Jonas Kaufmann, entre puissance et émotion

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Ce dimanche 1er mai, Jonas Kaufmann se produisait à Bozar en compagnie du Staatskapelle de Weimar, sous la direction de Jochen Rieder, dans un concert Puccini. Pour des raisons de santé, il aura fallu attendre six mois pour retrouver le ténor sur la scène du Palais des Beaux-Arts de Bruxelles. Une attente bien récompensée par cette magnifique soirée. Dans une salle Henry Le Bœuf pleine à craquer, le chanteur allemand nous proposait une soirée entièrement dédiée à Puccini, accompagné par la Staatskapelle de Weimar placée sous la direction de Jochen Rieder. Le programme était conçu pour alterner les plus célèbres airs pour ténor du compositeur italien et certaines de ses plus belles pages orchestrales, tout en respectant leur chronologie. Malgré un Préludio sinfonico pour orchestre en la majeur très soigné et bien nuancé en début de concert, la Staatskapelle de Weimar a malheureusement présenté quelques faiblesses dans les préludes et intermezzi qui ont suivi : quelques problèmes de mise en place, notamment les attaques ou la justesse des vents. Cette petite déception fut amplement compensée par la prestation de haut vol de Kaufmann. Dès l’entame de son premier air « Ecco la casa » extrait de Le Villi, le ténor munichois fait l’étalage de toutes ses qualités techniques et musicales. En première partie, il offre aussi un air d’Edgar et deux autres de Manon Lescaut. Mais c’est assurément la seconde partie qui était la plus attendue par le public bruxellois, puisque celle-ci comportait notamment les deux plus célèbres airs du compositeur milanais : « E lucevan le stelle » extrait de Tosca et bien entendu « Nessun dorma ! » de Turandot. D’emblée, le ténor fut acclamé et il ne faudra pas moins de cinq rappels pour calmer (un peu) les ardeurs des heureux auditeurs de ce soir. Mais comment pouvait-il en être autrement au vu d’une telle démonstration vocale ? En effet, Kaufmann nous a montré toute sa puissance avec une aisance évidente mise au profit de qualités musicales remarquables. Ne se limitant pas à une démonstration de force, celui qui fut élu à de nombreuses reprises « chanteur de l’année » nous a proposé un Puccini tout en chaleur, dévoilant une palette de nuances très large. Celui qui s’est donné en récital ce soir, rayonnant tout au long de la soirée, nous a permis d’oublier les imperfections de l’orchestre. Le public survolté ne s’y est pas trompé, Jonas Kaufmann est bel et bien l’un des meilleurs ténors du moment.
Guillaume Knop, Reporter de l’IMEP
Bruxelles, Bozar, le 1er mai 2016

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