John Adams en classique 

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John Adams (né en 1947) : My Father Knew Charles Ives ; Harmonielehre. Nashville Symphony, Giancarlo Guerrero. 2018 et 2019.Livret en anglais. 69’03 Naxos. 8559854. 

L’Orchestre Symphonique de Nashville dont la défense du répertoire américain est la base d’une politique discographique intelligente nous propose un album John Adams des plus bienvenus, proposant deux partitions majeures du compositeur étasunien. 

Commande du San Francisco Symphony Orchestra et de Michael Tilson-Thomas, le triptyque orchestral My Father Knew Charles Ives est caractéristique de l’art de John Adams : une facilité d’écriture déconcertante basée sur une maîtrise absolu de l’instrumentation. On connaît la place unique de Charles Ives dans la musique du XXe siècle, compositeur du dimanche, expérimentateur de génie et brillant entrepreneur dans le domaine des assurances. Dissonances, ruptures, chocs de blocs instrumentaux et expériences radicales sont au cœur de sa démarche créatrice unique et inspirante. John Adams se plaît à jouer de l’orchestre comme Ives, intégrant fanfares et virtuosités à son matériau instrumental ultra-brillant. C’est comme du Charles Ives, mais c’est du John Adams pur jus, bien loin d’un pastiche ou d’un exercice de style. Cette partition pour grand orchestre nécessite, outre un chef et un orchestre virtuoses, un sens du second degré pour rendre toute l'ambiguïté ironique et acide de cette partition. Le Nashville Symphony et son directeur musical Giancarlo Guerrero sont particulièrement engagés et font sonner cette partition avec le style qu’elle mérite. 

Partition fondatrice, son Harmonielehre, également commandée par le San Francisco Symphony Orchestra, est devenue un classique de son auteur avec déjà une bonne demi-douzaine d’enregistrements au compteur. Il faut dire que la virtuosité de l’écriture en fait une partition de parade autant pour le chef que pour les pupitres de l’orchestre. Dans un contexte superlatif dominé par les lectures de Simon Rattle (EMI), Kent Nagano (Decca) et Michael-Tilson Thomas (SFS), la direction narrative et contrastée de Giancarlo Guerrero et le brio des musiciens du Tennessee nous régalent comme il faut. 

Certes, il y a les albums de Simon Rattle, Michael Tilson-Thomas, Kent Nagano ou John Adams en personne, mais cette gravure est digne d’intérêt et complète utilement la discographie du compositeur. 

Son : 8 - Livret : 8 - Répertoire : 10 - Interprétation :9 

Pierre-Jean Tribot

 

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