La jeunesse au pouvoir ? Robert Trevino dans l’intégrale des symphonies de Beethoven

Ludwig van Beethoven (1770-1827) : intégrale des symphonies. Kate Royal, soprano ; Christine Rice, mezzo-soprano ; Tuomas Katajala, ténor ;  Derek Welton, baryton. MSO Festival Chorus, Malmö Symphony Orchestra, Robert Trevino. 5h5mn2sec. Livret en anglais et allemand. 5 SACD Ondine. ODE 1348-5Q

Année Beethoven oblige, les intégrales du cycle symphonique du grand Ludwig se suivent mais ne se ressemblent pas !

Au rayon des nouveautés nous avons eu le meilleur avec Fischer (Naxos) et peut-être le pire (au regard des moyens déployés) avec Andris Nelsons (DG).

C’est dans ce contexte foisonnant que se présente le tout jeune chef américain Robert Trevino (36 ans) avec le Malmö Symphony Orchestra, phalange bien connue des amoureux du catalogue du label Naxos notamment.

2020 sera définitivement l’année de la jeunesse et du renouveau au sein de l’aréopage des chefs d’orchestre. Entre nominations surprises de jeunes pousses et réussites discographiques comme celle-ci, le pouvoir est à la génération Y !
Nous pouvons parler de succès d’ensemble car Trevino nous livre un Beethoven compréhensible, accessible, dans le sillage des grandes réussites contemporaines du genre (Zinman, Jarvi, Chailly...). C’est rythmé, fluide sans perdre malgré tout en densité. Le piège à éviter ! On peut sentir parfois le dilemme entre tradition et avant-gardisme. Ces moments de doutes font ressortir une tension, comme un mouvement de recul face à l’audace. Ce Beethoven parfois au « frein à main » (3e, 8e, certains mouvements rapides) nous laisse par moment sur notre faim.

Pour une première intégrale, c’est un beau succès d’estime. Espérons qu’avec plus d’expérience Robert Trevino remettra l’ouvrage sur le métier et osera s’affranchir de ses limites. Les grandes versions citées plus haut demeurent l’Olympe incontesté de la discographie.

Son : 9  Livret : 9  Répertoire : 10  Interprétation : 8

Bertrand Balmitgere