Keith Jarrett, grand virtuose classique
Samuel BARBER (1910-1981)
Concerto pour piano op. 38
Rundfunk Sinfonieorchester Saarbrücken, dir. : Dennis Russell DAVIES
Béla BARTÓK (1881-1945)
Concerto pour piano n° 3
New Japan Philharmonic Orchestra, dir. : Kazuyoshi Akiyama
Keith JARRETT (° 1945)
Tokyo Encore
ADD–2015–58’ 51’’–Texte de présentation en anglais–ECM 481 1580
Tout le monde sait que la plupart des meilleurs jazzmen sont souvent passés par des conservatoires de musique et que certains d’entre eux n’hésitent pas à jouer, quand ils en ont l’occasion, des œuvres dites classiques, que ce soit les grands tubes du répertoire ou des pièces peu connues de compositeurs contemporains. C’est le cas de Keith Jarrett. Dans les années 1980, il a d’ailleurs donné aux États-Unis, au Japon et en Allemagne divers concerts au cours desquels il a interprété des concertos célèbres, en particulier ceux de Béla Bartók, sans doute le compositeur qui correspond le mieux à son tempérament créateur et à son propre style. On peut le constater en écoutant son exécution du Concerto pour piano n° 3 de Béla Bartók avec le New Japan Philharmonic Orchestra, sous la houlette de Kazuyoshi Akiyama, à Tokyo en janvier 1985. Elle est d’une tenue exceptionnelle, Keith Jarrett étant en symbiose parfaite avec l’univers tourmenté et chaotique de l’auteur du Mandarin merveilleux, au point qu’on regrette qu’il ne l’ait pas davantage servi sur disques.
Et que dire de son interprétation du Concerto pour piano op. 38 de Samuel Barber ? Beaucoup de mélomanes l’ignorent, mais c’est là un des plus beaux concertos pour piano du XXe siècle, un bijou d’équilibre, à la fois très traditionnel dans son inspiration, presque romantique, et très audacieux dans sa rythmique, surtout dans l’allegro molto final, que Keith Jarrett enlève pour ainsi dire avec une fougue inouïe, accompagné par le Rundfunk Sinfonieorchester de Sarrebruck dirigé par le chef américain Dennis Russell Davies (lequel est lui-même pianiste). Comment se fait-il qu’une œuvre aussi superbe n’apparaisse jamais dans les nombreux concours internationaux dévolus au clavier ? Parce que la majorité des candidats n’osent sortir des sentiers battus ? Ou parce que leurs professeurs sont trop frileux ?
Un remarquable CD (quoique le texte de présentation ne soit qu’en anglais).
Jean-Baptiste Baronian