Saint-Saëns en édition 

par

Camille Saint-Saëns Edition. 1904-2018. Livret en français, angais et allemand. 1 coffret de 34 CD Warner Classics. 0190296 74048. 

Avec l’anniversaire Saint-Saëns, Warner ne pouvait pas faire abstraction d’une nouvelle boîte thématique tant ses catalogues regorgent de grandes interprétations des œuvres du compositeur. Bien évidemment, le coffret n’est pas une intégrale mais une très large sélection à laquelle sont adjointes plusieurs galettes de gravures historiques majeures. 

Bien évidemment, Warner recycle des enregistrements connus : Symphonies par Jean Martinon, Concertos et oeuvres pour piano et orchestre par Jean-Philippe Collard et André Previn, Concertos pour violon par Ulf Hoelscher, Samson et Dalila sous la direction de George Prêtre ou le Carnaval des Animaux sous la direction de Louis Frémeaux à Birmingham. Mais on est également très heureux de retrouver des raretés : les poèmes symphoniques (Danse Macabre, La Jeunesse d’Hercule, Phaeton, le Rouet d’Omphale) sous la direction racée et flamboyante du grand Pierre Dervaux au pupitre de l’Orchestre de Paris, album qui ne fut jamais régulièrement réédité en dehors de quelques extraits pour compilation et des marchés asiatiques. Ce généreux disque est complété par l’imposant poème symphonique La Foi enregistré à Toulouse par Michel Plasson et l’Orchestre National du Capitole. Du côté du concertant, Warner remet en lice toute une série de belles oeuvres pour solistes et orchestre comme l’Odelette pour flûte ou la Tarentelle pour flûte clarinette et orchestre et d’autres petites merveilles enregistrées par Jean-Jacques Kantorow et l’Ensemble Orchestral de Paris avec une belle brochette de solistes. Autre merveille, l'intégrale de l'œuvre pour orgue par Daniel Roth, là encore une réédition bienvenue tant cette somme enregistrée à l’orée des années 80 est une merveille ! Michel Plasson et Jean-Jacques Kantorow poursuivent notre bonheur symphonique avec des raretés comme la Suite pour orchestre, Une Nuit à Lisbonne ou Cyprès et Laurier pour orgue et orchestre. 

Les albums de musique de chambre sont plus bigarrés, mais on relève les Quatuors n°1 et n°2 par le Quatuor Viotti, reprise du catalogue Erato ; le Quintette avec piano par le Groupe Instrumental de Paris et de Quatuor avec piano par le Quatuor Kandinsky (une rareté du label Fnac Music où il était couplé avec le Quatuor avec piano d’Alexis de Castillon. Outre ces gravures plus ou moins anciennes et souvent très oubliée, le coffret ne pouvait pas faire abstraction de la dream team actuelle de Warner : Renaud Capuçon, Gautier Capuçon, Bertrand Chamayou et Edgar Moreau que l’on retrouve tantôt en dialogues avec l’orchestre, tantôt en chambristes et parfois en solo.

Les œuvres pour piano font appel à une belle sélection de piano : François René Duchâble, Aldo Ciccolini, Jean-François Heisser, Georges Pludermacher… tout comme les mélodies sont présentées par une large palette de solistes. Un seul opéra est présenté dans son intégralité : le Samson et Dalila de légende avec John Vickers et Rita Gorr sous la baguette de Georges Prêtre au pupitre des forces de l'Opéra de Paris. 

Du côté anecdotique mais sympathique pointent des galettes de transcription et d'arrangements, c’est un peu fourre-tout mais attachant. On y trouve des arrangements de Saint-Saëns lui-même mais aussi ceux d’autres compositeurs, sans oublier du très pittoresque comme le Concerto pour violoncelle n°1 dans une version pour bugle et orchestre à créditer à l’incroyable Sergei Nakariakov. Comme quoi, la facilité mélodique du compositeur le rend intéressant quel que soit le vecteur instrumental !   

Du côté des gravures historiques, ce coffret est une grande réussite : on retrouve évidemment le compositeur au piano pour une série d’enregistrements qui nous plongent dans l’archéologie de la technique ! Ainsi,  les premiers enregistrements sur rouleau datent de 1904. Mais le must de cette série réside dans l’intégrale des Concertos pour piano par la formidable Jeanne-Marie Darré avec l’Orchestre National de la Radiodiffusion française sous la baguette de Louis Fourestier, l’une des plus grandes réussites dans ces cinq concertos ! Les grands chefs et solistes de la place parisienne des années 1930 à 1950 sont également présents pour ces sessions historiques : Charles Munch, Piero Coppola, André Cluytens, Philippe Gaubert, Henry Merckel , Eugène Bigot, Alfred Cortot, André Navarra ou encore Jean Fournet. On passe même la Manche avec le légendaire Jascha Heifetz dans l’Introduction et Rondo Capriccioso et la Havanaise, bien secondé par Sir John Barbirolli au pupitre de phalanges londoniennes.  

 On aime les pochettes qui représentent des œuvres de peintres contemporains du compositeur : du romantisme d’un Delacroix aux lumières d’un Monet. Cela montre picturalement la longévité d’un artiste qui aura traversé les modernités même s'il s’en éloignait de plus en plus. La notice de présentation de Marie-Gabrielle Soret est certes synthétique mais juste et pertinente. 

La boite est bien belle et le contenu est du plus grand intérêt artistique ! La rareté de quelques gravures concertantes, symphoniques et chambristes justifient l’achat de ce beau coffret.

Son : entre 6  et 10 – Livret : 9 – Répertoire : 10 – Interprétation : 10 

Pierre-Jean TRibot  

 

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