La Maison des Schumann

par

Clara Schumann-Wieck (1819 - 1896)
Trio à clavier en sol mineur op. 17
Robert Schumann (1810 - 1856)
Phantasiestücke op. 88 - Trio à clavier n°2 en Fa majeur op. 80
Voces Intimae
2015 - DDD - 74'15'' - Texte de présentation en anglais - Challenge Classics CC 72675

Le Trio à clavier, "Voces Intimae" est composé de trois artistes italiens : le pianiste Riccardo Cacchetti, le violoniste Luigi De Filippi qui joue un instrument Mariani de 1648 et le violoncelliste Sandro Meo qui joue une copie d'un Bergonzi daté de 1700. La particularité de ce trio est de recréer l'atmosphère qui présida au jeu des oeuvres qu'ils gravent en CD. C'est ainsi qu'ils sont enregistré les Trio op. 63 et 110 de Schumann ainsi que l'intégrale des Trios de Hummel sur instruments d'époque. Cette fois ils jouent les Schumann sur piano moderne, comme ils l'ont fait pour les Trios de Mendelssohn et de Schubert. Au coeur de la "Schumann Haus" virtuelle, ils nous font tout d'abord entendre un Trio de Clara Wieck, l'épouse de Robert, une des plus grandes pianistes du siècle et dont on sait combien la gloire faisait souvent de l'ombre à son illustre époux. Mais Clara était aussi compositrice à ses heures. Le Trio op. 17 date de 1846. Clara avait 27 ans et venait d'avoir son quatrième enfant, ce qui la détourna un temps des concerts, période qu'elle mit à profit pour parfaire l'étude du contrepoint en compagnie de son mari et en référence à l'oeuvre de J.S. Bach. Une étude qui se fait le plus entendre dans le 4e mouvement du Trio et ses périodes fuguées. Dans le 1er mouvement, il y a du Mendelssohn, celui des Romances sans Paroles auquel succèdent un Scherzo et un tendre Andante. Une des oeuvres les plus accomplies parmi la trentaine que comporte son catalogue, auquel il faut ajouter des cadences pour les Concerto de Beethoven (3e et 4e) et de Mozart (K. 466). De Robert, nous entendrons les Phantasiestücke. Au départ un Trio qui trouva son nom de substitution lors de son impression, sans doute en référence aux Fantasiestücke à la manière de Callot de E.T.A. Hoffmann qui inspirait le compositeur. En quatre mouvements de caractères contrastés, l'opus 88 est daté de 1842, une année faste pour la musique de chambre (les trois Quatuors à cordes, le Quintette à clavier et le Quatuor à clavier) : une Romance au sentiment profond, une Humoresque, genre propre au compositeur, un Duett pour violon et violoncelle où le piano joue une sorte de tapis sonore et un Finale, une marche héroïque qui n'est pas sans évoquer les dernières pages du Carnaval. Quant au Trio en Fa majeur op. 80, il date de 1847 et le choix de cette pièce n'est pas anodin dans la conception du programme "Schumann Haus" puisque 1847 est l'année qui suit l'étude de Bach en compagnie de Clara mais aussi l'année de la mort du petit Emil à l'âge de 16 mois. Les deux mouvements extrêmes sont très contrepointés, le second mouvement reprend pour thème un Lied préféré de Clara, "Dein Bildniss Wunderselig" extrait de ses Liederkreis op. 39 tandis que le 3e est un chef-d'oeuvre de musique de chambre avec son dialogue entre le piano et le violon, contrepointé par le violoncelle. Voici donc un programme très sensiblement et intelligemment construit pour nous plonger dans l'intimité de la musique de chambre au sein du couple Schumann et leur aura romantique. Cette intimité est confortée par la rondeur et la chaleur des sonorités des interprètes. C'est un choix: les Schumann chez eux et dans leur siècle. D'autres préfèreront un jeu plus apte à traduire les aspérités de l'écriture.
Bernadette Beyne

Son 9 - Livret 7 - Répertoire 9 - Interprétation 8

 

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