Florian Noack, Jeune musicien de l’année de grand talent

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Outre les Prix Caecilia distinguant annuellement les meilleurs enregistrements de l’année précédente, l’Union de la Presse Musicale Belge a la louable tradition d’attribuer chaque année le Prix du Jeune musicien de l’année, récompense qui prévoit un récital à donner par le lauréat à Bozar. Les raisons de la programmation étant parfois obscures, ce n’est que maintenant que Florian Noack, lauréat 2017, put enfin se faire entendre dans la toujours intéressante série Bozar Next Generation, qui permet aux jeunes musiciens d’offrir à un public connaisseur, dominical et matinal, un bel échantillon de leur talent dans un récital d’une heure sans entracte.

Se produisant dans la grande salle Henry Le Boeuf devant un public attentif et connaisseur (silence religieux et pas une toux, juste un perturbant et persistant sifflement d’origine inconnue en début de récital), Florian Noack ouvrit son récital par la peu jouée Sonate en fa dièse mineur, D. 571 de Schubert qu’il interpréta avec partition (et pourquoi pas?). Un peu crispé au début, il se détendit rapidement et fit preuve d’un jeu sérieux et sensible, d’une belle souplesse et d’un lyrisme aisé. On admira son calme souverain et son talent de conteur, en particulier dans un Finale alternativement chantant et dramatique.

Mais c’est dans la seconde partie de sa prestation, entièrement consacrée à Prokofiev, que Noack sut nous enchanter (et sans partition). D’abord, dans les deux premières des méconnues Quatre Etudes, Op. 21 où il sut se montrer triomphant et sonore dans la Première, puis lyrique dans la Deuxième où les difficiles traits chromatiques à la main gauche furent parfaitement exécutés. Son talent de conteur -déjà montré dans Schubert- fut à nouveau mis en évidence dans les trois premiers des quatre tendres et suggestifs Contes de la vieille grand-mère Op. 31, rendus avec beaucoup de fraîcheur et de poésie.

A l’instar de beaucoup d’illustres virtuoses du passé (ou d’un Mikhail Pletnev aujourd’hui), Florian Noack ne déteste pas offrir au public des transcriptions de répertoire symphonique de son cru. Sa version de la Symphonie Classique de Prokofiev est non seulement superbement réalisée, mais constitue un défi pour n’importe quel virtuose. Florian Noack régala ici des auditeurs aussi abasourdis qu’enchantés d’un véritable feu d’artifice de félicités pianistiques. Si l’aspect purement technique de la virtuosité va de soi chez ce musicien, que dire alors des dons de coloriste et de la finesse de l’interprète? L’élégance du Larghetto, la fine ironie de la Gavotte sont de ces moments qui vous remplissent de plaisir, alors que le Finale était rendu avec un chic fou où -comme partout ailleurs dans cette brillante recréation- rien ne sentait jamais l’effort.

Chaleureusement applaudi à l’issue de sa prestation, Florian Noack fut ensuite invité à revenir sur scène pour recevoir des mains de Ulrich Hauschild (responsable de la musique à Bozar) et du signataire de ces lignes (représentant l’UPMB) la médaille qui récompensait -avec un léger retard- un Jeune musicien de l’année au titre amplement mérité.

Visiblement ému, le lauréat offrit en guise deux brefs et splendides extraits de Schéhérazade de Rimsky-Korsakov dans une superbe transcription de sa plume où il put faire entendre un jeu aussi brillant que poétique allié à d’exceptionnels talents de coloriste. 

Bruxelles, Bozar, le 16 février 2020.

Crédits photographiques : Florian Noack

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