Karl Böhm : les enregistrements SWR

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Karl Böhm. The SWR Recordings. Oeuvres de Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) ; Ludwig van Beethoven (1770-1827) ; Johannes Brahms (1833-1897) ; Robert Schumann (1810-1854) ; Antonín Dvořák (1841-1904) ; Paul Hindemith (1895-1963) ; Anton Bruckner (1824-1896). Branka Musulin, piano ; Ruth-Margret Pütz, soprano ; Sibylla Plate, alto ; Walter Geisler, ténor ; Karl-Christian Kahn, baryton ; Südfunk-Chor ; Philharmonischer Chor Stuttgart ; Südfunk-Sinfonieorchester ; Sinfonieorchester des Süddeutschen Rundfunks, Radio-Sinfonieorchester Stuttgart, direction : Karl Böhm. 1951-1979. Livret en allemand et anglais. 6 CD SWR Classics. SWR19123CD. 

Depuis quelques années, des bandes de concerts de Karl Böhm captées à Berlin (Audite Records), Lucerne (Audite Records) ou ici à Stuttgart nous permettent de compléter notre connaissance de l’art de Karl Böhm. Loin de l’image d’un vénérable grand-père de la direction que nous laissent ses enregistrements des années 1970 pour DGG, on découvre un chef pugnace et lapidaire. Ce coffret est ainsi précieux car sauf erreur de notre part, seul un album Mozart (symphonie n°40) et Beethoven (Concerto pour piano n°4) avait été publié précédemment par SWR / Hänssler. On peut ainsi élargir notre panorama avec 5 autres disques. Du côté des répertoires proposés, il y a certes Mozart, Beethoven, Brahms et Bruckner, mais aussi Antonín Dvořák et Paul Hindemith. 

Les ⅔ des ces captations remontent aux années 1950. A cette période, la direction de Karl Bohm est conquérante et cursive à l’image d’une Symphonie du nouveau monde portée par une énergie et un souffle ravageurs. Il en va de même avec une Symphonie n°1 de Brahms épique, incarnée par un orchestre galvanisé par une direction si allante. Du côté de l’orchestre, le fini instrumental est parfois un peu débraillé avec certains pupitres débordants d'enthousiasme, mais on ne peut qu’admirer une telle tornade musicale et charismatique. La même envie de jouer traverse des Métamorphoses symphoniques de Paul Hindemith carénées et puissantes. La symphonie n°40 est l'un des grands moments de ce coffret par le style olympien d'une direction chantante qui ne force jamais le trait en laissant la musique respirer et avancer avec une fluidité innée.

Captée en 1959 avec des forces vocales et chorales locales, la Symphonie n°9 de Beethoven avance inexorablement, menée avec ce qu'il faut d’allant et d’équilibre jusqu’au triomphal et célèbre “Ode à la joie”. La pianiste Branka Musulin est la soliste du Concerto n°4 de Beethoven et du Concerto de  Schumann. Prématurément disparue à l’âge de 57 ans, la musicienne germano-croate avait été une élève d’Alfred Cortot et d’Yvonne Lefébure. On apprécie un jeu très engagé et contrasté, très adaptatif et à son affaire autant dans l’énergie du Concerto pour piano n°4 de Beethoven que dans l’écoute musicale de celui de Robert Schumann.

On saute quelques années pour se retrouver à la fin des années 1970 avec une symphonie n°7 de Bruckner parcourue d’une lumière rasante et irrisée et des symphonies n°2 et n°7 de Beethoven énergiques et cursives. Ce saut dans le temps est aussi bénéfique au fini instrumental et technique de l’orchestre, ici absolument excellent en termes d'homogénéité et de qualités des pupitres solistes. 

Certes, les prises de son radiophoniques sont satisfaisantes, mais cela reste des captations live avec parfois un rendu dur, ce qui handicape sérieusement le Concerto de Schumann. 

Ce coffret est une aubaine pour les collectionneurs et les amateurs d'art de la direction qui seront heureux de trouver des lectures animées et engagées.  

Son : 3-8 – Livret : 9 – Répertoire : 10 – Interprétation : 10

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