John Dowland ou la passion du Luth

par

John Dowland : Lachrimae
Thomas Dunford : luth et direction – Ruby Hugues : soprano – Paul Agnew : ténor – Reinoud Van Mechelen : ténor – Alain Buet : basse
2013 – DDD – 64’48’’ – Notes en français et anglais - Outhere music – Alpha 187

Le jeune luthiste Thomas Dunford nous offre un CD riche de qualité et de maturité. Le luth, cet instrument à cordes pincées cousin de la guitare reste aujourd’hui peu utilisé pour les enregistrements. Pourtant le répertoire, depuis la renaissance est abondant. Citons Thomas Morley, William Byrd et John Dowland rien que pour l’Angleterre. Aussi, le luth trouve sa place dans de nombreuses peintures comme celles de Caravage, Vermeer, Watteau et même dans les tapisseries de Charles le téméraire. A la Renaissance, le luth est donc un instrument prisé qui, grâce à l’essor artistique au 16ème siècle en Angleterre voit émerger un genre nouveau : l’ayre (chanson accompagnée du luth). John Dowland qui est au centre de ce CD (1563-1626) se fait connaître rapidement dans toute l’Europe lorsqu’on lui refuse le poste de luthiste à la cour de son pays. Il deviendra néanmoins en 1598 et pour une période de huit ans le luthiste du roi Christian IV du Danemark. Il est alors luthiste pour le roi Jacques Ier puis Charles Ier en Angleterre en 1612. Caractérisé dans cette parution, Dowland offre un répertoire riche en pièces pour luth. Qu’il tienne le rôle de soliste ou d’accompagnateur, la connaissance de l’instrument par le compositeur est prodigieuse. Seul, il exploite toute l’étendue de l’instrument, du plus grave au plus aigu tandis qu’il possède de nombreuses qualités musicales et dynamiques. Ces qualités se perçoivent facilement dans le Praeludium ou dans Semper Dowland, Semper Dolens (autoportrait où se perçoit la mélancolie élisabéthaine) où l’instrument ne semble pas jouer seul tant la polyphonie est riche. Nous pourrons entendre également la modernité du langage de Dowland dans les airs Come again, Now o now où les musiciens de ce CD alternent tutti et passages solistes. Ce dernier point est au centre de ce voyage : découvrir les différentes versions d’une seule pièce pour ensuite créer un vrai moment de convivialité comme aux 16ème et 17ème siècles. Mais quels sont les sujets abordés par Dowland ? Personnifier une œuvre passe d’abord par le texte. Bien souvent c’est l’amour et la mélancolie qui triomphent, deux thèmes caractéristiques de l’époque. Période où le langage harmonique évolue rapidement, Thomas Dunford possède une maturité exceptionnelle et sa pratique de l’instrument est impressionnante pour son jeune âge. Accompagné de quatre chanteurs exceptionnels (une femme et trois hommes), le jeune luthiste a réussi le pari de faire paraitre un CD intéressant du début à la fin où l’on pourra découvrir un compositeur peu enregistré. La brochure qui accompagne cette parution, signée Gabrielle Oliveira Guyon est construite et permet d’avoir un aperçu très précis de la place de ces artistes à la renaissance. Le luth est un instrument à redécouvrir et la musique de Dowland permet un voyage enrichissant
Ayrton Desimpelaere

Son 10 – Livret 10 – Répertoire 10 – Interprétation 10

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