La musique de chambre de Mendelssohn, une découverte !

par

0126_JOKERFelix  Mendelssohn  (1809-1847)  Sonates n°1 en si bémol majeur op.45 – Sonate n°2 en ré majeur op.58 – Variations concertantes en ré majeur op.17 – Albumblatt – Romance sans paroles en ré majeur op.109
Gary Hoffman, violoncelle – David Selig, piano
2012-DDD-62’13-Texte de présentation en anglais, espagnol, français et chinois-La dolce volta-LDV05

En dehors des symphonies, des pièces pour piano et des concerti, Mendelssohn reste un compositeur peu illustre et souvent oublié en matière de musique de chambre (hormis son Octuor op. 20). Au disque, à côté des sonates de Franck, Beethoven, Mozart, Brahms et autres, Mendelssohn ne parvient pas à émerger. Pour cette parution, Gary Hoffman et David Selig rendent au duo violoncelle/piano de Mendelssohn leurs lettres de noblesse. La Sonate n°1 de 1838 est composée neuf années après les Variations concertantes op.17. Le style est encore classique teinté d’un lyrisme poignant. Son frère Paul, à qui Félix dédie l’œuvre, ne l’apprécie que très peu. Pourtant violoncelliste amateur, aucune note ne trouve grâce à ses yeux. Quatre ans d’attente pour la Sonate n°2, plus extrovertie, moins conventionnelle. Quatre mouvements de grande forme dans une structure toujours aussi aboutie. Ecrite pour le Comte et mécène russe Mathieu Wiekhorski (pour info, Hoffman joue d’un Amati de 1662 ayant appartenu au mécène), la palette de couleurs et dynamiques dans un ton passionné est ravissante. Mélodie développée avec fluidité tandis que chaque instrument domine et/ou est accompagnateur. Le Scherzo est fin, délicat, dans une rythmique souple. Chaque incise est gracieuse, chantante et certains enchaînements harmoniques démontrent le génie du compositeur par son sens de la phrase musicale comme un souffle. Les Variations concertantes usent davantage d’une écriture classique à la Mozart. Sur un thème relativement simple, huit variations contrastantes se succèdent. A peine âgé de 20 ans, la jeunesse et la naïveté se décèlent encore dans certaines cellules. Œuvre chantante et simple jouée avec légèreté par les deux artistes. Le matériau respire et s’enchaîne avec aisance. Vibrato soigné sans aucun romantisme écervelé (hormis le dernière variation, plus passionnée). Comme une courte transition, l’Albumblatt ponctue le disque d’une longue phrase souple et harmonieuse. Si Mendelssohn écrit de nombreuses Romances sans paroles pour piano, une seule subsiste aujourd’hui pour violoncelle et piano. Discours linéaire et pur ponctué de dynamisme à certains endroits.
Le jeu de Hoffman est resplendissant, très proche de la pensée de Mendelssohn. Accompagné par un piano particulièrement attentif, le violoncelliste peut se permettre une construction mélodique très intime. Le piano de Selig est précis, fin et ne dépasse à aucun moment son collègue, en dehors des parties solistes, rudement bien menées.
La musique de chambre de Mendelssohn est enfin mise à l’honneur par La Dolce volta, label de haute qualité (Achuccaro, Collard, Ciccoloni, Pressler, Claire Chevalier…).
Ayrton Desimpelaere

Son 10 – Livret 10 – Répertoire 10 – Interprétation 10

 

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