Parsifal par le duo Fischer/Audi : une merveille

par
Parsifal

Richard WAGNER
(1813 - 1883)
Parsifal
Royal Concertgebouw Orchestra, Ivan Fischer, direction – Pierre Audi, mise en scène – Chœur du Dutch National Opera, Martin Wright, direction – Anish Kapoor, décors – Christof Hetzer, costumes – Jean Kalman, éclairages
2017-DVD et Blu Ray-4h08’18-textes de présentation en anglais et allemand-Challenge Classics-CCC72619Un mot : époustouflant. Époustouflant car rien dans cette production de 2012 n’est à critiquer. Tout participe à la construction d’un chef-d’œuvre, tant du côté musical que du côté scénique. Il faut dire que pour cette production, le Dutch National Opera n’a pas lésiné sur les forces artistiques et parvient au contraire à réunir tous les ingrédients pour offrir un Parsifal de très haut vol. Ivan Fischer est à la baguette. Une direction claire, expressive, mettant en exergue toutes les couleurs et nombreuses dynamiques de la partition oh combien complexe de Wagner. Une approche finalement posée, calme, fluide dans laquelle tout devient possible, du plus petit pianissimo aux grands tutti toujours impressionnants. Avec une phalange comme le Royal Concertgebouw Orchestra, il y a de quoi faire et Fischer ne s’en prive pas. Les cordes sont soyeuses tel un tapis qui ne se déchire à aucun moment, les vents à l’écoute tant dans les solos que dans les tutti, un orchestre maîtrisé et soigné donc qui ne peut que présager de belles choses dans cet ouvrage en trois actes. Le deuxième ingrédient, c’est bien sûr les chanteurs. Un cast exceptionnel où chaque voix trouve une ligne idéale entre l’interprétation musicale et le jeu d’acteur. Amfortas est campé par le magnifique Alejandro Marco-Buhrmester dont la voix imposante se juxtapose à merveille au moment présent et notamment sa blessure causée par la lance. L’équilibre est parfait entre lui et Gurnemanz. Falk Struckmann est déchirant ici : impressionnant de maîtrise vocale, graves somptueux, posture poignante… A chacun des moments, on est littéralement accroché aux lèvres de ces chanteurs et emmené dans ce récit mystique si imagé. Parsifal est joué par un Christopher Ventris touchant, musicalement excellent, un rôle qui lui colle à la peau. Titurel et Klingsor sont également dosés et justes d’expressivité par un Mikhail Petrenko saisissant. Il revient à Petra Lang d’assurer le rôle difficile de Kundry qu’elle absorbe d’un seul souffle pour en servir une ligne particulièrement dramatique, colorée et intense. Les chœurs ont fort à faire ici. On soulignera d’abord l’homogénéité du groupe, tant chez les dames que chez les hommes, les couleurs et le timbre d’ensemble, la direction des phrases toujours aboutie, le texte parfaitement maîtrisé et une belle mise en place générale entre la scène et le plateau. A ce niveau, il revient maintenant de saluer la mise de scène de Pierre Audi qui a su parfaitement faire la mise entre la partition et la symbolique de chaque événement. D’une part, il bénéficie de superbes décors (Anush Kapoor) à la fois très épurés et pratiques, des rochers qui se transforment en palais, des sphères avec miroir, des espaces larges, unis…, agrémentés par les superbes éclairages de Jean Kalman qui permettent ici de passer de couleurs « crues » à d’autres plus douces et parfois littéralement oniriques. Le tout offre un plateau de rêve au service de la musique. Enfin, les costumes se prêtent au même jeu, épuré, entre le classique et le moderne avec des couleurs en parfaite adéquation. La captation réalisée ici est de qualité exemplaire. On peut profiter de la qualité Blu Ray même si un DVD classique accompagne le coffret. La qualité de l’image est irréprochable, les plans bien choisis, les transitions justes et précises. Un spectacle époustouflant.
Ayrton Desimpelaere

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