Festival musical à Cannes avec Lorenzo Gatto et Benjamin Levy

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L'Orchestre National de Cannes et son directeur musical Benjamin Levy invitent 28 étudiants-musiciens de l'Institut d'Enseignement Supérieur de la Musique d'Aix-en-Provence à les rejoindre pour le premier concert symphonique du mois de mars. C'est une merveilleuse initiative, qui donne la possibilité à ces jeunes musiciens enthousiastes de partager la scène avec les musiciens chevronnés de l'orchestre.

Le ton est directement donné, nous assistons à un concert dynamique où la connivence, l'émotion et la passion apportent joie et bonheur au public. La salle Claude Debussy du Palais des Festivals est presque comble et il y a cette fois-ci beaucoup de jeunes. Il faut dire que le programme sort des sentiers battus avec, en tête d’affiche, le Concerto pour violon de Philip Glass.  Si on se souvient de l’interprétation historique du violoniste Gidon Kremer (DGG), le public pouvait ici entendre le musicien belge  Lorenzo Gatto qui joue pour la première fois à Cannes. Il a enregistré il y a quelques années un album avec le concerto et les romances de Beethoven sous la direction de Benjamin Lévy ; ils se connaissent bien pour avoir également fait une tournée ensemble. L'interprétation de Gatto du Concerto de Philip Glass est poignante et envoûtante. Il est passionnant dès le premier mouvement, la passacaille du deuxième mouvement est somptueuse et le dernier mouvement est palpitant. Le public exalté vibre aux sons frissonnants et bouleversants du violon admirablement soutenus par l'orchestre.

Après Glass, on découvre une curiosité du compositeur géorgien Giya Kancheli. Eine Kleine Daneliada est une suite symphonique pour violon, piano et orchestre, drôle et truculente, tirée de la bande originale du film culte "Kin-dza-dza".  Elle raconte l'histoire de deux humains malencontreusement téléportés sur la planète Plyuk, où les habitants vivent sous la coupe d'un régime extrêmement violent. Dans cette comédie de science-fiction, les aliens n'emploient que deux mots "Kuu" pour tout signifier sauf les insultes et "Cha" pour les insultes. Ces deux termes sont scandés à plusieurs reprises par tous les musiciens. 

Gatto, Lévy et l'orchestre entraînent le public dans le tourbillon de cette mélodie à la fois mélancolique, brillante, inventive et pleine d'autodérision. Un clin d'œil plein de charme. Pour terminer dans cette atmosphère burlesque, Gatto revient avec son fabuleux Stradivarius et offre en bis les Variations du Carnaval de Venise de Paganini, enlevées avec une virtuosité spectaculaire, une aisance et une fluidité impressionnantes.

En deuxième partie Les Tableaux d'une Exposition de Moussorgski dans l'orchestration géniale de Maurice Ravel (Edition révisée Ravel Edition). La direction de  Benjamin Lévy est ensorcelante et il parvient à extraire l'essence de l'œuvre. Un déferlement d'images vient à l'esprit, c'est un fabuleux voyage pour l'imagination, nous sommes hors du temps.

La section des cuivres est particulièrement brillante. Le tempo plus lent permet d'apprécier toute la puissance et la richesse sonore, tout est parfaitement exécuté. Une performance fantastique, une expérience spirituelle, bien au-delà du simple divertissement.

Benjamin Lévy et son orchestre prolongent le plaisir en nous offrant en bis l'ouverture de Rousslan et Ludmilla de Glinka. L'interprétation est fascinante, intense et exubérante.

Cannes, Palais des Festivals, 5 mars 2023;

Carlo Screiber

Crédits photographiques : Benjamin Levy © Yannick Perrin

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