Grieg, solidement norvégien

par
Grieg Bavouzet

Edvard GRIEG
(1843 – 1907)
Peer Gynt, 16 extraits; Concerto pour piano op.16
Jean-Efflam Bavouzet, piano, Orchestre et Choeur Philharmonique de Bergen, dir.: Edward Gardner
2018 DDD 83’12 Livret anglais, allemand, français SACD CHANDOS CHSA 5190

La splendide photo des fjords norvégien est à l’image de ce très beau disque. Le concerto débute par un roulement de timbales, suivi d’un coup sec sforzando, souvent gommé par l’entrée du piano. On l’entend ici fort bien, ainsi que toutes les autres interventions des timbales. Cela préfigure une interprétation minutieuse et pour le moins intéressante. En prenant son temps, Bavouzet accentue le côté lyrique de cette musique, souvent détruit par une virtuosité mal placée, et aidé en cela par la direction de Gardner. Le fait que ce soit un orchestre norvégien (de Bergen, la ville de Grieg et l’orchestre qu’il a dirigé entre 1880 et 1882) garantit une certaine authenticité et en tous cas un caractère norvégien très marqué. Et au fil de l’écoute, on se dit que le romantisme inhérant aux thèmes est décidément souvent gommé, alors que cette version nous apparaît de plus en plus comme une véritable révélation. Le mouvement lent est cependant un rien décevant. Le troisième mouvement est pris avec vigueur, et le deuxième thème, introduit par la flûte, est sans surprise très lyrique, superbe passage avant la reprise très norvégienne du premier tempo à l’orchestre, animato. La cadence finale est bien enlevée, avant l’andante maestoso qui conclut cette très belle version. Mais ce concerto est tellement célèbre que l’écoute d’autres versions s’impose : celle de Havard Glimse et du Royal Scottish National Orchestra (Naxos), superficielle, ne résiste pas, loin s’en faut; celle de Lylia Zilberstein avec Neeme Järvi (DG) est déjà plus convaincante, alors que celle, récente et très féminine, d’Alicia Ott avec Esa-Pekka Salonen a ses mérites. Sviatoslav Richter est excellent, mais l’orchestre de Monaco qui l’accompagne est faible (EMI); Geza Anda (DG, dir. Karajan), un pianiste à qui l’on doit ce qui reste une des plus belles intégrales des concertos de Mozart, est à classer dans le peloton de tête, d’autant plus que l’orchestre de Berlin est évidemment irréprochable; Quant à la très renommée version de Stephen Kovacevich avec Colin Davis (Philips), il s’en dégage une poésie proche de Jean-Efflam Bavouzet, avec un orchestre de la BBC rutilant. Venons-en alors à Peer Gynt. Il ne s’agit ici ni de l’intégrale de la musique de scène (écoutez les 26 numéros chez Neeme Järvi, DG), ni des deux suites (8 numéros, Karajan 1, mieux que Karajan 2, DG), mais de larges extraits (16 numéros). On se souvient de l’enregistrement historique de Sir Thomas Beecham (10 numéros, EMI), et surtout de la formidable version de Paavo Järvi (20 numéros, Virgin, 2005). Edward Gardner et l’orchestre de Bergen nous proposent donc 16 extraits sur les 26. Un des grands mérites de cet enregistrement est la présence du hardanger, le violon folklorique norvégien à la sonorité caractéristique. Le jeu de l’orchestre est exemplaire et nous transporte directement sur place. Les choeurs y sont aussi excellents. Par contre, les solistes sont plus faibles que chez Järvi fils qui reste la version de référence, même si celle de Gardner est très bonne. Ce disque est donc à conseiller, surtout pour le concerto.
Dominique Lawalrée

Son 9 - Livret 10 - Répertoire 10 - Interprétation 9

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