann sur la scène de La Monnaie était un évènement ! En effet, l’opéra fantastique de Jacques Offenbach fit les beaux jours de la scène bruxelloise que ce soit dans la mise en scène de Maurice Béjart dans les années 1960 ou celle de Gilbert Deflo dans les années 1980. Quant à l’icône nationale José van Dam, il enregistra l’oeuvre avec Sylvain Cambreling et ses forces belges dans les années 1980 pour le label EMI, intégrale qui fait encore figure de belle référence. Mais l’évènement de cette nouvelle production est musical !

On connaît la genèse complexe de cet opéra qui fut créé à titre posthume. Face à la multitude des sources, différentes éditions existent, connues sous des appellations très codées : Choudens, Felsenstein, Oeser, Kaye 1, Kaye 2…. Cependant, au fil du temps de nouveaux manuscrits réapparaissent et peuvent être intégrés au texte musical. Dans ce contexte, Michael Kaye et Jean-Christophe Keck, les meilleurs connaisseurs du “Mozart des Champs-Elysées” ont élaboré l’édition la plus exhaustive (publiée chez les Allemands de Schott), mais qui permet aux interprètes d’opérer des choix. Alain Altinoglu dirige donc l’édition la plus complète à ce jour en privilégiant les récitatifs au texte parlé (flexibilité que permet cette édition). Prolongement de cette qualité éditoriale, le directeur musical de La Monnaie dirige Offenbach avec toute la justesse stylistique et les couleurs requises au pupitre d’un orchestre qui est toujours musicalement parfait. Certes les sonorités ne sont pas toujours les plus flatteuses mais le ton est exemplaire sous une baguette qui mène l’oeuvre idéalement tant narrativement que poétiquement. 

Revivre, remourir, encore et encore

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« Macbeth Underworld » de Pascal Dusapin, dirigé par Alain Altinoglu et mis en scène par Thomas Jolly –

Une création inaugure la nouvelle saison de La Monnaie à Bruxelles : une relecture-prolongement du « Macbeth » de Shakespeare due au compositeur français Pascal Dusapin. Si sa partition, son interprétation et sa mise en scène convainquent, le déferlement de son livret aux propos parfois trop denses et composites porte atteinte aux émotions.

Il nous arrive d’imaginer que des personnages de romans, de pièces de théâtre ou d’opéras ont leur existence propre et que, livre refermé ou rideau baissé, ils continuent à exister, donnant une suite à ce qu’ils nous ont fait partager ou le revivant dans l’espoir de mieux le comprendre et, qui sait, d’en modifier le cours. Pascal Dusapin et Frédéric Boyer, son librettiste, ont concrétisé pareille imagination : nous voilà confrontés au couple maudit qui, aux enfers ou en enfer, reprend, déformé par les souvenirs, les obsessions ou les remords, son parcours fatal. Celui qui à partir des prédictions royales des sorcières les a conduits à des meurtres successifs, aux ébranlements personnels, au suicide, au châtiment.

Podcast Crescendo Magazine avec Alain Altinoglu

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Crescendo-Magazine vous propose désormais des podcasts ! Pour ce premier rendez-vous, Alain Altinoglu, Directeur musical du Théâtre Royal de La Monnaie de Bruxelles répond aux questions de notre Rédacteur en chef Pierre-Jean Tribot. Les thèmes de ce podcast sont : Hector Berlioz, Ludwig van Beethoven et Jacques Offenbach. Un podcast qui commence avec le film la Grande vadrouille et qui se termine par la Belle Helène d'Offenbach.

Le Conte du Tsar Saltane à La Monnaie. Quel chef !

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Emerveillement des yeux ! On n’oubliera pas ce que l’on a vu ! Avec d’abord le surgissement, par la salle, de personnages en costumes étonnants (Elena Zaytseva), figures de jeux de cartes, matriochkas, illustrations des livres de contes de notre enfance. C’est inventif, c’est coloré, c’est somptueux. Avec soudain, sur et derrière une immense toile, l’apparition peu à peu dessinée et coloriée d’un paysage, d’une ville, d’animaux, de personnages, d’images animées. Le héros traverse la toile et trouve sa place dans le décor dessiné, une femme-cygne y apparaît. On est ailleurs.

Dans un conte traditionnel, dans l’histoire d’une pauvre jeune femme trahie par ses sœurs et leur tante, condamnée à l’exil avec son fils, récompensée par un cygne-princesse (séduisante Olga Kulchynska) sauvé des griffes d’un rapace, jusqu’à ce que justice soit faite.

Alain Altinoglu fait triompher Beethoven

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Avec ce concert, Alain Altinoglu terminait son intégrale des Symphonies de Beethoven au pupitre de son Orchestre symphonique de La Monnaie, une intégrale commencée en juin dernier avec la Symphonie n°9 et menée sur toute cette saison. La particularité de cette série de concerts était d’adjoindre des oeuvres concertantes aux symphonies du Grand sourd, Ces oeuvres concertantes, commandées pour l’occasion, mettaient en avant les solistes de l’Orchestre.

Ce concert avait également force de symbole car l’oeuvre était un concerto pour violoncelle de Bernard Foccroulle, ancien directeur de ce même Théâtre Royal de La Monnaie, avec Sébastien Walnier, chef de pupitre des violoncelles en soliste. Climbing-Dancing est dédié à la mémoire de la chorégraphe Trisha Brown. Dans le programme du concert, Bernard Foccroulle explique que la Symphonie n°7 de Beethoven lui a spontanément évoqué la figure de la célèbre chorégraphe, elle aussi liée à l’Histoire de La Monnaie par ses mises en scène de l’Orfeo de Monteverdi ou de Luci mie traditrici de Sciarrino. En deux mouvements, Climbing-Dancing est une oeuvre poétique et subtile. Le premier mouvement explore l’aigu du violoncelle presque dans un geste opératique d’une voix mélodieuse alors que le second mouvement est une séquence plus rapide et virtuose. On sent poindre l’écriture de l’organiste et l’immense culture musicale de Foccroulle avec quelques touches délicates en hommage à Messiaen. Dans tous les cas, Climbing-Dancing est une exceptionnelle partition et on lui souhaite de s’affirmer au répertoire.

Un bouleversement sensoriel : Tristan und Isolde de Richard Wagner

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A l’opéra, l’essentiel, évidemment, c’est ce que l’on entend : un livret mis en musique et chanté. Il arrive, malheureusement, qu’une incarnation scénique–scénographique, encombrante, prétentieuse, en contresens, vienne en compromettre la réception. Mais heureusement, des metteurs en scène offrent à l’œuvre qu’on leur a confiée le meilleur des environnements, celui qui garantira au chant les meilleures possibilités d’expression et d’épanouissement. C’est le cas à La Monnaie ces jours-ci pour le Tristan und Isolde conçu par Ralf Pleger et Alexander Polzin.

Et pourtant, l’on pourrait être perplexe quand le rideau se lève pour chacun des trois actes : au premier acte, un immense miroir se dresse au fond du plateau, de tout aussi immenses « stalactites » pendent au plafond. L’un après l’autre, ils se développent lentement mais sûrement et finissent par toucher le sol. Au second acte, une installation monumentale surgit, sorte d’immense (oui encore) souche d’arbre, mais dont on a vite l’impression qu’elle est plutôt comme un entrelacs de corps pétrifiés. Au troisième acte, c’est une immense (oui toujours) cloison percée de trous tantôt éclairés tantôt traversés par des tubes, qui s’avance inexorablement.

Agnès Clément, harpiste

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Lauréate du prestigieux concours ARD, la harpiste Agnès Clément occupe le poste de harpe solo auprès de l’Orchestre symphonique de La Monnaie. Avec ses collègues, et sous la direction d’Alain Altinoglu, elle vient de donner la création mondiale du Concertino de notre compatriote Wim Henderickx. Alors que sort un CD intitulé “Le Rossignol en Amour”, Agnès Clément répond aux questions de Crescendo Magazine.

Vous avez remporté le très prestigieux concours de l’ARD en Allemagne. Qu’est ce que cette victoire vous a apporté ?

Ce concours de l’ARD a été une expérience très enrichissante dans beaucoup de domaines. Lors de sa préparation, j’ai expérimenté une manière totalement nouvelle pour moi d’appréhender le répertoire. J’ai choisi une approche intériorisée, presque méditative, des oeuvres. Détachée de l’instrument et libérée de ses contraintes techniques, la musique prend forme mentalement, elle se construit peu à peu dans un travail de visualisation où l’imaginaire se joue des limites musicales.

C’était passionnant de découvrir ce champ des possibles, et le concours a été pour moi l’occasion d’aboutir dans ce travail. Mon jeu en a été métamorphosé, et les innombrables propositions de concerts qui ont découlé du concours m’ont permis d’aller toujours plus loin dans ces découvertes musicales. C’était donc un moment pivot, qui m’a énormément apporté !

Beethoven en perspective avec Alain Altinoglu

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Dans le cadre de sa saison symphonique au Palais des Beaux-Arts, l’Orchestre symphonique de La Monnaie et son directeur musical Alain Altinoglu proposent une intégrale des symphonies de Beethoven mise en relief avec des créations contemporaines qui permettent d’offrir de la visibilité aux solistes de l’orchestre.  Pour cette étape les Symphonies n°5 et n°6 étaient confrontées à la création du Concertino pour harpe (...after a soft Silence, an enormous Thunder…) du compositeur belge Wim Henderickx avec la harpiste Agnès Clément en soliste.

Benoît Mernier : explorations musicales

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Benoît MERNIER (°1964) : Dickinson Songs ; Concerto pour orgue
La Choraline, dir. Benoît Giaux ; Orchestre symphonique de la Monnaie, dir. Alain Altinoglu ; Olivier Latry, orgue ; Orchestre National de Belgique, dir. Hugh Wolff
2018 DDD 51’08 Livret français, néerlandais, anglais  CD Cyprès CYP 4649

Don Pasquale, réussite totale à La Monnaie

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Venant après une Flûte enchantée très problématique et une De la maison des morts peu festive par nature, cette nouvelle production de Don Pasquale de Donizetti faisait office de bulles de champagnes bien en accord avec l’ambiance des fêtes de fin d’année. Il faut dire que l’affiche pouvait rassurer les plus sceptiques : Laurent Pelly à la mise en scène et Alain Altinoglu en fosse ! Un tandem qui a fait ses preuves à La Monnaie !

A La Monnaie : un double programme Bartok

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Bartok

Ante Jerkunica, Nora Gubisch © C. De Keersmaecker

Le Château de Barbe-Bleue - Le Mandarin merveilleux
"La musique (de Bartok) laisse une grande place à l'imagination, elle offre une toile blanche que l'on peut colorier soi-même", écrit joliment le metteur en scène, Christophe Coppens, dans le programme de salle. Cette toile, il la colorie de manière très différente, ayant couplé un opéra court, sombre et tendu, avec un ballet-pantomime aux caractères exacerbés.